🇷🇺 “Nous détruirons Poutine”: pourquoi le président russe doit craindre le groupe qui revendique l’assassinat de Daria Douguina
L’Armée nationale républicaine russe a revendiqué le meurtre de Daria Douguina et déclaré la guerre au Kremlin. Qui est derrière ce groupe? Qui veut-elle frapper? Pourquoi appelle-t-elle à lever un drapeau blanc-bleu-blanc? Selon l’expert de la Russie Mark Galeotti, Vladimir Poutine “a plus à craindre d’une telle guérilla armée que de la récente vague d’attentats ukrainiens”.
“Nous sommes des militants, des soldats et des politiciens russes. Des partisans qui mettent hors la loi les bellicistes, les bandits et les oppresseurs du peuple russe”. C’est par ces mots que commence le manifeste paru dimanche soir sur l’application Telegram. La fille de l’“idéologue maison” de Vladimir Poutine, Alexandre Douguine, assassinée le 21 août dernier, n’est pas mentionnée dans le texte.
Notre objectif est d’arrêter la destruction de la Russie et de ses voisins. Poutine est un criminel de guerre. Il a déclenché une guerre fratricide entre les peuples slaves et envoie les soldats russes vers une mort certaine et inutile.
Extrait du manifeste de l’Armée nationale républicaine
“Notre objectif est d’arrêter la destruction de la Russie et de ses voisins”, poursuit le manifeste, qui qualifie Vladimir Poutine de “criminel de guerre”. “Il a déclenché une guerre fratricide entre les peuples slaves et envoie les soldats russes vers une mort certaine et inutile”. Le texte promet de ne jamais frapper les civils, mais menace de nouvelles violences contre les “serviteurs des structures de pouvoir”, les transports militaires et les personnes qui financent la guerre. “Nous écarterons et détruirons Poutine.”
Plusieurs théories
À ce stade, aucun expert n’est en mesure d’affirmer qui se cache derrière le groupe “Natsionalnoy Respoeblikanskoy Armii”. Certains considèrent qu’il pourrait s’agir d’une “opération sous faux drapeau” menée par les services de sécurité russes, qui auraient sacrifié la fille de Douguine pour attiser l’inimitié du peuple envers les opposants et justifier une répression encore plus sévère contre l’Ukraine.
De telles manœuvres auraient déjà été commises lors de l’accession au pouvoir de Poutine. En 1999, plus de 300 personnes sont décédées dans des attentats à la bombe contre des immeubles d’habitation à Moscou. Les autorités russes avaient alors imputé cette attaque aux indépendantistes tchétchènes, ce qui a ouvert la voie à une nouvelle guerre entre les deux pays (le premier conflit armé s’étant déroulé de 1994 à 1996, NDLR).
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Selon une autre théorie, ce sont des dissidents au régime russe qui seraient derrière cette attaque meurtrière. Ilya Ponomarev, l’homme qui a diffusé le manifeste de l’Armée nationale républicaine, est un vieil ennemi de Poutine. Il a siégé en haut de l’échelle au conseil d’administration de Yukos, le géant du pétrole et du gaz naturel qui a été fermé par Poutine lorsque le cadre supérieur Mikhail Khodorkovsky est tombé en disgrâce. Il y a dix ans, Ponomarev s’est fait remarquer par le Parlement russe, où il a siégé de 2007 à 2016, en qualifiant le parti Russie Unie de Poutine de “tricheurs et de voleurs”. En mars 2014, il a été le seul député à voter contre l’annexion de la Crimée en Ukraine.
Drapeau blanc-bleu-blanc
Ilya Ponomarev vit actuellement à Kiev et a obtenu la nationalité ukrainienne en 2016. Quant à savoir s’il fait partie de l’Armée nationale républicaine, l’ancien député russe se montre très évasif, stipulant qu’il a simplement diffusé le manifeste sur Telegram à la demande de la “Natsionalnoy Respoeblikanskoy Armii”. Un manifeste qui ne fait, en outre, aucune référence aux autorités ukrainiennes, pourtant déjà accusées par Moscou d’avoir commis l’attaque contre Douguina.
L’Armée républicaine nationale s’adresse aux militaires russes afin qu’ils cessent de tirer “sur nos frères en Géorgie, en Syrie et dans d’autres pays”, et invite aussi les citoyens à lever le drapeau blanc-bleu-blanc, symbole d’une Russie sans Poutine, sans le rouge des bains de sang.
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Perçu comme un signe de faiblesse
Il y a peu de chances qu’une résistance russe armée puisse un jour réussir à détrôner Poutine, mais selon l’expert russe Mark Galeotti, le président a plus à craindre d’une telle guérilla intérieure que de la récente vague d’attaques ukrainiennes. “Si Poutine ne peut pas empêcher des attaques comme celle contre Douguina, cela sera perçu dans certains milieux comme un signe de faiblesse”, affirme le professeur du Royal United Services Institute for Defence and Security Studies (RUSI) dans le magazine britannique “The Spectator”.
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