🇺🇸 Deux ans après l’assaut du Capitole, le Congrès américain de nouveau dans la tourmente
Deux ans après l’attaque du Capitole par les partisans de Donald Trump, le 6 janvier 2021, le blocage de l’élection d’un « speaker » à la Chambre des représentants est perçue par beaucoup comme un nouvel assaut contre la démocratie.
Une minute de silence pour commémorer une attaque contre la démocratie. Deux ans après l’assaut du Capitole, lors duquel une foule de partisans de Donald Trump avait tenté d’empêcher la certification de l’élection de Joe Biden, un hommage a été rendu ce vendredi à ceux qui ont défendu le Congrès, le 6 janvier 2021.
Mais pour beaucoup, le Parlement américain est aujourd’hui confronté à un nouvel assaut contre la démocratie, rapporte notre correspondant à Washington, Guillaume Naudin. La nouvelle majorité républicaine à la Chambre des représentants cherche toujours ce vendredi à se trouver un « speaker ». Le républicain Kevin McCarthy, favori pour remplacer Nancy Pelosi à ce poste, est suspendu au bon vouloir de membres de la frange la plus conservatrice de son parti, qui profitent de la très fine majorité républicaine décrochée aux élections de mi-mandat de novembre pour poser leurs conditions.
De « never Joe » à « never Kevin »
Sans surprise, ces frondeurs sont en grande partie ceux qui avaient refusé de reconnaître la victoire de Joe Biden sur Donald Trump. Il y a par exemple Matt Gaetz, élu de Floride. Il y a Scott Perry, élu de Pennsylvanie, et Paul Gosar, de l’Arizona, qui, selon l’enquête parlementaire sur l’assaut du Capitole, ont participé dans l’entourage de Donald Trump à des réunions de préparation du 6 janvier 2021, avec pour objectif d’empêcher Joe Biden de devenir président…
Sur la vingtaine de républicains rebelles qui refusent de porter Kevin McCarthy à la tête de la Chambre, presque tous refusent toujours d’admettre la défaite de Donald Trump. Quatorze d’entre eux qui étaient déjà élus au Congrès à l’époque avaient refusé de certifier le décompte électoral en janvier 2021. Des jusqu’au-boutistes pro-Trump qui pourtant ont refusé d’écouter ce dernier lorsqu’il leur a demandé cette semaine de cesser de faire obstruction.
Les démocrates voient dans cette situation inédite depuis 160 ans la mainmise des fidèles de l’ancien président Donald Trump sur le parti républicain. « Le chaos qui règne à la Chambre des représentants n’est qu’une autre illustration de la façon dont une frange extrême (…) les empêche de gouverner », a assuré le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer. L’anniversaire de l’assaut du Capitole « devrait servir de signal au parti républicain pour qu’il rejette le trumpisme qui le conduit d’échec en échec », a-t-il estimé dans un communiqué.
Kevin McCarthy a tendu la main aux électrons libres bloquant son élection, leur offrant des concessions de taille lors de négociations en coulisses. En vain. Ce blocage a des répercussions très concrètes. Sans « speaker », les élus ne peuvent pas prêter serment ni donc voter de projet de loi. Mais les 434 membres de la Chambre des représentants, théâtre de ce singulier spectacle, continueront à voter jusqu’à ce qu’un président soit élu.
Un arrangement avec les démocrates ?
Troisième personnage le plus important de la politique américaine après le président et le vice-président, le « speaker » a besoin d’une majorité de 218 voix pour être élu. L’élu de Californie plafonnait pour le moment à 201. Le record de 1856 sera-t-il battu ? Cette année-là, il avait fallu deux mois et 133 de vote pour que les élus du Congrès parviennent à s’accorder.
Une issue pourrait être offerte par les démocrates. Selon Politico, quelques-uns de ses élus ont déjà engagé des conversations préliminaires avec l’autre banc. Le média en ligne The Hill avance le nom d’une élue de l’Alaska et d’une autre de l’Ohio qui se disent effectivement prêtes à travailler sur la formation d’une coalition.
L’idée serait d’écarter la frange la plus radicale des républicains et de trouver ensuite un candidat « consensuel », bipartisan, qui pourrait prendre la présidence de la Chambre et mettre un terme à la plus longue crise à la tête de cette institution depuis le début de la guerre civile. Un arrangement est possible, donc, mais pas tout de suite. Si l’on en croit Politico, pour l’heure, « les démocrates se délectent » des mésaventures des républicains et « sont déterminés à les laisser se débattre » encore un peu.
RFI (Et avec AFP)