🇺🇦 “Le bout du tunnel est encore loin”: pourquoi l’Ukraine ne parvient-elle pas à réaliser une percée?
Cela fait plus d’un an que la guerre s’est installée sur le sol ukrainien. Victoire de Kiev, gel du conflit, défaite russe: de nombreuses analyses sur les dénouements probables ont depuis vu le jour. Certaines d’entre elles mentionnent un effondrement imminent de l’armée russe en Ukraine. “Mais, lorsque je tourne mes yeux vers le champ de bataille, la réalité est tout autre”, affirme Michel Hofman, le chef de la Défense belge, dans les colonnes de Het Laatste Nieuws.
Les victimes de la guerre tombent les unes après les autres le long des lignes de front. Russes, Ukrainiens, la mort ne fait pas la différence: les deux camps essuient de lourdes pertes, jour après jour. Malgré cela, “aucune percée” n’est constatable à l’heure actuelle, selon Michel Hofman. Kiev grignote petit à petit du terrain, mais, lorsque l’on dézoome, on se rend rapidement compte que l’Ukraine est encore loin d’atteindre son objectif: transpercer les forces russes via une offensive vers la mer d’Azov. “Quelque 100 mètres sont conquis, puis 50 mètres sont perdus, puis 200 mètres sont à nouveau reconquis, et ainsi de suite. C’est une opération très difficile. Cela ne fait aucun doute: le bout du tunnel est encore loin, et les pertes humaines seront encore nombreuses.”
Hofman, du fait de son grade militaire, dispose d’un bon nombre d’informations, mais préfère soupeser précautionneusement chacun de ses mots. “La seule chose dont on est sûrs, c’est que ni l’Ukraine ni la Russie ne sont prêtes à déposer les armes. Le reste n’est que spéculation. L’Ukraine a l’initiative sur le terrain, mais les troupes n’ont, pour l’instant, pas enregistré d’avancées significatives. J’entends les mêmes discours à quasi toutes les réunions du Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine: ‘Les semaines qui arrivent sont cruciales.’ Nous, Occidentaux, sommes parfois impatients, mais ce n’est pas nous qui combattons sur le champ de bataille.”
F-16
Pourquoi Kiev a-t-elle tant de mal à réaliser une percée? Selon l’expert, plusieurs raisons peuvent être mises en évidence. En premier lieu, les troupes ukrainiennes sont confrontées à un obstacle de taille: les champs de mines russes. Manœuvrer sur le champ de bataille devient alors une opération relativement délicate. En outre, l’Ukraine est encore loin de dominer les cieux. La livraison tant attendue des F-16 pourrait faire la différence, mais ces avions de combat ne devraient pas montrer leur plein potentiel avant l’année prochaine.
Lors de la mutinerie du chef de Wagner, Evguéni Prigojine, tout le monde disait que le régime allait ‘certainement’ s’effondrer. Mais la réalité a finalement emprunté un chemin différent. (…) Je lis des analyses pleines d’espoirs. Mais je regarde aussi vers le champ de bataille.
Michel Hofman, Chef de la Défense
Quant à l’effondrement imminent de l’armée russe, Hofman préfère ne pas se prononcer trop hâtivement. Les Russes semblent manier habilement la composante électronique de la guerre, tel que le brouillage des signaux GPS et radio, qui peut par exemple poser un problème lors du lancement de missiles longues portées. “Lors de la mutinerie du chef de Wagner, Evguéni Prigojine, tout le monde disait que le régime allait ‘certainement’ s’effondrer. Mais la réalité a finalement emprunté un chemin différent. Certains éléments attestent du fait que la chaîne de commandement russe n’est peut-être pas si solide et je lis aussi des analyses pleines d’espoirs. Mais, lorsque je regarde vers le champ de bataille, je me rends compte que l’Ukraine n’a pas réussi à profiter du retrait des milliers de mercenaires de Wagner.”
Pour Hofman, le sommet de l’Otan qui s’est déroulé à Vilnius, capitale de la Lituanie, est un réel succès. Avec l’adhésion de la Finlande, et maintenant de la Suède, la présence de l’Alliance autour de la mer Baltique se verra fortement renforcée. Il s’agit également d’une bonne nouvelle pour la construction de la puissance européenne. La Belgique va même s’atteler à la modernisation planifiée de sa propre armée. D’après Hofman, avec de nouveaux objectifs de l’Otan, la Belgique devra “davantage investir dans son rôle de plaque tournante logistique” du matériel militaire occidental, en développant par exemple ses ports et lignes ferroviaires.
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