🇺🇸 Donald Trump face à la justice américaine pour défendre son empire immobilier

🇺🇸 Donald Trump face à la justice américaine pour défendre son empire immobilier

Donald Trump s’était lancé en politique après avoir fait fortune dans les affaires: lundi, celui qui espère diriger à nouveau les États-Unis sera entendu lors d’un procès civil à hauts risques à New York, accusé d’avoir gonflé sa fortune de manière colossale pour séduire les banques.

“Gonflé à bloc” selon son fils Eric, l’ancien président des États-Unis, 77 ans, doit s’asseoir à 15 H 00 lundi à la gauche de son juge, Arthur Engoron, un autre septuagénaire avec lequel il entretient des relations exécrables depuis l’ouverture des débats le 2 octobre.

À l’instar des quatre affaires pénales dans lesquelles il est inculpé et risque des peines de prison, Donald Trump n’a cessé d’attaquer le magistrat, un “voyou”, “dérangé”, “haineux”, qui ferait “le sale boulot” des démocrates. De son côté, le juge l’a réprimandé, puis sanctionné de deux amendes, de 5.000 puis 10.000 dollars, pour avoir mis en cause sa greffière.

Donald Trump sera interrogé par le parquet général de l’État de New York, lors de ce procès civil sans jury, dans lequel sont aussi poursuivis ses deux enfants, Donald Jr et Eric, vice-présidents exécutifs de la Trump Organization, une myriade de sociétés gérant gratte-ciel de logements et de bureaux, hôtels de luxe, résidences et golfs dans le monde entier.

Sondages favorables

Lors de sa première déposition dans le cadre de l’enquête, le 10 août 2022, il avait dénoncé, en préambule, “la plus grande chasse aux sorcières dans l’histoire de notre pays”, menée à ses yeux par la procureure générale de l’État de New York, Letitia James, avant de garder le silence.

Le procès n’est qu’une des premières épreuves judiciaires qui attendent Donald Trump sur la route des primaires républicaines et de la présidentielle, qu’il espère remporter pour revenir à la Maison-Blanche.

Il est notamment attendu en mars 2024 devant la justice fédérale à Washington, accusé de complot pour renverser le résultat des élections présidentielles de 2020.

Pour l’instant, ses inculpations n’ont pas affecté sa domination sur ses concurrents républicains dans les sondages. Dimanche, un an jour pour jour avant la présidentielle, un sondage New York Times/Siena College l’a aussi donné gagnant face à Joe Biden dans cinq Etats clés sur six: le Nevada, la Géorgie, l’Arizona, le Michigan et la Pennsylvanie.

“Fraudes répétées”

Le procès civil est mal engagé : avant même son ouverture, le juge a estimé que le parquet général de l’État de New York présentait “des preuves concluantes qu’entre 2014 et 2021, les prévenus ont surévalué les actifs” du groupe de “812 millions (à) 2,2 milliards de dollars” selon les années, dans les états financiers annuels de Donald Trump.

En conséquence de “fraudes répétées”, il a ordonné la liquidation des sociétés gérant ces actifs, comme les gratte-ciel Trump Tower et 40 Wall Street à New York, ou l’opulente résidence Seven Springs dans un coin bucolique de sa banlieue. En d’autres termes, Donald Trump perdrait tout simplement le contrôle d’une partie de son empire immobilier.

La décision a été suspendue en appel, mais elle donne l’enjeu de l’affaire pour le milliardaire républicain, qui s’était lancé en politique en jouant sur son image de bâtisseur à succès, symbolisée par son livre “The art of the deal” (“L’art de la négociation”).

Donald Trump est venu régulièrement aux audiences à New York, transformant chacun de ses passages dans les couloirs du tribunal en rituels médiatiques, tempêtant contre le juge et la procureure générale, une élue afro-américaine et démocrate qu’il qualifie de “raciste” et “corrompue”. Ou répétant que sa résidence Mar-a-Lago en Floride vaut 50 à 100 fois plus que les évaluations de la justice (17 à 28 millions de dollars) lesquelles tiennent compte des restrictions d’usage du site car il s’agit d’un club privé, ce qui diminue sa valeur.

En famille

Sur le fond du dossier, ses avocats réfutent toute fraude, arguant que des évaluations immobilières sont forcément subjectives et que les banques prêteuses n’ont pas perdu un dollar.

L’audition de Donald Trump intervient après celles cette semaine de ses deux fils Donald Jr et Eric. Face au feu roulant de questions du parquet général, ils ont assuré qu’ils n’avaient pas pris part à la préparation des documents sur les états financiers de la fortune familiale, une tâche confiée aux comptables. Mais Eric Trump a été confronté par l’accusation à plusieurs courriels semblant attester du contraire.

Le défilé du clan familial doit se poursuivre avec une autre fille de Donald Trump, Ivanka.

La fraude ayant été jugée établie par le juge, le procès porte sur d’autres violations des lois financières, et sur le montant de l’amende. Le parquet général réclame 250 millions de dollars.

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