🇸🇧 Îles Salomon: la situation reste tendue, le quartier chinois visé par les émeutiers
Honiara, la capitale des îles Salomon, un archipel du Pacifique où vivent un peu plus de 700 000 habitants, est en proie à des émeutes violentes depuis mercredi. Les manifestants réclament la démission du Premier ministre. Ils lui reprochent une distribution inégalitaire des ressources du gouvernement mais aussi son choix d’établir des relations diplomatiques avec la Chine en 2019, au détriment de Taiwan. Le gouverneur général de l’archipel a décrété un couvre-feu.
Un commissariat et une école brûlée, des manifestants qui font le siège du Parlement. Deux jours après le début d’émeutes que personne n’avait vu venir, le climat reste tendu à Honiara. C’est l’avis de l’un des rares Français vivant sur place contacté par notre correspondant à Sydney, Grégory Plesse. Il souhaite rester anonyme : « Ça reste très agité. La manufacture de tabac, filiale de BAT a été pillée ce matin. Et la maison du Premier ministre, qui se trouve près de l’aéroport, a été brûlée. »
C’est aussi le cas de dizaines de commerces chinois qui ont été pillés et incendiés. Des milliers de personnes, certaines armées de haches et de couteaux, s’en sont prises au quartier chinois et au centre des affaires de la ville. Des victimes collatérales, d’après le Premier ministre Manasseh Sogavare, du choix de ce dernier d’établir des relations diplomatiques avec la Chine, au détriment de Taiwan.
Manasseh Sogavare assure que des puissances étrangères sont à l’origine de ces troubles, celles opposées à la décision prise en 2019 par son gouvernement de ne plus reconnaître diplomatiquement Taïwan mais la Chine. « Malheureusement, c’est influencé et encouragé par d’autres puissances…. Je ne veux pas citer de noms, nous en resterons là, nous savons qui ils sont », a déclaré le Premier ministre de cet archipel du Pacifique à la télévision australienne.
Des tensions entre les îles
D’autres pointent du doigt les difficultés économiques aggravées par la pandémie de Covid-19 et la rivalité historique entre les habitants de l’île la plus peuplée du pays, Malaita, et celle de Guadalcanal où est basée le gouvernement.
C’est ce que confirme Alexandre Dayant, chercheur spécialiste du Pacifique à l’Institut Lowy de Sydney, joint par notre correspondant. Il fait part notamment de la discrimination dont les habitants de l’île de Malaita se disent victimes. Ils représentent l’essentiel des manifestants : « Malaita, c’est l’île la plus peuplée, c’est aussi l’un des poumons économiques. Mais elle se sent très souvent mise de côté lorsqu’on parle de projets nationaux et de projets de développement du pays… » Pour mémoire, les Îles Salomon sont un État regroupant des centaines d’îles du sud du Pacifique.
À la fin des années 1990, des violences ethniques avaient éclaté, une partie de la population autochtone de Guadalcanal s’en prenant aux habitants de Malaita venus s’établir sur leur île. Des troubles avaient secoué le pays pendant cinq ans.
L’Australie a dépêché une centaine de policiers et de militaires pour assurer la stabilité du pays et la Papouasie-Nouvelle-Guinée voisine a annoncé ce vendredi 26 novembre le déploiement de 34 soldats chargés du maintien de la paix.
RFI (avec AFP)