🇺🇦 Ukraine: lourd bilan après une frappe russe sur un hypermarché à Kharkiv

🇺🇦 Ukraine: lourd bilan après une frappe russe sur un hypermarché à Kharkiv

Selon un nouveau bilan fourni dimanche par le gouverneur régional, Oleg Sinegoubov, sur Telegram, au moins quatorze personnes ont été tuées ce samedi 25 mai dans une frappe russe sur un hypermarché de produits de construction à Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine. Selon le président ukrainien, « plus de 200 personnes » se trouvaient à l’intérieur des lieux. Un violent incendie s’est déclenché.

Selon le gouverneur régional, Oleg Synegoubov, l’attaque russe a été réalisée à l’aide de deux bombes aériennes guidées. Des images diffusées sur les réseaux sociaux ukrainiens montraient le bâtiment, dont s’échappe une énorme colonne de fumée noire. Selon les autorités, entre 10 000 et 15 000 m² ont pris feu et les pompiers ont désormais contenu le feu déclenché. La chaîne d’hypermarchés Epitsentr vend de l’électroménager et des produits de bricolage.

« La Russie a porté un nouveau coup brutal à notre ville de Kharkiv – un hypermarché de construction – samedi, en plein milieu de la journée », a dénoncé le président Volodymyr Zelensky sur Telegram. « À l’heure actuelle, on sait que plus de 200 personnes pourraient avoir été à l’intérieur de l’hypermarché. Tous les services sont déjà sur place pour aider à secourir les personnes et à éteindre l’incendie », a-t-il ajouté.

« Un grand nombre de personnes sont portées disparues. Il y a de nombreux blessés », a de son côté indiqué Igor Terekhov, le maire de la ville au nord-est de l’Ukraine. Selon lui, 15 employés du magasin n’ont pas donné signe de vie et quelque 200 personnes se trouvaient dans le bâtiment au moment de l’attaque.

Oleksander est secouriste et a été l’un des premiers à se rendre sur place. Il raconte à nos envoyés spéciaux à Kharkiv, Bertrand Haekler et Nathanaël Vittrant s’être « précipité » pour aider les services de secours : « Quand j’ai appris que le centre commercial avait été touché, je me suis précipité. On est arrivés un peu après les pompiers. J’ai essayé d’entrer pour sortir les victimes, mais le bâtiment était en flammes et il y avait trop de fumée, c’était impossible. On m’a rassuré en me disant que le centre était fermé. Mais maintenant, j’apprends que les magasins étaient ouverts et qu’il y avait plein de monde à l’intérieur. J’ai très peur du nombre de victimes. »

Selon Oleksander, « le missile a touché le département peinture, il y a beaucoup de produits chimiques à l’intérieur qui pourraient exploser, et puis vous voyez, il y a des stations services à proximité »« Les Russes pourraient aussi envoyer un nouveau missile au même endroit : ça rend notre travail très compliqué. On est là en train de se frayer un chemin dans les décombres, tout près d’une victime. Et on reçoit une alerte sur une possible deuxième frappe qui nous oblige à nous retirer. C’est du temps perdu qui coûte des vies. »

« Donnez-nous une défense antiaérienne, sauvez des gens »

Volodymyr Zelensky a une nouvelle fois appelé les alliés occidentaux de l’Ukraine à fournir davantage de systèmes de défense antiaérienne à son pays. « Si l’Ukraine disposait de suffisamment de systèmes de défense antiaérienne et d’avions de combat modernes, de telles frappes russes auraient été impossibles, a plaidé le président. Chaque jour, nous lançons un appel au monde : donnez-nous une défense antiaérienne, sauvez des gens ».

Comptant 1,5 million d’habitants avant la guerre et située près de la frontière russe dans le nord-est de l’Ukraine, la ville de Kharkiv est visée régulièrement par les forces de Moscou, qui ont aussi lancé le 10 mai une offensive terrestre dans la région. Cette offensive leur a permis de s’emparer de plusieurs localités et de forcer Kiev à dépêcher des renforts dans le secteur. L’Ukraine a toutefois assuré vendredi que cet assaut avait été « arrêté ».

Frappes et attaques dans la région près de Kharkiv

Les forces russes ont également lancé plusieurs attaques samedi dans la région. Elles ont bombardé le village de Koupiansk-Vouzlovyi, un nœud ferroviaire de la région de Kharkiv proche de la frontière, blessant cinq personnes, a annoncé le bureau du procureur régional dans un communiqué. Selon la même source, deux véhicules civils, dont une ambulance, ont été visés par des tirs.

Dans la même région, la Russie a bombardé le district de Koupiansk, au sud-est de Kharkiv, endommageant une usine et des bâtiments d’habitation, d’après le bureau du procureur. Certains habitants de Koupiansk et ses alentours ont dû quitter la zone et gagner un centre de réfugiés à Kharkiv. C’est le cas de Zoya, enseignante de 59 ans, dont le village est situé à moins de 40 kilomètres de la frontière russe, qui a témoigné auprès de RFI.

Nous sommes si bien reçus ici, on nous a donné à boire et à manger. Une femme qui est arrivée en même temps que nous a subi une commotion cérébrale à cause d’un obus : les médecins et les psychologues sont déjà à son chevet. Nous sommes très reconnaissants de l’aide que nous recevons. Les volontaires de la Croix Rouge sont venus nous chercher hier pour nous emmener ici. Les enfants sont petits, il fallait partir. Mon mari est mort, alors avec ma nièce, nous avons pris tous les enfants pour les ramener ici. Chez nous, il y a une bataille en cours, ça fait peur, ça fait si peur. Il fallait éloigner les femmes et les enfants des combats. Dites-leur en France de nous aider à finir cette guerre au plus vite !

RFI