🇷🇺 Le point sur cette première journée de guerre en Ukraine

🇷🇺 Le point sur cette première journée de guerre en Ukraine

Après l’annonce par Vladimir Poutine du déploiement de l’armée russe sur le territoire ukrainien, cette première journée a été marquée par l’avancée des troupes vers Kiev.

Voir aussi : 🇺🇦 Guerre en Ukraine : un premier bilan fait état de 137 morts côté Ukrainien depuis le début du conflit

Des combats meurtriers entre Russes et Ukrainiens se déroulaient ce jeudi 24 février jusqu’aux portes de Kiev et la centrale nucléaire de Tchernobyl est tombée aux mains des assaillants, à la suite du déclenchement par l’armée de Vladimir Poutine d’une attaque massive contre l’Ukraine, avec frappes aériennes et invasion terrestre.

La première journée de l’offensive, qualifiée de “succès” par le ministère russe de la Défense, a fait en quelques heures des dizaines de morts, provoquant un tollé dans la communauté internationale. 

L’attaque a commencé à l’aube, après que Vladimir Poutine eut reconnu ce lundi 21 février l’indépendance de territoires séparatistes ukrainiens du Donbass, puis fait valider ce mardi 22 février une intervention militaire par le Parlement russe.

“J’ai pris la décision d’une opération militaire spéciale” ayant pour but “une démilitarisation et une dénazification de l’Ukraine”, a annoncé le maître du Kremlin à la télévision avant l’aube. Une annonce qui a pris de cours les ukrainiens au réveil ce jeudi matin.

“Nous n’avons pas dans nos plans une occupation des territoires ukrainiens, nous ne comptons rien imposer par la force à personne”, a-t-il affirmé, appelant les militaires ukrainiens à “déposer les armes”.

Pour tenter de justifier cette intervention, le président russe a notamment réitéré ses accusations -infondées- d’un “génocide” orchestré par Kiev dans les territoires séparatistes prorusses, cité un appel à l’aide des séparatistes et dénoncé la politique agressive de l’OTAN. La Russie n’avait “aucun autre moyen” de se défendre, a-t-il affirmé devant la presse jeudi soir.

Les troupes russes s’emparent de Tchernobyl

Peu après 19 heures, heure française, la Russie a pris le contrôle de la centrale de Tchernobyl, site du pire accident nucléaire de l’histoire en 1986, a annoncé la présidence ukrainienne.

“Après des combats acharnés, nous avons perdu le contrôle sur le site de Tchernobyl”, a déclaré Mikhaïlo Podoliak, un conseiller de la présidence.

Kiev avait fait état plus tôt de combats près du dépôt des déchets nucléaires du site et le président de l’Ukraine Volodymyr Zelensky avait qualifié cet acte de “déclaration de guerre contre l’Europe entière”.

La Russie gagne du terrain vers Kiev

Avant que la centrale de Tchernobyl ne tombe aux mains des soldats russes, des explosions ont retenti à Kiev, peu après le discours prononcé à l’aube par Vladimir Poutine. Des explosions également observées à Kramatorsk, une ville de l’est qui sert de quartier général à l’armée ukrainienne, à Kharkiv (nord-est), la deuxième ville d’Ukraine, à Odessa, sur la mer Noire, et à Marioupol, le principal port de l’est de ce pays.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a proclamé la loi martiale et annoncé la rupture des relations diplomatiques avec Moscou.

Dans la matinée, un membre de son équipe indiquait que “plus de 40 militaires ukrainiens avaient péri, des dizaines blessés” et “près de 10 civils tués”. Rien que dans la région d’Odessa, le bilan officiel était de 18 habitants d’un village morts dans des frappes. En début de soirée, les autorités de la région de Kherson, dans le sud du pays ont par ailleurs fait état de 13 civils et neuf militaires tués.

Au fil des heures, les forces russes semblaient s’approcher de Kiev, où un couvre-feu a d’ores et déjà été imposé. Les autorités ukrainiennes ont assuré que les forces terrestres russes étaient dans les environs de la capitale et qu’un avion militaire ukrainien s’était écrasé dans la région avec 14 personnes à son bord. 

Zelensky a par ailleurs déclaré que l’armée ukrainienne tentait de reprendre un aéroport militaire près de Kiev, où des “parachutistes ennemis ont été stoppés”.

Les deux camps faisaient des déclarations invérifiables, mais l’armée russe semble gagner du terrain. Dans la région de Kherson, les autorités locales ont annoncé que les troupes russes étaient présentes dans plusieurs zones et avaient notamment pris le contrôle de Genichesky, une ville à quelque 300 km à l’ouest de la frontière russe. 

Dans le même temps, environ 100.000 personnes ont fui leur foyer en Ukraine, et plusieurs milliers d’autres ont déjà quitté le pays a affirmé l’ONU ce jeudi. “Nous pensons qu’environ 100.000 personnes ont dû déjà avoir quitté leur domicile et pourraient être déplacées à l’intérieur du pays, et que plusieurs milliers de personnes ont franchi les frontières internationales”, a déclaré à l’AFP une porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Shabia Mantoo.

De nouvelles sanctions et un appel entre Poutine et Macron

Après de premières sanctions en début de semaine, le président américain a annoncé sur Twitter que les dirigeants du G7, au cours d’une réunion virtuelle jeudi, s’étaient mis d’accord pour infliger des sanctions “dévastatrices” à la Russie. Les Européens promettaient quant à eux un “isolement sans précédent” des responsables russes.

Lors d’une allocution en ce début d’après-midi, Emmanuel Macron a renouvelé son soutien à l’Ukraine après un conseil de défense organisé dans la matinée.

“La France se tient aux côtés de l’Ukraine. Je veux saluer le courage et la
détermination du Président ukrainien, des autorités et du peuple. Leur liberté est la nôtre”, a-t-il déclaré quelques heures après le début de l’offensive russe avant d’appeler à l’“unité” autour des “principes nous ont fait et continuent de nous tenir ensemble”.

“En reniant sa parole, en refusant la voie diplomatique, en choisissant la guerre, le Président Poutine n’a pas seulement attaqué l’Ukraine, il a décidé de bafouer la souveraineté de l’Ukraine, selon Emmanuel Macron.

Mais Moscou a promis une réplique “sévère” à ces sanctions. Les analystes soulignaient de leur côté que Vladimir Poutine avait déjà montré qu’il ne craignait ni l’isolement ni d’ébranler l’ordre international, bien au contraire.

Dans la soirée de jeudi, le président français et le président russe se sont de nouveau contactés par téléphone. Un échange “franc” selon le Kremlin, tandis que l’Elysée annonce que l’appel venait d’Emmanuel Macron, pour “exiger l’arrêt immédiat” de l’offensive. 

“Après avoir parlé au président ukrainien, et en concertation avec lui, le président a appelé Vladimir Poutine pour exiger l’arrêt immédiat des opérations militaires russes, en rappelant que la Russie s’exposait à des sanctions massives”, a indiqué Paris alors qu’Emmanuel Macron participait à un sommet européen exceptionnel à Bruxelles.

S’exprimant en début de soirée, Joe Biden a déclaré que “la Russie va en payer les conséquences”. En réaction à l’invasion russe de l’Ukraine, le président américain a annoncé des sanctions économiques ainsi que des restrictions d’exportation contre la Russie. Quatre banques russes supplémentaires vont aussi être sanctionnées et plus de la moitié des importations technologiques de la Russie supprimées, a-t-il affirmé lors d’un discours depuis la Maison Blanche.

“Cela imposera un coût sévère à l’économie russe, à la fois immédiatement et à long terme”, a prévenu le dirigeant américain. “Poutine est l’agresseur”, a dénoncé le président des États-Unis lors de cette allocution et déclare “ne pas avoir prévu de s’entretenir” avec le président Russe.  

Panique sur les marchés 

L’annonce de la guerre par Vladimir Poutine a aussi semé la tempête sur les marchés mondiaux, avec chute des Bourses et flambée des cours des matières premières et des céréales. Le pétrole a notamment franchi les 100 dollars le baril, une première depuis 2014.

La Bourse de Moscou a plongé de plus de 35% et le rouble a touché un plus bas historique face au dollar, avant l’intervention de la banque centrale de Russie.

La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a prévenu que le conflit faisait peser “un important risque économique pour la région et le monde”, au moment où l’économie mondiale tente de se relever de la pandémie de Covid-19. 

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