🇺🇸 États-Unis : l’emploi pénalisé par les grèves et les ouragans, à quatre jours de l’élection présidentielle

🇺🇸 États-Unis : l’emploi pénalisé par les grèves et les ouragans, à quatre jours de l’élection présidentielle

Les chiffres de l’emploi aux États-Unis ont été lourdement pénalisés par les grèves et ouragans en octobre, ce qui pourrait peser sur le camp démocrate à quatre jours d’une élection présidentielle particulièrement serrée, malgré un taux de chômage stable à 4,1%. En octobre, 12.000 emplois seulement ont été créés, le plus faible nombre depuis décembre 2020, a annoncé vendredi par le département du Travail. C’est bien moins qu’attendu puisque les analystes tablaient sur 110.000, selon le consensus de Market Watch.

«Il est probable que les estimations de l’emploi salarié dans certains secteurs aient été perturbées par les ouragans», détaille le ministère dans son communiqué. Ces chiffres sont en effet issus de deux enquêtes, réalisées auprès de ménages et d’entreprises et administrations, dont le déroulement a sans doute été affecté par les importants dégâts causés par les ouragans Hélène et Milton. 

En outre, souligne le département du Travail, «l’emploi a diminué dans le secteur manufacturier en raison des grèves», notamment celle qui touche l’avionneur Boeing depuis le 13 septembre, mais pourrait s’achever la semaine prochaine, les grévistes devant voter lundi, a priori en faveur de la nouvelle offre améliorée proposée par la direction. Grévistes, mais aussi personnes au chômage technique, sont comptabilisées aux États-Unis comme étant sans emploi. Les créations d’emplois d’août et septembre ont par ailleurs été révisées à la baisse, respectivement à 78.000 et 223.000, ce qui représente au total 112.000 emplois finalement non créés.

«Attendre»

À quatre jours d’un duel particulièrement tendu et serré entre Kamala Harris et Donald Trump, nul doute que ce dernier profitera de ces chiffres moins bons pour pointer du doigt la mauvaise gestion économique du pays par les démocrates. Et les électeurs pourraient aussi leur en tenir rigueur. Cela «pèsera probablement sur la façon dont les gens perçoivent les conditions économiques», avait indiqué à l’AFP Rubeela Farooqi, relevant que, «de manière plus générale, les ménages ne ressentent pas les bénéfices d’un marché du travail toujours solide et d’un faible taux de chômage».

Joe Biden a assuré dans un communiqué que «la croissance de l’emploi devrait rebondir en novembre à mesure que nos efforts de reprise et de reconstruction se poursuivent après l’ouragan». Il a également félicité le syndicat des machinistes de Boeing, en grève depuis le 13 septembre, et qui devrait voter lundi en faveur de la nouvelle offre proposée par le constructeur aéronautique. 

Le camp démocrate peine en effet à convaincre les électeurs de leurs bons résultats en matière d’économie, ceux-ci étant occultés par plusieurs années d’inflation et de taux d’intérêt élevés. Même le rêve américain d’acquérir un pavillon est aujourd’hui hors de portée pour de nombreuses jeunes familles. «Il faudra attendre le prochain rapport (…) avant de conclure quoi que ce soit sur un changement radical de l’économie», avertissent Carl Weinberg et Rubeela Farooqi, chefs économistes pour High Frequency Economics.

D’importants dégâts

Les ouragans Hélène et Milton, qui ont touché le sud-est des États-Unis fin septembre et début octobre, ont provoqué d’importants dégâts et causé au total plus de 200 décès, mettant à l’arrêt une partie de l’activité dans les régions touchées. Aubrey Anderson est PDG de l’entreprise de loisirs fluviaux Zen Tubing, en Caroline du Nord, une région particulièrement touchée par les ravages causés par l’ouragan Hélène. «C’est la première fois que l’eau endommage l’infrastructure de l’entreprise», a-t-elle indiqué, anticipant que son site d’Asheville reste fermé en 2025. Cela signifie qu’elle n’aura besoin, au printemps et à l’été, que de la moitié des 100 employés qu’elle embauche habituellement à cette période.

Les chiffres de l’emploi seront également scrutés à la loupe par la banque centrale américaine, la Fed, qui jongle avec les taux pour faire baisser l’inflation sans provoquer de flambée du chômage. La Réserve fédérale ne se contentera néanmoins pas de ces chiffres et «s’appuiera sur l’ensemble des données du marché du travail, qui continuent de tendre vers une baisse contrôlée de la création d’emplois et de l’absorption de l’offre de main-d’œuvre», estime ainsi Lydia Boussour, économiste de EY. La Fed pourrait annoncer une nouvelle baisse de ses taux d’un quart de point de pourcentage au cours de sa prochaine réunion, les 6 et 7 novembre. Au lendemain de l’élection.

Le Figaro