🇺🇸 La lanceuse d’alerte Frances Haugen demande au Congrès de mieux réguler Facebook

🇺🇸 La lanceuse d’alerte Frances Haugen demande au Congrès de mieux réguler Facebook

La lanceuse d’alerte Frances Haugen a livré un témoignage accablant mardi 5 octobre devant le Sénat américain. Cette ingénieure de 37 ans, ancienne cheffe de produit, a démissionné de Facebook en mai dernier, choquée par ce qu’elle y a découvert.  

Elle a été au cœur de la machine Facebook pendant deux ans et dit y avoir découvert une réalité très dérangeante. Employée du géant californien jusqu’en mai dernier, Frances Haugan a démissionné pour devenir lanceuse d’alerte. Cette ancienne chef de produit a fait fuiter des milliers d’études internes prouvant que l’entreprise de Menlo Park a privilégié son profit à tout prix, au détriment du public, notamment des plus jeunes. 

Ce mardi, Frances Haugen était auditionnée devant le Sénat américain et a demandé aux élus de légiférer pour forcer le réseau social à changer. Durant plus de deux heures, elle a étalé avec précision et de manière intelligible quelques-unes des pratiques de l’entreprise de Mark Zuckerberg.

« Je crois que Facebook est nuisible »

« Je suis ici aujourd’hui parce que je crois que Facebook est nuisible aux enfants, que Facebook sème la division et affaiblit nos démocraties, dit-elle. Les dirigeants de la compagnie savent pourtant ce qu’il faudrait faire pour rendre Facebook et Instagram plus sûrs, mais ils ne feront pas ces changements parce qu’ils mettent leurs profits astronomiques avant le public. » 

Frances Haugen indique ainsi qu’au lendemain de l’élection présidentielle, Facebook a supprimé les dispositifs destinés à limiter les discours de haine pendant la campagne. Pour elle, cette décision a joué un rôle crucial dans l’attaque du Capitole le 6 janvier, rapporte notre correspondant à Miami, David Thomson. Pire, les algorithmes qui favorisent la division pour générer plus d’attention ont même tué des gens, poursuit-elle, citant l’exemple de la Birmanie et de l’Éthiopie.

Enfin, selon Frances Haugen, les chiffres tenus secrets de Facebook, montrent que près de 13% des adolescents assurent qu’Instagram augmente le risque de pensées suicidaires et 17% les troubles alimentaires. Pourtant le géant californien continue de diffuser des contenus favorisant l’anorexie.

Pour Frances Haugen, la nocivité de Facebook est la même que celle de l’industrie du tabac. Comme la cigarette, Facebook est dangereux pour le public, ses dirigeants le savent, mais font tout pour le cacher. Son audition devant le Congrès a eu lieu au lendemain d’une panne géante des services de Facebook, inaccessibles pendant plusieurs heures. « Je ne connais pas l’origine de cette panne, mais ce que je sais, c’est que pendant plus de 5 heures Facebook n’a pas été utilisé pour aggraver des divisions, pour déstabiliser des démocraties ou pour rendre des jeunes filles et des jeunes garçons mal dans leur peau », a-t-elle encore déclaré.

« Le Congrès va agir »

Dénonçant des décisions « désastreuses », Frances Haugen a appelé le Congrès à « réagir ».  À en croire les réactions des sénateurs, la lanceuse d’alerte a été entendue. « L’époque durant laquelle vous avez envahi notre vie privée, promu des contenus toxiques et utilisé des enfants et des adolescents, est révolue. Le Congrès va agir », a ainsi lancé le sénateur démocrate Ed Markey.

« Vous avez été un catalyseur pour le changement comme je n’en ai encore jamais vu et je travaille sur ces sujets depuis 10 ou 15 ans », a commenté le sénateur démocrate Richard Blumenthal.

Mark Zuckerberg défend Facebook

Tout au long de la séance a plané sur le Congrès l’ombre de Mark Zuckerberg, co-fondateur et PDG de Facebook. Il n’était pas intervenu depuis ces révélations.

Mais dans une longue publication sur sa page Facebook, il a défendu son entreprise mardi. « Au cœur de ces accusations réside l’idée que nous privilégions les profits plutôt que la sécurité et le bien-être. Ce n’est tout simplement pas vrai », a affirmé Mark Zuckerberg. Plusieurs sénateurs l’ont publiquement invité à venir répondre à leurs questions.

RFI