🇺🇸 Donald Trump en route vers la Maison-Blanche? “Kamala Harris est invisible”
Selon Herman Matthijs, professeur en économie à la VUB et expert en politique américaine, Donald Trump semble bien parti pour remporter l’élection présidentielle américaine. “Kamala Harris est invisible”, explique-t-il dans les colonnes de HLN.
À désormais moins de deux semaines du scrutin, Donald Trump semble avoir le vent en poupe dans les fameux “swing states », ces États qui votent tantôt démocrate, tantôt républicain, et où se joue finalement l’élection présidentielle.
Cette année, les tendances en Arizona, Géorgie, dans le Michigan, le Nevada, en Caroline du Nord, Pennsylvanie et dans le Wisconsin seront suivies de près, sondages permanents à l’appui.
Le comeback de Trump
“Les électeurs auront bien sûr le dernier mot, mais selon les derniers sondages, Trump a sérieusement rattrapé son retard sur Kamala Harris”, souligne d’emblée Herman Matthijs. La candidate démocrate avait pris l’avantage sur son rival républicain dans les semaines qui avaient suivi sa nomination en août dernier. Une avance qui s’est étiolée depuis.
Distancé dans la quasi-totalité des “swing states” il y a encore quelques semaines, Donald Trump est revenu comme un boulet de canon en cette fin de campagne. Les deux candidats sont désormais au coude-à-coude dans les sept États, avec un léger avantage pour l’ancien président, qui profite d’une dynamique certaine.
Pour rappel, l’élection présidentielle américaine est au suffrage universel indirect. Le candidat qui récolte la majorité des voix en valeur absolue au niveau national n’est pas forcément élu président. Pour ce faire, il doit s’attacher la majorité absolue des grands électeurs, c’est-à-dire au moins 270 sur 538. Chaque État dispose du même nombre de grands électeurs qu’il a d’élus au Congrès: le nombre dépend de leur population à la Chambre des représentants mais est fixe au Sénat (deux par États). La Californie a par exemple 55 grands électeurs et le Texas 38. Le Vermont, l’Alaska, le Wyoming et le Delaware n’en ont que trois.
Certains États votent historiquement démocrate (les blue states) et d’autres républicain (les red states). Par exemple, Kamala Harris est assurée d’obtenir le soutien d’au moins 226 grands électeurs, contre 219 pour Donald Trump. Tout repose donc sur le choix des électeurs des “swing states.”
Harris en mauvaise posture
“Pas moins de six des sept États clés ont voté pour Joe Biden il y a quatre ans”, rappelle Herman Matthijs. “Seule la Caroline du Nord (16 grands électeurs) avait voté pour Donald Trump. S’il remporte à nouveau cet État, il en sera déjà à 235. Il lui suffira ensuite de s’imposer en Géorgie (16) et en Pennsylvanie (19) pour atteindre les 270 grands électeurs requis”, calcule l’expert.
Kamala Harris serait actuellement en mauvaise posture, estime Herman Matthijs en jetant un regard dans le rétroviseur. “À deux semaines de l’élection, Joe Biden avait une avance de 9 % il y a quatre ans. En 2016, Hillary Clinton avait alors 6 % d’avance. Mais tous deux ont fini par ne conserver que la moitié de leur avance. Actuellement, Kamala Harris a moins d’un pour cent d’avance. C’est vraiment trop peu”, souligne-t-il.
Vent de panique chez les démocrates
En outre, les Américains qui votent par anticipation (notamment ceux vivant à l’étranger) votent traditionnellement en faveur des démocrates. Or, jusqu’à présent, seuls 15 millions d’Américains ont déjà voté, soit bien moins que les 35 millions de 2020 à la même époque. Dans le camp démocrate, on a tiré la sonnette d’alarme.
Selon Herman Matthijs, Kamala Harris s’est tiré une balle dans le pied en attaquant Trump sur la forme plutôt que sur le fond dans plusieurs interviews. De plus, elle doit assumer les erreurs commises par Joe Biden, alors qu’elle n’est toujours que sa vice-présidente. “Par exemple, il a réagi trop tard et trop tièdement à l’ouragan Hélène. Et sous Biden, les Américains ont perdu beaucoup de pouvoir d’achat. L’inflation a culminé à plus de 8 %, sans indexation automatique des salaires », fait remarquer le professeur de la VUB.
Il reste une grosse dizaine de jours aux deux candidats pour essayer de faire pencher la balance en leur faveur. Selon Herman Matthijs, Kamala Harris aurait tout intérêt à recentrer sa campagne sur des thèmes populaires, comme le pouvoir d’achat. “Comme Trump l’a fait lors de sa visite chez McDonald’s. Même en tant que milliardaire, il donne davantage l’impression de se soucier des problèmes des gens ordinaires. Sur ce plan-là, Kamala Harris est tout à fait invisible, comme l’était Hillary Clinton en 2016″, conclut le spécialiste.
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