đŸ‡žđŸ‡Ÿ Syrie : Bachar el-Assad a fui le pays aprĂšs l’arrivĂ©e des rebelles Ă  Damas

đŸ‡žđŸ‡Ÿ Syrie : Bachar el-Assad a fui le pays aprĂšs l’arrivĂ©e des rebelles Ă  Damas

Le prĂ©sident syrien s’est envolĂ© depuis l’aĂ©roport international de Damas, abandonnĂ© par l’armĂ©e et les forces de sĂ©curitĂ© face Ă  l’offensive fulgurante des rebelles entrĂ©s dans la capitale.

Le pouvoir de Bachar el-Assad s’est effondrĂ© ce dimanche 8 dĂ©cembre en Syrie face Ă  l’offensive fulgurante de groupes rebelles menĂ©s par des islamistes radicaux, qui a mis fin Ă  cinq dĂ©cennies de rĂšgne sans partage de la famille Assad. Dans le centre de Damas, la capitale dont les rebelles ont annoncĂ© la «libĂ©ration», plusieurs dizaines de personnes ont renversĂ© et piĂ©tinĂ© une statue du pĂšre de Bachar el-Assad, Hafez, qui a dirigĂ© la Syrie depuis 1971 jusqu’à sa mort en 2000, selon des images de l’AFP.

À travers le pays, d’autres manifestants ont dĂ©boulonnĂ© les statues d’Assad pĂšre et fils, comme Ă  Hama, dans le centre, Ă  Alep, dans le nord, ou Ă  Deraa, dans le sud. Sur la place des Omeyyades Ă  Damas, les tirs d’armes Ă  feu en signe de joie se mĂȘlaient aux cris Â«d’Allah Akbar» («Dieu est le plus grand»). Â«On attendait ce jour depuis longtemps», a dĂ©clarĂ© Amer Batha, joint au tĂ©lĂ©phone par l’AFP depuis cette place. Â«Je n’arrive pas Ă  croire que je suis en train de vivre cet instant», lĂąche ce Syrien qui fond en larmes: Â«C’est une nouvelle histoire qui commence pour la Syrie».

L’effondrement presque instantanĂ© du rĂ©gime ouvre une Ăšre d’incertitude en Syrie, morcelĂ©e par la guerre civile qui a fait prĂšs d’un demi-million de morts depuis 2011 et livrĂ©e Ă  des groupes soutenus par diffĂ©rentes puissances Ă©trangĂšres.

Les rebelles libÚrent des milliers de détenus

À la tĂ©lĂ©vision publique, les rebelles ont annoncĂ© la chute du Â«tyran» Bachar el-Assad. Ils ont dit avoir libĂ©rĂ© tous les prisonniers Â«injustement dĂ©tenus» et appelĂ© Ă  sauvegarder les biens de l’État syrien Â«libre». Les rebelles avaient annoncĂ© plus tĂŽt sur Telegram Â«la fuite» de Bachar el-Assad et proclamĂ© Â«la ville de Damas libre»«La Syrie est Ă  nous, elle n’est pas Ă  la famille Assad», scandaient des rebelles armĂ©s qui circulaient dans des rues de Damas, tirant en l’air. Les soldats de l’armĂ©e syrienne se dĂ©barrassaient Ă  la hĂąte de leur uniforme, en sortant du siĂšge de l’état-major sur la place des Omeyyades, ont racontĂ© Ă  l’AFP des habitants.

«Assad a quittĂ© la Syrie via l’aĂ©roport international de Damas avant que les membres des forces armĂ©es et de sĂ©curitĂ© ne quittent» le site, a dĂ©clarĂ© Ă  l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane. L’AFP n’était pas en mesure de confirmer de source officielle oĂč se trouvait le prĂ©sident qui a dirigĂ© d’une main de fer la Syrie pendant 24 ans, rĂ©primant en 2011 dans le sang des manifestations prodĂ©mocratie qui se sont transformĂ©es en guerre civile.

«Les Ă©vĂ©nements extraordinaires» en cours en Syrie, sont suivis «attentivement» par le prĂ©sident amĂ©ricain, Joe Biden, selon la Maison blanche. Le prĂ©sident Ă©lu amĂ©ricain, Donald Trump, a affirmĂ© dimanche que Bachar el-Assad avait «fui» la Syrie aprĂšs avoir perdu le soutien de la Russie, son principal alliĂ©. Le soutien de Moscou, dont les troupes sont mobilisĂ©es par la guerre en Ukraine, s’est effritĂ© tout comme celui de l’Iran et du mouvement islamiste libanais Hezbollah, sortis affaiblis de la guerre au Liban, laissant le rĂ©gime isolĂ© face Ă  l’offensive rebelle dĂ©clenchĂ©e le 27 novembre dans le nord-ouest de la Syrie.

Vaste conquĂȘte en quelques jours

En quelques jours, devant l’effondrement des forces gouvernementales, les rebelles menĂ©s par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l’ancienne branche syrienne d’Al-QaĂŻda, ont conquis de vastes territoires et les grandes villes d’Alep et de Hama. Ils ont annoncĂ© dans la nuit de samedi Ă  dimanche avoir pris le contrĂŽle de Homs, la troisiĂšme ville du pays au nord de Damas, puis ĂȘtre entrĂ©s dans la capitale. Les rebelles ont lancĂ© un appel Â«pour rentrer en Syrie libre» aux Syriens dĂ©placĂ©s Ă  l’étranger par la guerre civile.

Un responsable des Émirats arabe unis a appelĂ© les Syriens Ă  travailler ensemble pour Ă©viter Â«le chaos». HTS, en rupture avec le jihadisme d’Al-QaĂŻda, tente depuis plusieurs annĂ©es de proposer une alternative politique dans la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, qu’il contrĂŽle depuis 2019, sans rĂ©ellement convaincre les chancelleries occidentales. Dans une vidĂ©o publiĂ©e sur Facebook, le premier ministre syrien, Mohamed al-Jalali, s’est dit prĂȘt Ă  coopĂ©rer avec tout nouveau Â«leadership» choisi par le peuple, prĂ©cisant qu’il serait dimanche matin dans ses bureaux au siĂšge du gouvernement pour toute procĂ©dure de Â«passation» de pouvoir.

Fin d’une «Úre sombre»

«AprĂšs 50 ans d’oppression sous le (parti au) pouvoir du Baas, et 13 annĂ©es de crimes, de tyrannie et de dĂ©placements, (depuis le dĂ©but du soulĂšvement en 2011, ndlr) nous annonçons aujourd’hui la fin de cette Ăšre sombre et le dĂ©but d’une nouvelle Ăšre pour la Syrie», ont dĂ©clarĂ© les rebelles. Le chef du HTS, Abou Mohammad al-Jolani, Ă  la tĂȘte de la coalition de groupes rebelles, certains soutenus par la Turquie, a appelĂ© ses combattants Ă  ne pas s’approcher des institutions publiques, ajoutant que celles-ci restaient sous contrĂŽle du Premier ministre jusqu’à la Â«passation officielle»

Le Hezbollah a retirĂ© parallĂšlement ses forces de la pĂ©riphĂ©rie de Damas et de la rĂ©gion de Homs, selon une source proche du mouvement. Les rebelles ont notamment profitĂ© du retrait de plusieurs rĂ©gions des forces gouvernementales face Ă  son offensive, malgrĂ© l’appui aĂ©rien de la Russie. Au sud de la capitale, prĂšs de la frontiĂšre jordanienne, les troupes gouvernementales ont Ă©galement perdu le contrĂŽle de la ville de Deraa, berceau du soulĂšvement de 2011, au profit de forces locales, selon l’OSDH.

Sur un autre front, dans la province de Deir Ezzor (est), les forces gouvernementales se sont retirĂ©es de territoires sous leur contrĂŽle et les Forces dĂ©mocratiques syriennes (FDS) dominĂ©es par les Kurdes s’y sont dĂ©ployĂ©es. Avec l’appui militaire de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah, le pouvoir dirigĂ© par Bachar el-Assad avait repris en 2015 une grande partie du pays. En 2020, un cessez-le-feu parrainĂ© par Ankara et Moscou avait ramenĂ© un calme prĂ©caire dans le nord-ouest.

Le Figaro