🇺🇸 Les théories du complot qui circulent après la tentative d’assassinat contre Trump
De l’extrême gauche à l’extrême droite, de nombreuses théories du complot, souvent complètement farfelues, circulent massivement sur les réseaux sociaux après la tentative d’assassinat contre Donald Trump.
À gauche de l’échiquier politique, la théorie selon laquelle la tentative d’assassinat contre Donald Trump aurait été orchestrée par l’équipe de l’ancien président est rapidement apparue sur les réseaux sociaux. Notamment parce que l’auteur du tir, Thomas Matthew Crooks, était enregistré en tant qu’électeur républicain (mais il a fait une donation en 2021 à un groupe politique proche des démocrates, NDLR). Ainsi, le complot prévoyait que l’ancien président s’en sortirait légèrement blessé avant de remporter l’élection en héros.
À droite, notamment parmi les partisans de Donald Trump, c’est la théorie complotiste d’une tentative d’assassinat qui aurait été ordonnée par Joe Biden et la Maison-Blanche qui est (massivement) relayée. Selon cette théorie, éliminer Trump serait le seul moyen pour Joe Biden, malmené dans les sondages, de se maintenir au pouvoir.
Des élus alimentent les théories complotistes
Certains représentants républicains n’ont pas hésité à exprimer publiquement leurs soupçons les plus fous, pour ne pas dire farfelus. Mike Collins, élu au Congrès américain pour l’État de Géorgie a affirmé sur X que “Joe Biden avait donné les ordres.” Un message lu par 16 millions d’internautes. Mike Collins a ensuite appelé ses abonnés à accuser le président Biden d’avoir “incité à une tentative d’assassinat”.
Tim Scott, le sénateur républicain de Caroline du Sud, qui a été désigné par Donald Trump comme son possible colistier, a estimé que l’attaque avait été “encouragée par la gauche et les médias.” Un sentiment qui fait écho à de nombreuses réactions indignées de la part de la droite. La députée républicaine Marjorie Taylor Greene a pour sa part écrit sur X que les démocrates “voulaient que Trump parte depuis des années et qu’ils étaient prêts à tout pour que cela se produise.”
Deep State
Bien entendu, le fameux “État profond” (Deep State en anglais), qui désigne un État caché dans l’État, qui détiendrait le vrai pouvoir de décision, a refait surface. Le compte de droite “Il Donaldo Trumpo” a publié une photo de John F. Kennedy datant du jour de son assassinat avec la légende “PAS AUJOURD’HUI, ÉTAT PROFOND !!!”
“Comme les poursuites judiciaires (contre Trump, NDLR) ne vont pas dans leur sens, ils ont décidé d’essayer une autre voie. Les gars, souvenez-vous, c’est ce dont la gauche est capable”, a pour sa part écrit un Tiktokeur, @theoldermillenial.1″, à ses 1,2 million d’abonnés.
Pédophiles
Le compte complotiste Shadow of Ezra a affirmé que “l’État profond a tenté d’assassiner Donald Trump en direct à la télévision” dans un message qui a été vu plus d’un million de fois. Un autre message non prouvé, décrivant la fusillade comme “le prix à payer pour faire tomber les pédophiles sataniques de l’élite”, a été quant à lui vu plus de 2,5 millions de fois.
Les antécédents de ces comptes complotistes ne sont pas clairs. Notons que des dizaines de milliers de faux comptes sont fréquemment utilisés pour semer délibérément la discorde. La Russie, entre autres, mène de telles campagnes de désinformation via ses fameuses usines à trolls pour influencer l’opinion publique aux États-Unis.
Un journaliste sportif italien accusé à tort
Certains récits ont affirmé à tort que le tireur était “l’extrémiste anti-fa Mark Violets” et qu’il avait déjà révélé son plan dans une vidéo sur YouTube. Or, la vidéo montrait une autre personne qui n’avait rien à voir avec la fusillade. Dans la foulée, le journaliste sportif italien Marco Violi a annoncé dimanche qu’il intenterait une action en justice après avoir été identifié à tort sur les réseaux sociaux comme étant le tireur présumé de la tentative d’assassinat contre Donald Trump. “J’ai été réveillé au cœur de la nuit par mon téléphone qui semblait être devenu fou. Les notifications de Twitter et d’Instagram ne s’arrêtaient plus, elles arrivaient par centaines. Mes profils étaient envahis de commentaires d’Américains qui me menaçaient. Je ne comprenais pas ce qui était en train de se passer”, a raconté le journaliste au quotidien La Repubblica.
Un autre internaute, connu sous le nom de “jewgazing”, a également été identifié à tort comme le tireur présumé, Thomas Matthew Crooks. “Je m’appelle Thomas Matthew Crooks, je déteste les républicains, je déteste Trump, et devinez quoi, vous vous êtes trompés”, a-t-il déclaré lors d’un live pour préciser qu’il ne s’agissait pas de lui.
Réalités alternatives
“Les incidents de violence politique donnent lieu à des théories du complot et à des récits erronés lorsque les gens tentent de déformer les faits pour servir leurs divers intérêts”, a déclaré au Washington Post Megan Squire, directrice adjointe de l’analyse des données au sein du projet de renseignement du Southern Poverty Law Center. “Cet incident n’est pas différent, les gens concoctent des complots sous fausse bannière et accusent même des personnes innocentes d’avoir commis ce crime ou de l’avoir inspiré”, a-t-elle ajouté.
Selon les experts, cette dynamique est exacerbée par la perception politique actuelle, dans laquelle les Américains ont de moins en moins de bases factuelles communes et vivent dans des réalités alternatives – et séparées.
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