🇺🇦 Ukraine : Poutine contraint de changer de plan face à la résistance ukrainienne
Alors que le rapport de force semblait totalement déséquilibré en faveur de l’armée russe en Ukraine, la résistance ukrainienne se fait féroce depuis quatre jours, permettant de ralentir l’avancée des forces ennemies dans le pays.
La Russie progresse sur plusieurs fronts, au quatrième jour de l’invasion de l’Ukraine lancée par Vladimir Poutine. Les autorités de la ville de Kharkiv ont indiqué, ce dimanche matin, une percée de l’armée russe jusque dans son centre. Et deux grandes villes du sud du pays, Kherson et Berdiansk, seraient encerclées par les forces de Vladimir Poutine, d’après les déclarations de l’armée russe. Mais pour l’heure, l’armée ukrainienne « continue de résister, tient bon et multiplie les messages encourageants », souligne Alexander Query, correspondant à Kiev.
De manière symbolique, malgré le rapport de force qui semblait favorable à l’armée russe – le pays étant la deuxième puissance armée du monde -, la capitale de l’Ukraine n’est toujours pas tombée aux mains des Russes samedi. Contraignant Vladimir Poutine à demander à ses soldats d’élargir l’offensive.
« Cela traduit bien que Moscou n’arrive pas à prendre Kiev, qu’il faut revoir les plans et renforcer les effectifs. La défense ukrainienne est bien organisée et sait coordonner ses efforts. Il s’agit d’un revers majeur, même si la Russie conserve un rapport de force favorable », explique le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense de BFMTV.
La résistance ukrainienne s’observe également du côté de Kharkiv. Si une colonne est arrivée au centre de la ville ce dimanche, elle a mis « quatre jours à parcourir 30 kilomètres, Kharkiv étant proche de la frontière, ce qui prouve que les Ukrainiens résistent », a-t-il ajouté ce dimanche matin sur notre plateau.
« Une solidarité entre la société civile et l’armée »
La progression plus lente des soldats russes en Ukraine ne faisait évidemment pas partie du « plan » des généraux russes, souligne Patrick Sauce, notre éditorialiste spécialisée en politique internationale. « Ils vont être obligés de parler avec les Ukrainiens et de faire avec les pertes », a-t-il ajouté. Avançant, comme début d’explication, la présence de nombreux jeunes appelés parmi les 190.000 Russes déployés en Ukraine, ce qui est « tout à fait différent d’une armée de professionnels ou de gens qui ont décidé de prendre les armes, faisant preuve de rage et de haine ». Selon lui, « cela peut faire la différence ».
Depuis le dernier conflit en 2014, les militaires ukrainiens ne sont également plus les mêmes. « Les informations qui nous remontent du terrain montrent bien la modernisation considérable et l’amélioration en équipement et en formation de l’armée ukrainienne depuis 2014 », a expliqué Sophie Lambroschini, spécialiste de la Russie et de l’Ukraine contemporaines, sur France Inter. Et ces forces armées bénéficient de nombreux civils, depuis que la mobilisation générale a été décrétée.
« Il y a une solidarité entre la société civile et l’armée. Après 2014, la société civile ukrainienne s’est organisée. Cette mobilisation a permis une organisation très rapide dans le contexte actuel », a poursuivi la spécialiste.
Un enlisement du conflit?
Pour le général Jérôme Pellistrandi, cette résistance ukrainienne toujours organisée à Kiev, Kharkiv ou dans le sud du pays, vers la péninsule de Crimée, signifie que « la chaîne de commandement fonctionne ». « Cette résistance permet d’organiser le mouvement défensif et donc l’avancée russe est importante mais n’est pas décisive à cette heure-là », relève-t-il.
Le conflit pourrait désormais s’enliser pendant « de nombreuses années », craignent des politiques et observateurs, comme l’a résumé ce dimanche la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss. Il pourrait durer « plusieurs années parce que nous savons que la Russie a des forces importantes », a-t-elle poursuivi, soulignant la détermination des Ukrainiens à « se battre » pour défendre « leur souveraineté et leur intégrité territoriale ».
« J’exhorte le gouvernement à ne pas intensifier le conflit, mais nous devons nous préparer à ce que la Russie cherche à utiliser des armes encore pires », ce qui serait « extrêmement dévastateur », a-t-elle craint.
BFMTV