🇺🇦 Volodymyr Zelensky, le comédien devenu chef de guerre
Ancien acteur comique, élu en 2019 à la présidence, Volodymyr Zelensky a surpris le monde entier par son sang-froid et sa détermination devant l’invasion russe. Par son refus de quitter Kiev et par ses nombreux messages vidéo diffusés sur les réseaux sociaux, il a galvanisé la population ukrainienne et encouragé la résistance à l’invasion russe.
La vidéo dure moins d’une minute, mais elle a frappé les esprits dès son apparition sur les réseaux sociaux, le 25 février dernier, au deuxième jour de l’intervention russe. « Nous sommes ici », dit Volodymyr Zelensky, les traits tirés, en tenue kaki, entouré de son Premier ministre et de plusieurs membres de son cabinet. Le président ukrainien est filmé sur un téléphone portable, dans la rue, à Kiev, en pleine nuit. « Nous sommes ici », une phrase assénée tout au long de la vidéo pour rassurer les Ukrainiens, et pour les encourager au combat. « Cette nuit sera encore plus difficile que la journée passée, exhorte Volodymyr Zelensky. Je m’adresse à tous les défenseurs sur tous les fronts : cette nuit, nous devons résister. »
Ces premiers messages vidéo sont visionnés et relayés massivement sur les réseaux sociaux. Et la posture de Volodymyr Zelensky impressionne les Ukrainiens, qui ne s’attendaient pas à le voir incarner à ce point le rôle de chef de guerre. « La manière dont il se comporte mérite un grand respect, explique Dmitro, un habitant de Krivih Rih, la ville natale du président ukrainien, au micro de nos envoyés spéciaux Anastasia Becchio et Boris Vichith. Il est devenu un héros national ! Je pense que d’autres à sa place auraient ramassé leurs affaires et pris leurs jambes à leur cou sans se battre. »
« Serviteur du peuple »
Pour ses compatriotes, la métamorphose de Volodymyr Zelensky n’a rien d’une évidence, en raison notamment de son parcours de comédien. Car le président ukrainien, aujourd’hui âgé de 44 ans, s’est d’abord fait connaître par ses talents de comique, et par une série télévisée, Serviteur du Peuple, qui va lui servir de plate-forme politique. Ironie du destin, il incarne dans cette série un professeur d’histoire naïf et idéaliste qui va devenir président.
En 2019, à la surprise générale, il remporte haut la main l’élection et écrase le président sortant, Petro Porochenko, en jouant à fond la carte de la proximité avec le peuple. « Zelensky vient d’un milieu modeste : il a longtemps vécu dans les immeubles des quartiers-dortoirs de Krivih Rih. Il était russophone et il a appris la langue ukrainienne à une vitesse impressionnante ! Il a toujours joué sur cette image populaire et même populiste de quelqu’un qui est issu du peuple. »
Le tournant de Munich
Après son élection, ses premières tentatives pour amener le président russe Vladimir Poutine à négocier sur le Donbass se soldent par un échec cinglant. Et à l’automne 2021, alors que la Russie amasse des dizaines de milliers d’hommes aux frontières, les Ukrainiens ne lui accordent aucune confiance pour mener la guerre. Pour Tetyana Ogarkova, le tournant se fait quelques jours avant le déclenchement des hostilités, lors de la Conférence sur la sécurité à Munich, le 19 février dernier.
« Il fait un discours qui était soutenu par 100% de la population, explique-t-elle, parce qu’il a dit tout ce qu’il fallait dire dans cette situation, sur la Russie et sur la nécessité de garanties sécuritaires de l’Occident. C’est là qu’il a commencé sa transformation extrêmement rapide en leader de la Nation. »
Les deux atouts de l’Ukraine
Certaines de ses formules font mouche, surtout lorsque les dirigeants occidentaux lui proposent de l’exfiltrer de la capitale ukrainienne. « Il a refusé malgré les invitations parfois très insistantes de Joe Biden, le président américain, auquel il a dit : « J’ai besoin de munitions et vous me proposez une évacuation ! » Il reste près de son peuple et ça, c’est très bien ! »
Avec son utilisation experte des réseaux sociaux et son sens de la formule-choc, Volodymyr Zelensky a remporté une bataille cruciale dans la guerre menée avec la Russie : celle de la communication. Huit ans après le désastre de l’annexion de la Crimée, l’Ukraine peut compter désormais sur deux atouts face à la Russie. D’abord, une armée aguerrie, mieux armée et mieux équipée. Ensuite, un dirigeant qui a su galvaniser la population autour d’une idée forte : celle que la défaite face à la Russie n’avait rien d’inéluctable.
RFI
