🇺🇸 États-Unis : un responsable du renseignement aurait tenté de modifier un rapport pour protéger Trump

🇺🇸 États-Unis : un responsable du renseignement aurait tenté de modifier un rapport pour protéger Trump

Un haut responsable des services de renseignement américains est accusé d’avoir voulu réécrire un rapport officiel pour éviter qu’il ne nuise politiquement au président Donald Trump, en pleine polémique sur l’expulsion de migrants vénézuéliens.

Un courriel accablant pour le chef de cabinet du renseignement

Selon une enquête du New York Times, Joe Kent, chef de cabinet de Tulsi Gabbard — directrice nationale du renseignement (DNI) —, aurait demandé à plusieurs responsables des services de renseignement de revoir le contenu d’une évaluation sur les liens entre le gang Tren de Aragua (TDA) et le régime vénézuélien. Dans un courriel interne, Joe Kent écrit explicitement : « Nous devons procéder à une réécriture » afin que le rapport « ne soit pas utilisé contre la DNI ou le POTUS [President of the United States] ».

Cette tentative présumée d’ingérence dans un processus d’évaluation sensible soulève des inquiétudes quant à l’indépendance des services de renseignement face aux pressions politiques, à l’approche de l’élection présidentielle de novembre 2025.

Un rapport qui contredit les affirmations de l’administration Trump

La note visée par cette tentative de réécriture avait été publiée début avril à la demande de la Fondation pour la Liberté de la Presse. Rédigée par le Bureau de la DNI, elle remet en question une thèse défendue par Donald Trump pour justifier l’expulsion massive de migrants vénézuéliens vers une prison au Salvador.

Selon cette évaluation, « le régime de Maduro n’a probablement pas pour politique de coopérer avec le gang TDA et ne dirige pas ses opérations, notamment aux États-Unis ». Si le Venezuela offre un environnement permissif à ce groupe criminel, il n’existerait pas de lien formel entre le gouvernement vénézuélien et les activités du gang.

Des expulsions polémiques sur fond de loi antiterroriste

Le gang Tren de Aragua, organisation criminelle transnationale très violente, a été récemment classé comme “organisation terroriste” par les autorités américaines. En se fondant sur cette désignation, l’administration Trump a entrepris d’utiliser une loi de 1798, jusqu’ici mobilisée uniquement en temps de guerre, pour expulser des migrants accusés d’appartenance au gang.

Cette approche juridique inédite fait actuellement l’objet de contestations devant les tribunaux. Le 28 mars dernier, pas moins de 238 Vénézuéliens ont été expulsés vers le Salvador sur la base de ces accusations, malgré les doutes exprimés par la communauté du renseignement sur la nature réelle de leurs liens avec le gang.

Pressions politiques sur les services de renseignement

L’affaire met en lumière les tensions internes croissantes au sein de l’appareil sécuritaire américain, pris entre ses obligations d’objectivité et les priorités politiques de l’exécutif. Tulsi Gabbard, ancienne élue démocrate ralliée au camp Trump, est aujourd’hui à la tête de la communauté du renseignement. L’accusation visant son chef de cabinet risque de fragiliser davantage l’image d’impartialité des institutions.

Alors que Donald Trump prépare activement sa campagne pour un retour à la Maison-Blanche, ces révélations pourraient raviver les critiques sur son usage controversé des leviers de l’État à des fins électorales.