🇺🇸 Guerre commerciale: la présidente mexicaine répond à Donald Trump dans une lettre au vitriol
La présidente mexicaine, Claudia Sheinbaum, a réagi à la menace du président américain élu Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les produits mexicains et canadiens au premier jour de son retour à la Maison-Blanche. “70 % des armes illégales que nous saisissons proviennent de votre pays”, lui a-t-elle répondu dans une lettre.
“Le 20 janvier, pour l’un de mes nombreux premiers décrets, je signerai tous les documents nécessaires pour imposer au Mexique et au Canada des droits de douane de 25% sur TOUS les produits entrant aux États-Unis”, a écrit le président élu ce lundi dans une publication sur son réseau Truth Social. “Cette taxe restera en vigueur jusqu’à ce que les drogues, en particulier le fentanyl, et tous les immigrants illégaux arrêtent cette invasion de notre pays!”, a-t-il ajouté.
Piquée au vif, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a répondu à son (futur) homologue américain dans une lettre dont le contenu est notamment rapporté par le journal mexicain El Universal.
“Si les États-Unis consacraient seulement un petit pourcentage de ce qu’ils dépensent pour la guerre à la promotion de la paix et du développement, ils s’attaqueraient aux causes profondes de la migration”Claudia Sheinbaum, Présidente du Mexique
Ainsi, Donald Trump “ignore peut-être” que le Mexique prend déjà de nombreuses mesures contre les caravanes de réfugiés “venant du monde entier et traversant notre pays jusqu’à la frontière américaine”, écrit Claudia Sheinbaum en citant des chiffres provenant des autorités américaines qui montrent que le nombre de passages illégaux a fortement diminué l’année dernière. Claudia Sheinbaum souligne également que la moitié des personnes qui arrivent effectivement à la frontière ont un accord légal avec les services de contrôle des frontières et les douanes américaines.
La présidente mexicaine appelle ensuite Donald Trump à s’attaquer lui-même aux causes de cette immigration. “Si les États-Unis consacraient seulement un petit pourcentage de ce qu’ils dépensent pour la guerre à la promotion de la paix et du développement, ils s’attaqueraient aux causes profondes de la migration », estime Claudia Sheinbaum.
Crise des opioïdes
La native de Mexico s’offusque également de l’accusation lancée par Trump selon laquelle son pays serait responsable de la crise des opioïdes aux États-Unis. “Nous avons proposé à plusieurs reprises notre aide dans la lutte contre l’épidémie de fentanyl dans votre pays”, rappelle Claudia Sheinbaum dans sa lettre. Ainsi, au Mexique, des “tonnes de drogue” et 10.340 armes à feu ont été saisies cette année, et 15.640 personnes ont été arrêtées pour des violences liées au trafic de drogue, détaille-t-elle. Une législation plus stricte sur les drogues de synthèse est parallèlement en cours d’élaboration au Mexique.
“Vous devez également savoir qu’il existe un trafic illégal d’armes à feu des États-Unis vers mon pays”, ajoute Claudia Sheinbaum. “Septante pour cent des armes illégales saisies au Mexique proviennent de votre pays. Ce n’est pas nous qui produisons les armes et nous ne sommes pas les consommateurs des drogues de synthèse. Mais les morts causées par la délinquance pour répondre à la demande de drogue dans votre pays, malheureusement, ont bien lieu chez nous”, fait-elle froidement remarquer.
Riposte mexicaine
Selon Claudia Sheinbaum, imposer des tarifs douaniers ne résoudra pas ces problèmes. Elle mise plutôt sur la “coopération et la compréhension mutuelle.” Mais si Donald Trump venait à mettre sa menace à exécution, le Mexique n’hésitera pas à riposter en imposant des droits de douane similaires sur les produits américains, annonce-t-elle.
Claudia Sheinbaum avertit son interlocuteur qu’une guerre commerciale serait dommageable pour les entreprises de leurs deux pays, soulignant que l’industrie automobile américaine dépend fortement de la production et des pièces détachées en provenance du Mexique et du Canada. “Une telle mesure serait inacceptable et conduirait à l’inflation et à des pertes d’emplois, tant aux États-Unis qu’au Mexique”, prévient-elle.
Claudia Sheinbaum conclut sa lettre en appelant au maintien de la coopération économique entre les États-Unis et le Mexique afin de rester compétitif face aux “autres blocs économiques” (lisez: la Chine).
Climatologue de formation (elle est notamment l’une des autrices principales du cinquième rapport du GIEC), Claudia Sheinbaum, 62 ans, est devenue la première femme élue présidente du Mexique lors des élections de juin dernier et a pris ses fonctions en octobre. Elle devrait poursuivre la politique de gauche menée par son prédécesseur Andrés Manuel López Obrador.
7sur7