🇺🇸 Elon Musk est-il en train de devenir l’homme le plus puissant du monde? “Il pourrait utiliser Donald Trump comme un tremplin”

Elon Musk contrôle le flux d’informations en ligne grâce à des satellites et son propre réseau social. Il passe de temps en temps un coup de fil à Vladimir Poutine et se retrouve désormais à la tête d’un nouveau ministère américain, celui de l’efficacité gouvernementale. Une nouvelle fonction qui pourrait faire ses affaires… et celles de ses entreprises. “Il est possible qu’il utilise Trump comme un tremplin vers un pouvoir encore plus grand”, avance Herman Matthijs, expert de l’Amérique et professeur à l’université de Gand.

Une bromance qui ne doit rien au hasard. Elon Musk a versé de nombreux millions dans les caisses de campagne de Donald Trump. Mais contrairement à tous les autres donateurs, il est parvenu à se frayer un chemin à la vitesse de l’éclair jusqu’au cercle rapproché du nouveau président américain.

Une preuve parmi d’autres, le patron de X est présent à Mar-a-Lago, la luxueuse villa de Trump en Floride, tous les jours depuis l’élection. Il était assis aux côtés de l’ancien magnat de l’immobilier lorsqu’il a téléphoné au président turc Erdogan et à Volodymyr Zelensky. Il a également participé à une réunion avec les hauts responsables des services secrets et lorsque Donald Trump a trouvé le temps de jouer au golf, Musk était encore là. Lorsque le leader républicain doit prendre des décisions concernant les nominations de ministres, Elon Musk est son unique oreille.

Le chef d’entreprise possède déjà X (l’ancien Twitter), SpaceX (entreprise aérospatiale), xAI (start-up autour de l’intelligence artificielle), Starlink (système de communication important pour l’armée), le constructeur de voitures électriques Tesla et est donc désormais à la tête du département de l’efficacité gouvernementale, fraîchement mis sur pied sur une idée de Musk en personne. Cela lui permet indirectement d’avoir davantage d’influence sur toutes ses autres entreprises.

Un nouveau pouvoir encore flou

“Musk va relayer sur X toutes les mesures qu’il prend pour rendre l’administration fédérale plus efficace, parce qu’il voit cela plus loin que l’Amérique”, explique Herman Matthijs, expert de l’Amérique et professeur à l’université de Gand. “Il voit les choses de manière globale: ‘Si je peux le faire ici, des dizaines d’autres pays vont suivre et faire appel à moi.’. À cet égard, ce n’est évidemment pas idiot de la part de Donald Trump d’avoir nommé Elon Musk, mais cela comporte certains risques.”

Le célèbre entrepreneur va diriger un organe consultatif externe dont les idées seront mises en œuvre par le bureau du budget américain, qui dépend directement du président Trump. Musk lui-même ne sera donc pas membre du gouvernement. “Mais pour l’instant, l’étendue de ses pouvoirs demeure floue. S’agit-il seulement de l’efficacité administrative ou sont-ils plus élargis, aura-t-il par exemple un droit de regard sur les coupes dans l’armée américaine et le Pentagone? Dans ce cas, il serait de facto impliqué dans la politique.”

Sa société SpaceX va également profiter de son nouveau statut. “Le gouvernement investira des sommes considérables dans les voyages spatiaux”, poursuit l’expert. Selon le Washington Post, Elon Musk souhaite s’engager pleinement dans un voyage vers Mars. Il a assuré à Donald Trump qu’il était encore possible d’organiser une mission humaine vers Mars au cours de ce mandat présidentiel, mais seulement à la condition que suffisamment d’argent soit alloué à SpaceX. L’entreprise a déjà conclu des contrats d’une valeur d’un milliard de dollars avec le gouvernement américain.

“Elon Musk est présent dans tous les secteurs d’avenir. L’Amérique fait des pas en avant industriels et économiques grâce à lui. Tant mieux pour Trump. (…) La seule question est de savoir combien de temps cela prendra avant qu’il n’y ait une dispute politique. Le milliardaire aura un pouvoir encore plus marqué sur la sphère économique et cela risque d’être mal perçu par de nombreuses autres entreprises (…) Cela s’est déjà produit dans l’histoire des États-Unis. Au début des années 1900, il y avait aussi des conglomérats trop importants des industries du pétrole et de l’automobile qui étaient au gouvernement. Des mesures ont alors été prises par le Congrès, car le monopole était trop important”, rappelle Herman Matthijs. Trump dispose d’une majorité au Congrès pour encore deux ans, mais d’ici à 2026, un scénario similaire n’est pas à exclure.

La demande de Poutine

Vladimir Poutine, qui aurait eu plusieurs entretiens secrets avec Musk, lui a demandé l’année dernière de ne pas autoriser l’utilisation de Starlink pour Taïwan, pour rendre service au président chinois Xi Jinping, a rapporté The Wall Street Journal. « Dans tous les secteurs où il est actif, il y a des points d’interrogation”, avance le professeur. “Certaines voix s’élèvent et s’interrogent sur la dangerosité potentielle de l’accroissement du pouvoir de Musk.”

Faut-il notamment redouter des licenciements massifs, comme Musk l’a déjà fait en octobre 2023, six mois après avoir pris le contrôle de Twitter? Il avait licencié 80% du personnel. L’entreprise est passée d’un peu moins de 8.000 employés à 1.500. “Des licenciements de ce type sont difficilement envisageables au sein du gouvernement américain. Les Américains qui travaillent dans le gouvernement jouissent d’un statut de fonctionnaire, comme c’est le cas dans notre pays. Il ne suffit pas de licencier les gens comme chez Twitter, une entreprise privée, pour que cela fonctionne. Ne pas combler les départs à la retraite ou forcer tout le monde à travailler au bureau est en revanche possible.

Une voie royale pour les voitures autonomes?

Elon Musk souhaite également ouvrir la voie à une réduction des réglementations gouvernementales concernant les voitures autonomes. Actuellement, les voitures autonomes de Tesla – Autopilot et Full Self-Driving (FSD) – se heurtent constamment aux enquêtes des agences fédérales de sécurité. Désormais, il en mesure de limiter le pouvoir de ces agences. “Il peut faire en sorte que l’ensemble du marché américain autorise de telles voitures, et donc poussé le reste du monde à suivre d’ici à une dizaine d’années (…) Il convient tout de même de souligner que c’est le gouvernement qui définit la manière dont les voitures autonomes sont autorisées à circuler, Musk risque donc d’être confronté à certains obstacles.”

Les actions de Tesla ont déjà fait un bond de près de 15 %. Selon les médias financiers, cela a permis à Elon Musk de s’enrichir de 15 milliards de dollars supplémentaires.

“Elon Musk utilise Donald Trump comme un tremplin vers un pouvoir peut-être encore plus grand que celui du nouveau président”, explique Herman Matthijs. “Que se passera-t-il lorsque Musk aura plus de pouvoir que son allié? Trump a prouvé par le passé qu’il préférait tout décider seul (…) Mais avec un personnage comme Musk, il devra changer de position. Pour lui, Musk n’est pas un concurrent, car il ne pourra jamais devenir président des États-Unis puisqu’il faut être né américain et qu’il est né en Afrique du Sud.”

En attendant, Trump profite de l’attention d’Elon Musk et vice versa. “Je suis heureux de mon rôle de premier copain”, a récemment tweeté Musk.

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