🇺🇲 Les Etats-Unis rouvrent leurs frontières lundi, les compagnies aériennes se préparent à un rush

🇺🇲 Les Etats-Unis rouvrent leurs frontières lundi, les compagnies aériennes se préparent à un rush

Les voyageurs vaccinés en provenance de 33 pays sont autorisés à revenir lundi outre-Atlantique. Cette réouverture intervient après dix-huit mois de fermeture sauf à des cas exceptionnels.

Elles n’ont plus que quelques heures à attendre. Les compagnies aériennes se sont mises en ordre de bataille pour accueillir dès lundi les voyageurs vaccinés de 33 pays, autorisés à revenir aux Etats-Unis après dix-huit mois de fermeture des frontières. Air France, British Airways, United Airlines… Pour faire face, les compagnies qui, habituellement, dépendent fortement des liaisons transatlantiques et transpacifiques ont ajouté des vols, choisi des avions plus gros, se sont assurées d’avoir suffisamment de personnel.

L’annonce mi-octobre de la levée des restrictions par la Maison Blanche, le siège de la présidence américaine, était attendue depuis des mois par des familles séparées, des voyageurs d’affaires pressés de rencontrer leurs clients, ou de simples touristes. A cause de la pandémie de Covid-19, Washington, la capitale américaine, avait drastiquement limité les passagers en provenance de ces pays, dont ceux de l’espace Schengen, le Royaume-Uni, la Chine, l’Inde et le Brésil.

Immédiatement, les réservations de billets d’avion ont bondi. British Airways a ainsi vu les recherches de vols et séjours vers certaines villes américaines exploser de 900 % pour les jours précédant Noël par rapport à la semaine avant l’annonce du gouvernement américain. Chez American Airlines, les réservations ont, le lendemain de l’annonce, bondi de 66 % vers le Royaume-Uni, 40 % vers l’Europe et 74 % pour le Brésil. Pour les voyageurs arrivant par avion, l’exigence est plus importante que par voie terrestre. Il faut, en plus d’une preuve de vaccination et d’un test de moins de trois jours, que les compagnies aériennes mettent en place un système de suivi des contacts.

Pour les compagnies, « il n’y a pas un avant/après 8 novembre », remarque un porte-parole d’Air France. Elles ont, d’une part, mieux rempli leurs avions, qui ont pendant longtemps voyagé avec de nombreux sièges vides. Et elles ajoutent progressivement des places supplémentaires. L’entreprise française est ainsi récemment passée de trois vols par jour entre Paris et New York, sa liaison la plus fréquentée, à cinq. Sur la ligne vers Houston, elle va remplacer les Airbus 330 par des Boeing 777, qui offrent plus de sièges. Air France prévoit de revenir d’ici mars 2022 à 90 % de ses capacités d’avant-Covid sur les Etats-Unis, contre 65 % en octobre.

Un manque d’employés dans certaines compagnies

« C’est une excellente nouvelle pour Air France, et plus globalement pour le groupe Air France-KLM, puisque l’Atlantique Nord est notre principal réseau long-courrier. Avant le Covid, il représentait quand même 40 % de nos revenus long-courriers sur l’ensemble du groupe, explique Anne Rigail, la directrice générale de la compagnie. « On ne part pas de zéro car nous n’avons jamais cessé de desservir les Etats-Unis, y compris au pire moment de la crise », avec « une ligne de vie » vers les principales villes, rappelle-t-elle. La situation s’est améliorée ces derniers mois et l’été a déjà été plutôt bon, même si les avions étaient quasiment uniquement remplis d’Américains vaccinés venus visiter l’Europe, avec « un peu moins de 50 % des vols ». La concurrence sera rude, l’Atlantique Nord étant « un axe très concurrentiel » sur lequel « tous les concurrents vont également augmenter leurs capacités », observe-t-elle.

Après probablement un petit creux en janvier-février, les compagnies s’attendent à un regain au printemps et surtout à l’été, traditionnellement la saison la plus rémunératrice. Chez United, le programme des vols vers l’Amérique latine et ses destinations touristiques, est déjà revenu aux niveaux de 2019, mais son planning à l’international reste à 63 % seulement. La compagnie américaine mise gros sur les vols transatlantiques : elle va ouvrir au printemps de nouvelles destinations (Jordanie, Portugal, Norvège, Espagne), ajouter des vols vers Londres (Royaume-Uni), Berlin (Allemagne), Dublin (Irlande), Milan (Italie), Munich (Allemagne) et Rome (Italie), et rouvrir des liaisons interrompues pendant la pandémie dont Francfort (Allemagne), Nice et Zurich (Suisse).

Le trafic devrait aussi reprendre côté transpacifique, mais plus lentement. Singapore Airlines, qui a profité en octobre de l’ouverture d’un corridor aux passagers vaccinés entre Singapour et l’Amérique du Nord, prévoit tout de même de revenir à 77 % de ses vols d’avant-Covid entre les deux zones en décembre, avec notamment la réouverture de lignes vers Seattle et Vancouver (Canada).

L’incertitude autour des voyages d’affaires

Pour Burkett Huey, spécialiste du transport aérien chez Morningstar, les compagnies ont suffisamment d’avions pour faire face à l’afflux de voyageurs : « Quelques gros porteurs ont bien été retirés des flottes en 2020 mais rien qui modifie complètement le paysage ». En termes d’employés, en revanche, il y a plus d’incertitudes, selon lui. Aux Etats-Unis, où les compagnies ont mis en place de vastes plans de départs volontaires au début de la pandémie, American et Southwest ont dû récemment annuler des milliers de vols faute d’avoir les effectifs suffisants pour gérer des perturbations inhabituelles.

La question reste surtout de savoir quand les voyages d’affaires, vache à lait des compagnies, reviendront à leurs niveaux pré-Covid. Et cela pourra jouer sur les liaisons proposées, avance-t-il. Pour leurs vols transatlantiques, les compagnies privilégiaient jusqu’à présent quelques lignes clés avec des gros porteurs pour y inclure les confortables sièges des voyageurs d’affaires. Elles complétaient les trajets avec des vols intérieurs aux Etats-Unis et en Europe. Mais avec moins de voyages d’affaires, elles pourraient proposer davantage de trajets directs aux touristes, en utilisant de nouveaux avions moins gros mais désormais capables de parcourir des longues distances, comme l’A321neo.

Le Parisien