🇷🇺 “Poutine est assez fort pour attaquer l’OTAN” : comment pourrait procéder le président russe?

🇷🇺 “Poutine est assez fort pour attaquer l’OTAN” : comment pourrait procéder le président russe?

“Poutine n’osera pas s’attaquer à l’OTAN, il sait que l’Occident est plus fort.” Cette analyse exprimée par de nombreux experts va à l’encontre du document secret “Alliance Defence 2025″ qui révèle que l’armée allemande se prépare à une attaque russe qui pourrait même avoir lieu dès cette année. Un chercheur de l’université d’Oslo explique comment, selon lui, Vladimir Poutine pourrait procéder. “Il peut rapidement prendre le dessus en tirant des missiles sur plusieurs pays de l’OTAN. L’Occident sera alors confronté au choix de plier ou de subir de grandes souffrances”.

Non, Vladimir Poutine ne veut pas planter le drapeau russe à Berlin, Rome ou Paris. Et même s’il envahit un ancien État soviétique appartenant aujourd’hui à l’OTAN, comme la Lettonie ou la Lituanie, sa volonté ne semble pas forcément de l’annexer à la Russie. Sa priorité? Redessiner son rapport de force avec l’Occident et l’ancrer dans un accord. Une confrontation militaire avec l’OTAN ne devrait pas s’apparenter à une guerre totale comme en Ukraine. Il est bien conscient qu’il ne serait pas en mesure de remporter une telle guerre.

© NATO

Invasion d’ici la fin de l’année

Le scénario envisagé par l’armée allemande, selon un document rapporté par “Bild”, pourrait conduire à une nouvelle mobilisation pour l’Ukraine dès le printemps. Vladimir Poutine souhaiterait y envoyer 200.000 soldats supplémentaires, de sorte que, aidé par une réduction du soutien occidental, il puisse parvenir à ses fins d’ici l’été. Il pourrait également s’orienter vers les États baltes avec des troupes envoyées aux frontières. Une confrontation avec les États-Unis pourrait intervenir en fin d’année, alors occupés par leur scrutin présidentiel.

À ce moment-là, l’OTAN serait contrainte de réagir. Si l’alliance occidentale agit rapidement et à grande échelle, la Russie n’aura aucune chance. En guise de réponse, Poutine pourrait à nouveau brandir la menace nucléaire.

L’OTAN sera au minimum paralysée par un débat interne, alors qu’à ce moment-là, elle pourrait déjà devoir se passer des États-Unis si Donald Trump était réélu. “Ce sera une guerre non pas de puissance militaire, mais de volonté de prendre des risques”, affirme Fabian Hoffmann, spécialiste de la défense à l’université d’Oslo.

© ANP / EPA

Attaques de missiles sur des infrastructures civiles

L’expert prédit même que les Russes accompagneront leur invasion d’une série d’attaques de missiles contre d’autres États membres de l’OTAN. Ces attaques pourraient viser des infrastructures civiles ciblées, telles que des centrales électriques, destinées à renforcer la menace.

“Ne vous précipitez pas pour aider vos alliés en Europe de l’Est, car vous risquez de voir votre propre peuple souffrir”, assure Fabian Hoffmann. “La Russie pourrait rapidement prendre le dessus et mettre fin aux hostilités avant même que l’OTAN n’ait déployé tous ses moyens.”

© NATO

“C’est la crainte d’une escalade et des dommages qui en résulteraient qui devrait ouvrir la porte aux négociations”, assure l’expert. “Des négociations sur l’avenir de l’OTAN et de l’architecture de sécurité en Europe telle que la Russie la désire.”

Un accord sur ce point pourrait impliquer qu’il n’y ait plus d’expansion de l’OTAN vers l’est, que l’on accepte une scission définitive de l’Ukraine et une large zone tampon le long de la frontière russe qui ne pourrait accueillir aucune troupe de l’OTAN ni aucun système d’armement. Cette zone pourrait inclure des parties de la Finlande et de la Pologne, ainsi que l’ensemble des États baltes, s’ils sont autorisés à rester au sein de l’OTAN.

© AFP

Manque de détermination

La Russie n’a donc pas besoin d’être sur un pied d’égalité militaire avec l’OTAN pour envisager ce scénario. Elle peut l’emporter en raison du manque de détermination de l’Occident, de ses divisions et de ses discussions interminables sur les risques et les coûts.

“C’est la leçon tirée de l’Ukraine”, poursuit Fabian Hoffmann. “La Russie n’a même pas besoin d’attendre d’être réarmée. Les scénarios selon lesquels l’Occident dispose de cinq à dix ans supplémentaires pour se préparer à une attaque russe me semblent beaucoup trop optimistes. Au mieux, il nous reste deux à trois ans pour mettre en place une force de dissuasion crédible.”

Une dissuasion qui n’interviendra pas si davantage de troupes de l’OTAN sont envoyées en Europe de l’Est. L’important est de convaincre Poutine que la route lui sera barrée. Que l’Occident ne s’effacera pas pour éviter une escalade.

7sur7