🇺🇸 Dire qu’un homme ne peut être enceinte, est-ce transphobe?

🇺🇸 Dire qu’un homme ne peut être enceinte, est-ce transphobe?

Vous avez souvent l’impression, j’en suis certain, que notre monde est tombé sur la tête. Mais vous savez que nommer ce malaise a un coût, et il peut être élevé. 

On en a encore eu la preuve aux États-Unis, ces derniers jours, dans un échange ahurissant au Sénat portant sur la question suivante : est-ce qu’un homme peut être « enceint » dans les suites du jugement de la Cour suprême sur l’avortement ? Cet échange met en scène le sénateur et une « universitaire ». 

Le sénateur, c’est Josh Hawley, du Missouri. C’est un conservateur trumpiste, nul ne le contestera. « L’universitaire », c’est Khiara Bridges, une militante d’extrême gauche, professeure à la faculté de droit de l’univer-sité Berkeley. 

Le sénateur demande à la militante pourquoi elle ne cesse de parler de « personnes ayant une capacité de grossesse ». Il demande, par souci de précision : s’agit-il de femmes ? 

Enceint ?

La réponse de Bridges est lunaire : beaucoup de femmes « cis » (des femmes nées dans un corps de femme et qui se reconnaissent comme femmes) peuvent avoir des enfants, beaucoup de femmes cis ne peuvent en avoir, et beaucoup d’hommes trans peuvent en avoir. 

Le sénateur insiste un peu : la militante s’indigne et affirme que les questions du sénateur sont transphobes et qu’elles favorisent la violence à l’endroit des trans. Le sénateur semble stupéfait et veut être certain de comprendre : Khiara Bridges considère-t‐elle vraiment qu’il est violent d’affirmer que seules les femmes peuvent enfanter ? 

Et l’échange se poursuit, toujours plus stratosphérique. La militante demande au sénateur : croyez-vous que les hommes peuvent être « enceintes » ? Audacieusement, il dit non. Elle y voit une autre preuve de violence transphobe ! Adieu la biologie, la science : contester qu’un homme puisse être enceinte, aujourd’hui, relève du propos haineux. 

C’est d’ailleurs ce qu’a suggéré le Washington Post, le vénérable journal américain. Et ces élucubrations idéologiques ne sont en rien exclusivement américaines : elles circulent partout en Occident aujourd’hui. 

Il n’est pas inintéressant de noter que la militante d’extrême gauche est une professeure de droit. 

Cela nous rappelle que le droit, aujourd’hui, n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’on a appelé historiquement le droit. Il s’agit désormais d’une technique d’ingénierie sociale qui transforme par des jeux de langage les besoins en désirs, les désirs en droits, et les droits en droits fondamentaux.

Fake news

Une certaine conception falsifiée du droit ne va plus seulement contre la démocratie, mais contre la réalité. Elle s’oppose à la science, et dans ce cas en particulier, à la biologie. Qui rappelle que le réel existe ici passera pour un phobe, un facho, un type d’extrême droite. 

Paradoxe : on ne cesse de dénoncer les fake news, on plaide pour une meilleure connaissance des sciences, mais on se couche devant qui affirme qu’un homme peut enfanter. Une partie du malaise de notre temps vient de ce mensonge institutionnalisé. 

qub.ca