🇷🇺 Poutine déploie une nouvelle arme en Ukraine: qu’est-ce que le missile hypersonique “Poignard”?

🇷🇺 Poutine déploie une nouvelle arme en Ukraine: qu’est-ce que le missile hypersonique “Poignard”?

Vladimir Poutine a déployé le missile hypersonique Kinjal (“Poignard” en français, NDLR) contre lequel l’Ukraine est totalement impuissante. “En neuf minutes, nous pouvons raser Londres”, a déclaré l’un des fidèles du Kremlin à propos de cette arme redoutable. Alors pourquoi le président russe ne le déploie-t-il pas en masse? Selon l’expert militaire Kris Quanten, il a une bonne raison à cela.

Ce jeudi, la Russie a bombardé l’Ukraine avec des tirs de roquettes incessants. Sur 84 missiles, 34 ont été abattus. Mais sur les six Kinjal qui ont été tirés, aucun n’a été abattu. “Nous n’avons aucune défense contre de telles armes”, a déclaré un porte-parole ukrainien de l’armée de l’air.

Un MiG-31 russe transportant un Kinjal: le missile, une fois largué, se dirige vers sa cible à 14.000 km/h. © AP

Un déploiement limité

Le Kh-47M2 Kinjal appartient à la nouvelle génération d’armes et n’a été utilisé que de manière limitée pendant la guerre en Ukraine. Au cours du premier mois, les Russes ont affirmé avoir détruit un dépôt d’armes souterrain à l’aide du “Poignard” et l’arme a également été utilisée dans la ville portuaire d’Odessa. Jeudi dernier, six de ces missiles hypersoniques ont touché des infrastructures critiques et des cibles civiles.

Qu’est-ce qui rend cette arme si exceptionnelle? “Il s’agit d’un missile hypersonique qui atteint Mach 12, soit 12 fois la vitesse du son”, explique Kris Quanten, professeur d’histoire militaire à l’Académie royale militaire. “Il en résulte un certain effet: une sorte de plasma se forme autour de la fusée, ce qui fait que la fusée ne peut pas être détectée, ou très difficilement, par les systèmes radars”.

2.000 km, 2.000 kg

Ce n’est pas seulement sa vitesse de plus de 14.000 km/h qui fait du Kinjal un engin d’une efficacité redoutable. “Le missile pèse 2.000 kg et a une portée de 2.000 km. Cela signifie qu’il peut être tiré depuis la mer Noire ou depuis le territoire russe. L’avion MiG-31 est utilisé pour transporter ces missiles. Poutine a déjà mis en avant cette portée en affirmant qu’il pouvait atteindre n’importe quelle capitale européenne. ‘En neuf minutes, nous pouvons fermer Londres’, a déclaré un jour l’un des piliers du Kremlin à la télévision russe.”

Le Kinjal est aussi avant tout une arme de dissuasion. La plateforme peut également transporter des ogives nucléaires. “Juste avant l’invasion de l’Ukraine, les Russes ont transféré des missiles Kinjal à Kaliningrad (ville russe située près de la Pologne, à 600 km de Berlin, ndlr). Il s’agissait principalement d’un avertissement à l’Occident: n’intervenez pas, car nous pouvons vous frapper. Rappelez-vous la frégate russe Admiral Gorshkov qui est passée au large des côtes belges en janvier: il avait des Kinjal à bord.”

Les six missiles Kinjal qui ont fait partie de l’attaque majeure de jeudi dernier visaient principalement des infrastructures. Et c’est plutôt surprenant, estime le professeur Quanten. “Je suis étonné qu’ils aient été utilisés de manière ‘canalisée’, c’est-à-dire contre des infrastructures critiques, des sources d’énergie et d’eau. Il s’agit en fait d’une sous-utilisation d’un système coûteux et performant. Normalement, ces missiles sont déployés pour détruire des cibles très spécifiques et stratégiquement importantes, telles que des aérodromes ou des dépôts d’armes. Par exemple, pour détruire le site des chars d’assaut occidentaux. Ce n’est pas ce qu’ils ont fait. C’est incompréhensible”.

Montrer que la Russie “peut encore riposter”

“Le week-end dernier, les troupes ukrainiennes ont mené une attaque dans la région russe de Briansk. Le déploiement des Kinjal était-il une réponse à cela? Poutine pouvait ainsi montrer à son peuple que la Russie peut encore riposter après une attaque et se féliciter”, s’avance l’expert militaire.

L’Ukraine attend toujours les missiles de défense Patriot promis par les États-Unis et l’Allemagne. Mais même ceux-ci ne seront pas assez performants pour arrêter un missile Mach 12. Alors pourquoi Poutine ne les déploie-t-il pas en masse? “Il s’agit d’une arme récemment développée”, explique Kris Quanten. “Toutes les estimations des services de renseignement occidentaux supposent que la Russie possède un nombre très limité d’exemplaires du missile. Nous ne savons pas combien exactement, mais je suis convaincu que ce nombre est limité. La seule estimation de ce nombre provient de l’Ukraine. Selon elle, la Russie n’en avait pas plus de 50 au début de la guerre.”

Kris Quanten, professeur d’histoire militaire à la Royal Military School. © DR

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