🇺🇦 La crise en Ukraine et ses répercussions sur l’ordre mondial
Y a-t-il déjà des conséquences engendrées par le conflit en Ukraine sur les rapports de force entre puissances à l’échelle internationale ?
La réponse est oui. La décision de Vladimir Poutine d’envahir l’Ukraine, il y a 37 jours, a commencé à produire ses effets sur l’ordre géopolitique mondial, confirmant parfois des tendances déjà engagées, faisant aussi apparaître des évolutions inattendues, dans les domaines diplomatiques, militaires, économiques, et notamment énergétiques.
Une des premières conséquences de cette crise majeure a été, contrairement à ce qu’attendait Poutine, de resserrer les rangs chez les Occidentaux : réaffirmation du lien entre l’Europe et les États-Unis, à travers notamment l’activation de l’outil militaire de l’Otan. Ce qui n’était pas « couru » d’avance.
Investir dans l’armée
Autre conséquence de la crise en Ukraine : l’unité affichée des 27 pays de l’Union européenne, malgré quelques divergences d’approche entre pays de l’ouest du continent et ceux de l’est. Ces derniers étant partisans de davantage de sévérité envers Moscou. Au-delà de cette unité retrouvée, les 27 et leur allié américain ont réagi fortement à l’agressivité russe, avec des sanctions économiques massives et lourdes. Réaction plus ferme, plus rapide qu’attendue.
La crise actuelle a également pointé la faiblesse de la défense européenne : si le parapluie de l’Otan a été renforcé, la nécessité pour les États européens de consacrer aussi plus d’argent à leur armée est un enseignement majeur des événements qui se déroulent. De ce point de vue, le tournant amorcé par l’Allemagne, géant économique mais nain militaire, en est une des traductions concrètes les plus remarquables.
Cette guerre est aussi économique, et les Européens ont pris conscience de leur trop lourde dépendance énergétique envers Moscou. Notamment dans le domaine des énergies fossiles. Et déjà s’esquissent dans l’urgence des plans alternatifs pour s’approvisionner en gaz et en pétrole. Conséquence à moyen terme, cette prise de conscience va peut-être accélérer la transition énergétique vers des énergies renouvelables moins polluantes. Mais le coût de ces évolutions s’annonce sévère pour l’Union européenne.
La Chine et l’Inde en retrait
Voilà pour les premières inflexions dans le camp occidental. Un camp plus uni, plus solide, mais aussi, et paradoxalement, plus isolé sur la scène internationale, malgré le nombre de pays qui ont condamné la Russie à l’ONU. Presque 150 sur 200, ça peut paraître énorme. Mais en fait, il faut plutôt s’intéresser aux pays qui se sont abstenus lors des votes onusiens, en particulier la Chine et l’Inde, qui, à eux deux, représentent environ 40% de la population mondiale.
Malgré les tentatives de pression des Occidentaux sur Pékin et New Delhi, ces deux géants asiatiques maintiennent une ligne ambiguë, demandant un cessez-le-feu et des négociations, mais refusant de condamner Moscou pour son opération en Ukraine. Pas question pour Pékin de s’aligner sur Bruxelles ou Washington. Pas question pour New Delhi de remettre en cause la forte relation diplomatique et économique qui la lie à Moscou.
RFI