🇺🇲 De nombreux experts sceptiques sur le dôme antimissile de Trump : “Cela ne protégera que quelques grandes villes”

Donald Trump a récemment dévoilé un ambitieux projet de bouclier antimissile, baptisé Golden Dome, destiné à protéger les États-Unis contre toutes sortes de menaces balistiques, y compris des missiles tirés depuis l’espace. Pourtant, plusieurs spécialistes doutent de la faisabilité et de l’efficacité de ce système, en soulignant aussi les enjeux financiers et politiques derrière cette initiative.
Un projet ambitieux, mais flou
Donald Trump vante son futur bouclier antimissile comme “le meilleur jamais construit”, capable d’intercepter tous les missiles en vol, même ceux provenant de l’espace. Le système serait opérationnel d’ici trois ans, pour un coût estimé à 175 milliards de dollars (environ 155 milliards d’euros).
Mais hormis ces grandes promesses, peu de détails techniques ont été communiqués. Le projet s’inspirerait du Dôme de Fer israélien, système de défense antimissile développé depuis vingt ans pour protéger Israël, mais à une échelle gigantesque.
Une comparaison avec Israël qui ne tient pas
Les experts pointent une différence fondamentale d’échelle. Israël, petit pays d’environ 22 000 km², peut effectivement être protégé efficacement avec un réseau dense d’intercepteurs fixes et mobiles. Les États-Unis, avec leurs 9,8 millions de km², posent un défi complètement différent.
Comme le souligne une source à CNN, “il ne suffit pas de protéger les frontières et les côtes, un missile intercontinental peut frapper n’importe quelle zone à l’intérieur du pays.” En réalité, même à terme, la couverture complète paraît techniquement irréaliste.
Un horizon beaucoup plus lointain
L’amiral à la retraite Mark Montgomery indique que si ce projet est techniquement possible, il ne pourra être réalisé qu’au bout de sept à dix ans, et restera limité : “il sera probablement possible de protéger uniquement quelques grandes villes et des sites gouvernementaux clés.”
Des milliards d’euros en jeu pour l’industrie de la défense
Le projet a déjà suscité un fort intérêt industriel : plus de 360 entreprises ont répondu à un appel à propositions. Parmi elles, Lockheed Martin, géant mondial de la défense, a même dédié un site web au projet, qualifiant le plan de “révolutionnaire” et présentant ses composants potentiels.
Cependant, rien ne garantit que Lockheed Martin sera sélectionné. Selon Reuters, SpaceX, la société d’Elon Musk, serait en position favorable pour remporter le contrat.
Un projet très lié à l’entourage de Trump
SpaceX collaborerait avec Palantir et Anduril, deux entreprises militaires privées dirigées par des partisans de Donald Trump. Ces noms, empruntés à l’univers du “Seigneur des Anneaux”, symbolisent leur ambition technologique : Palantir (la boule de cristal) se spécialise dans l’analyse avancée des données, Anduril (l’épée) développe des systèmes robotiques et d’intelligence artificielle.
Ces entreprises et leurs dirigeants – comme Trae Stephens (Anduril) et Palmer Luckey (fondateur d’Anduril) – ont des liens étroits avec Trump et son entourage, certains ayant même financé ses campagnes.
Une affaire d’oligarques de la Silicon Valley
Parmi les principaux investisseurs figure Peter Thiel, milliardaire et président de Palantir, figure influente des cercles conservateurs de la Silicon Valley. Thiel, Musk et d’autres milliardaires ont soutenu Trump et pourraient utiliser ce projet pour renforcer leur influence politique et financière.
En filigrane, ce projet de bouclier antimissile semble autant un enjeu industriel et politique qu’une réelle réponse technologique à une menace. Les milliards en jeu pourraient avant tout profiter à ces puissants acteurs proches du pouvoir.