🇺🇦 “Une erreur historique”: Zelensky s’est-il trompé de stratégie face à Trump?
Une altercation au sein du bureau ovale diffusé en direct à la télévision, ce n’est pas banal. Vendredi, Volodymyr Zelensky et son homologue Donald Trump se sont violemment accrochés devant les caméras. Quelles sont les possibles conséquences pour le président ukrainien? “Il va devoir s’excuser”, estime l’expert en défense Harry Kazianis.
Vendredi, l’échange s’est gâté lorsque le vice-président américain JD Vance a commencé à évoquer la diplomatie nécessaire pour mettre fin à la guerre. Zelensky a alors dénoncé l’attitude de Vladimir Poutine. “Il a tué notre peuple et refuse d’échanger des prisonniers. De quelle diplomatie parlez-vous, JD ?” Vance et Trump ont eu l’impression que Zelensky les réprimandait et le ton est monté.
Selon Harry Kazianis, expert en défense et ancien conseiller en politique étrangère des Républicains, Volodymyr Zelensky a commis une “erreur historique” en se rendant au bureau ovale pour “donner la leçon”.
Pour l’ancien diplomate Daniel Fried, il s’agit d’une rupture profonde, mais il estime qu’un revirement inattendu dans les relations pourrait survenir. “Trump aime les rebondissements”, commente-t-il via le groupe de réflexion Atlantic Council.
Après le différend, Volodymyr Zelensky a assuré au micro de Fox News qu’il ne présenterait pas d’excuses. “Je ne pense pas que nous ayons fait quoi que ce soit de mal”, a-t-il assuré soulignant “respecter le peuple américain et le président”.
L’expert Harry Kazianis, affilié à un groupe de réflexion conservateur, estime que le président ukrainien a mal lu les “feuilles de thé”. “Ou peut-être que ses conseillers ont raté quelque chose. Il était clair depuis des semaines que Donald Trump n’était absolument pas d’humeur à donner à l’Ukraine des garanties de sécurité, par le biais d’une adhésion à l’OTAN ou autrement. Trump ne va pas envoyer des troupes américaines en Ukraine pour dissuader Poutine.” Selon M. Kazianis, Zelensky aurait mieux fait de se contenter de conclure l’accord sur les ressources annoncé avec les États-Unis, car Trump aurait un intérêt économique à ce que l’Ukraine soit sécurisée.
Le président ukrainien a plaidé pour obtenir un soutien supplémentaire en matière de sécurité. Des sources de la Maison-Blanche ont laissé entendre aux médias qu’à leur avis, il posait des exigences excessives. Trump et Vance ont estimé qu’il ne faisait pas preuve d’assez de reconnaissance.
M. Kazianis confie avoir entendu cette plainte en coulisses de la part de membres du Congrès des deux partis. “Ils ont l’impression que les Ukrainiens en veulent toujours plus. Si mon pays était envahi et détruit, je ferais peut-être la même chose, mais cela peut donner l’impression qu’ils sont un peu trop gourmands”, estime-t-il. “Nous nous endettons et nous enlevons des armes à nos propres forces armées pour les donner à l’Ukraine.”
Champagne débouché au Kremlin
Au cours de cette discussion animée, Donald Trump a exprimé sa sympathie à l’égard de Vladimir Poutine. Il a estimé que son homologue russe avait souffert de l’enquête sur les liens entre le Kremlin et l’administration du premier mandat de Trump. Une sortie qui a certains avantages, considère le commentateur politique et ex-républicain David Frum dans The Atlantic: désormais, les citoyens et les alliés savent que le président et le vice-président américains ont “une profonde sympathie pour le dictateur le plus agressif du monde”.
L’opposition au Congrès a réagi avec stupéfaction. “Ils débouchent le champagne au Kremlin”, a regretté le sénateur démocrate Chris Van Hollen. Son collègue Chris Murphy a qualifié M. Trump de “toutou” de Poutine. Mais les républicains, qui disposent d’une courte majorité, se disent pour la plupart très satisfaits. Le chef de leur parti à la Chambre des représentants, Mike Johnson, a parlé d’un “président américain qui place l’Amérique en premier”.
“De nombreux observateurs américains se demandent si Trump et Vance avaient prévu de réprimander le président ukrainien. L’expert en défense Kazianis ne le croit pas. “Ce que Trump désire le plus, c’est un prix Nobel de la paix, et ce n’est pas la voie à suivre pour y parvenir.”
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