🇺🇸 Bill Russell, légende du basket-ball américain, est mort à 88 ans

🇺🇸 Bill Russell, légende du basket-ball américain, est mort à 88 ans

Joueur le plus titré de l’histoire de la NBA, avec onze bagues de champion décrochées avec les Boston Celtics dans les années 1960, Bill Russell est décédé ce dimanche 31 juillet.

L’annonce est tombée sous la forme d’un tweet postée par sa famille. « Bill Russell, le gagnant le plus prolifique de l’histoire du sport américain, s’est éteint paisiblement aujourd’hui à l’âge de 88 ans, avec sa femme Jeannine à son chevet », a-t-elle indiqué.

Joueur le plus titré de l’histoire de la NBA, le basketteur Bill Russell a révolutionné son sport en y imposant une nouvelle arme, le contre, et en montrant la voie aux noirs américains dont il a toujours défendu, passionnément, les droits. Onze fois champion avec les Boston Celtics, un record qui tient toujours, dont huit d’affilée de 1959 à 1966, et les deux dernières fois en tant qu’entraîneur-joueur, il fut le premier Noir américain nommé à la tête d’une franchise d’un sport professionnel américain et le premier à être sacré, dès sa deuxième année (1967).

S’il était un joueur au talent offensif honorable (15,1 points de moyenne par match), c’est sa défense qui fit sa gloire. Doté d’une belle détente, il propulsait ses 208 cm, taille exceptionnelle pour l’époque, à une hauteur phénoménale qui intimida tous ses rivaux pendant treize saisons. « L’idée n’était pas de contrer tous leurs tirs, mais de les convaincre que chacun d’eux pouvait l’être », expliquait-il dans un documentaire produit par la NBA.

Défenseur des droits civiques

Né en 1934 en Louisiane, dans un Sud profond vivant encore sous le régime de la discrimination raciale, avant de déménager avec sa famille en Californie dans les années 1940, Russell ne fut pas le premier Noir à jouer en NBA, mais il fut la première superstar afro-américaine du basket.

Il mit à profit sa notoriété pour faire avancer la cause des droits civiques. En 1967, il apparut aux côtés d’une autre légende de la NBA, Kareem Abdul-Jabbar, de la vedette du football américain Jim Brown et de Muhammad Ali au « sommet de Cleveland » où il soutint le boxeur, poursuivi par la justice pour avoir refusé de rejoindre l’armée. En 1963, il avait participé à la Marche sur Washington de Martin Luther King, mais il avait refusé d’être mis en avant. Car Russell avait un caractère singulier, introverti et parfois considéré comme inaccessible, voire arrogant, notamment parce qu’il ne signait pas volontiers d’autographes.

Ce sont surtout ses prises de position ardentes contre le racisme, y compris en faveur du leader Malcolm X, qui lui valurent l’animosité et même la haine de certains : sa maison à Boston fut un jour saccagée et souillée d’excréments.

Sur le terrain, Russell était un exemple d’altruisme. Avec ses contres innombrables, au sens propre puisque la NBA ne les comptabilisa qu’à partir de 1973, et ses rebonds (21 620, soit le deuxième total de l’histoire), il fut la rampe de lancement du jeu rapide des Celtics, mené par des joueurs comme Bob Cousy et John Havlicek.

Son grand rival fut le joueur de Philadelphie Wilt Chamberlain, un autre géant (2,16 m) de l’histoire du basket à la personnalité totalement différente, extravertie et individualiste, qui lui vola souvent la vedette dans les médias, mais avec qui il s’entendit fort bien en dehors des matchs. Au bout du compte, les records individuels furent pour Chamberlain (celui des 100 points dans le même match) et les réussites collectives pour Russell (onze titres à deux).

Bill Russell s’impliquait avec tellement d’intensité dans son sport qu’il s’en rendait presque malade. Il vomissait avant chaque rencontre. Son envie de vaincre était féroce. « Je porte toujours des costumes noirs parce que je viens pour enterrer mes adversaires », disait celui qui a été sacré meilleur joueur du championnat nord-américain à cinq reprises.

« Nous avons perdu un géant »

La planète NBA n’a pas tardé à réagir à son décès. Preuve que le pivot star des Boston Celtics a marqué des générations entières de basketteurs, joueurs en activité et anciennes gloires ont salué une « légende ». Michael Jordan quant à lui honoré un « pionnier », qui « a ouvert la voie et donné l’exemple à tous les joueurs noirs qui sont entrés dans la ligue après lui, y compris moi ».

Mais au-delà de son impact sportif, beaucoup ont rendu hommage à son combat pour les droits civiques. « Bill Russell était mon idole. Il a été l’un des premiers athlètes à se battre en première ligne pour la justice sociale, l’équité, l’égalité et les droits civiques. C’est pourquoi je l’admirais et l’aimais tant », a ainsi confié l’ancien meneur des Los Angeles Lakers, Earvin « Magic » Johnson.

« Aujourd’hui, nous avons perdu un géant. Sur le terrain, il était le plus grand champion de l’histoire du basket-ball. En dehors du terrain, il était un pionnier des droits civiques, marchant avec le Dr (Martin Luther) King et se tenant aux côtés de Mohamed Ali », a résumé l’ancien président américain Barack Obama.

(Avec AFP)