🇺🇦 La guerre s’enlise en Ukraine: “Il n’y aura pas de victoire militaire cette année”

🇺🇦 La guerre s’enlise en Ukraine: “Il n’y aura pas de victoire militaire cette année”

Officiellement déclenchée par Vladimir Poutine le 24 février 2022, la guerre russo-ukrainienne ne laisse présager le moindre espoir d’issue imminente: ni la victoire de l’un ni celle de l’autre ne se dessine et aucun signe de négociations de paix ne se profile à l’horizon. Vers l’enlisement du conflit aux portes de l’Europe? L’analyse de l’expert en Relations internationales Rik Coolsaet (UGent) auprès de nos confrères de HLN.be.

Le professeur Rik Coolsaet (UGent) © ID / Tim Dirven

“On semble se diriger vers une guerre d’usure”, commente le professeur Rik Coolsaet. “La situation est comparable à celle de la Première Guerre mondiale, une guerre des tranchées où les belligérants essaient de progresser et d’épuiser l’adversaire sans jamais remporter de victoires militaires majeures. Le conflit n’est donc pas près de s’achever et aucune négociation ne se profile à l’horizon. L’heure est au pessimisme et rien ne devrait bouger d’ici la fin de l’année”, ajoute-t-il après 1,5 an de combats.

L’échec de la contre-offensive ukrainienne

“La guerre s’arrête quand l’un des deux adversaires est à genoux ou que les deux parties n’ont plus la force ou la possibilité de se battre, parce qu’il n’y a plus de solution. Or, aucun de ces scénarios ne se présente pour le moment”, confie-t-il. “En dix semaines, l’Ukraine a repris 40 km² autour de Bakhmout. Trois fois rien. L’objectif de la contre-offensive ukrainienne, lancée début juin, prévoyait de s’étendre jusqu’à Melitopol, aux portes de la Crimée et de conquérir le pont qui relie la péninsule annexée à la Russie continentale. L’armée ukrainienne n’y parviendra pas. Les renseignements américains le confirment”, commente-t-il. “Une victoire rapide n’est plus à l’ordre du jour”, insiste-t-il.

Qui a l’avantage pour le moment?

“La Russie est beaucoup plus puissante, en théorie. Elle possède plus d’armes et un territoire plus vaste. Mais le soutien du peuple est loin d’être unanime. Ni l’Ukraine ni la Russie ne remporteront la victoire cette année », prédit-il. “C’est ce que pensent également les Américains”. Toutefois, “la guerre est toujours, par nature, imprévisible”, rappelle-t-il. “L’offensive talibane de 2021, en Afghanistan, a surpris tout le monde. L’armée afghane, pourtant entraînée par les États-Unis, s’est tout à coup littéralement effondrée.”

Propositions de paix opposées

En visite aux Pays-Bas, le président ukrainien Volodymyr Zelensky exige que la Russie “se retire de la Crimée et des quatre provinces occupées (ndlr: Kherson, Zaporijjia, Donetsk, Louhansk). Poutine demande exactement le contraire: un cessez-le-feu et que les Ukrainiens se retirent définitivement de ces zones conquises. Deux propositions irréalistes et la raison pour laquelle le conflit va encore se prolonger durant des mois: il n’y a actuellement aucune base de négociations”, souligne Rik Coolsaet. Il ne croit pas à d’éventuelles concessions ukrainiennes et l’adoption d’un statut de neutralité ni aux propositions de l’ancien président français Nicolas Sarkozy.

Pour une “diplomatie silencieuse”

Selon l’expert, “seule la diplomatie silencieuse” peut parvenir à des résultats probants, soit des pourparlers en coulisses pour réunir les protagonistes autour de la table et tenter de trouver une issue équilibrée. Quel leader pourrait faire bouger les choses? Là où Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Schoz ont échoué, peut-être que le “président chinois Xi Jinping”, voire son homologue “brésilien Lula” pourraient convaincre davantage, estime-t-il, à condition de s’entendre avec Poutine ET Zelensky. “Peut-être cet hiver, quand l’offensive sera littéralement gelée”, espère-t-il.

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