🇷🇺 “L’impitoyable” général Sourovikine “a été démis de ses fonctions”
Le général russe Sergueï Sourovikine, un temps en charge de l’offensive en Ukraine, a été limogé de son poste de commandant en chef des forces aérospatiales, selon plusieurs médias, deux mois après la rébellion de Wagner, dont il était jugé proche.
“Le général d’armée Sergueï Sourovikine a été démis de ses fonctions”, a affirmé mercredi l’agence de presse d’État Ria Novosti, citant une source au fait des mouvements internes à l’armée. Selon Ria Novosti, M. Sourovikine, 56 ans, a été remplacé par le général Viktor Afzalov.
Pas d’annonce du Kremlin
Ni le Kremlin, ni le ministère russe de la Défense n’ont fait d’annonces dans l’immédiat, alors que les changements au sein de l’armée se font souvent dans l’opacité. Le quotidien russe RBK et l’ancien rédacteur en chef de la radio Echo de Moscou, Alexeï Venediktov, ont cependant annoncé le limogeage de Sergueï Sourovikine, tout comme Rybar, un influent blog militaire couvrant les combats en Ukraine.
Rumeurs de remaniements
Depuis la fin de la rébellion du groupe paramilitaire Wagner fin juin, des rumeurs faisaient état de remaniements au sein du commandement militaire, notamment au sujet de Sergueï Sourovikine. Lors de la révolte de 24 heures de Wagner qui a ébranlé le pouvoir russe, M. Sourovikine avait appelé les mutins à “arrêter” et à rentrer dans leurs casernes “avant qu’il ne soit trop tard”. Mais le général était néanmoins jugé proche de Wagner et de son chef, Evgueni Prigojine.
“Le général Armageddon”
Surnommé le “général Armageddon” pour ses méthodes brutales, il était l’un des principaux commandants de l’intervention militaire russe en Ukraine. Il avait reçu auparavant le soutien affiché et les louanges d’Evgueni Prigojine et de Ramzan Kadyrov, le dirigeant de la Tchétchénie.
Remplacé 3 mois plus tard
En mai dernier, alors que M. Prigojine insultait le ministère russe de la Défense, l’accusant de priver ses mercenaires de munitions, il avait obtenu que M. Sourovikine devienne son principal interlocuteur. Avant cela, quand M. Sourovikine avait été nommé commandant des forces russes en Ukraine, début octobre 2022, Evguéni Prigojine, s’était réjoui de cette nomination. Mais, trois mois plus tard seulement, le général était remplacé par le chef de l’état-major. Une défaite pour Wagner.
Défaite humiliante à Kherson
En novembre 2022, c’est sous les ordres de M. Sourovikine que les troupes russes ont dû se retirer de la ville de Kherson et de la rive droite du Dniepr, dans le sud de l’Ukraine. Une défaite indubitable pour Moscou. Le général a ensuite été l’artisan d’une campagne de bombardements automnale et hivernale contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, censée faire plier le pays, mais qui n’a pas réussi.
Afghanistan, Tchétchénie, Syrie
Après son remplacement par M. Guérassimov, M. Sourovikine est resté dans le cercle des commandants, jouissant d’une image de dur, lui, le vétéran de la guerre soviétique en Afghanistan, de la deuxième guerre de Tchétchénie dans les années 2000 et de la brutale campagne syrienne de 2015 qui lui a valu le surnom de “Boucher syrien”.
“Commandant impitoyable”
“C’est une personne très connue, les militaires parlent beaucoup de lui. Il a la réputation d’être un commandant dément, (…) impitoyable”, relevait cet automne à l’AFP un expert militaire russe réputé, sous couvert d’anonymat. D’autres experts soulignent, eux, ses qualités de commandant. Le groupement de forces “Sud” qu’il dirigeait jusqu’à l’automne en Ukraine a été celui qui a pris le plus de territoires ukrainiens. En Russie, il est aussi connu pour avoir pris part à la tentative de coup d’État échouée de 1991, qui a signé l’arrêt de mort de l’URSS. Emprisonné après que les troupes sous son commandement eurent tué trois manifestants pro-démocratie, M. Sourovikine avait été libéré quelques mois plus tard.
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