🇵🇸 Siwar, 6 mois, devient le symbole déchirant de la famine à Gaza

🇵🇸 Siwar, 6 mois, devient le symbole déchirant de la famine à Gaza

Son regard éteint, son corps frêle… Les images de Siwar Ashour, bébé palestinienne de six mois hospitalisée à Gaza, ont bouleversé le monde. Elle incarne aujourd’hui la détresse extrême des civils face à une famine qui ravage la bande de Gaza depuis des mois.

image 113
Siwar Ashour. © Anadolu via Getty Images

Un nourrisson trop faible pour pleurer

Les photos de Siwar, publiées cette semaine, montrent un bébé gravement amaigri, allongé sur un lit d’hôpital, incapable de pleurer tant ses forces sont réduites. Siwar est née le 20 novembre 2024, avec un poids de 2,5 kg. Elle souffre d’une malformation congénitale de l’œsophage qui rend l’allaitement difficile. Un lait spécial est nécessaire pour la nourrir, mais ce produit est devenu quasi introuvable en raison du blocus israélien.

La BBC a filmé son calvaire dans un reportage diffusé depuis l’hôpital Nasser de Khan Younis. Une séquence glaçante qui met en lumière la crise humanitaire à Gaza.

Une vie commencée sous les bombes

Siwar est née à Al-Nuseirat, dans le centre de Gaza. Sa maison familiale a été détruite par un bombardement israélien au début du conflit en 2023. Depuis, ses parents, Najwa Aram et Saleh Ashour, vivent dans les décombres d’un bâtiment partiellement effondré, sans eau potable ni aide alimentaire stable.

C’est dans une seule pièce encore debout, entourée de onze autres personnes, que Siwar a vu le jour. « Il n’y avait pas d’intimité, pas de paix, pas de nourriture », raconte Najwa. « Elle était belle, mais si faible. Maintenant, elle est anormalement maigre. Un bébé de six mois devrait peser six kilos, pas deux ou quatre. »

Une grossesse au milieu du chaos

Najwa, âgée de 23 ans, a appris récemment qu’elle était de nouveau enceinte. Une nouvelle qui lui apporte peu de réconfort. « J’ai peur de perdre Siwar avant la naissance de son petit frère ou de sa petite sœur », confie-t-elle, désemparée. Saleh, son mari aveugle, n’a pu visiter l’hôpital qu’une seule fois, faute de moyens. Toute la famille dépend désormais exclusivement de l’aide humanitaire, elle aussi de plus en plus rare.

Des hôpitaux saturés, des moyens épuisés

Après un bref espoir en mars, lorsqu’elle a été admise à l’hôpital de Deir al-Balah, Siwar avait recommencé à jouer et à sourire. Mais l’établissement n’a pu la garder, et elle a rapidement rechuté. Elle est désormais prise en charge à l’hôpital Nasser, à Khan Younis, débordé par l’afflux de patients.

« Nous avons cinq à dix cas de malnutrition sévère chaque jour. Nous manquons de protéines, de lait, de tout », alerte le Dr Ahmed al-Farah, chef du service pédiatrique. Le personnel médical est à bout de ressources, et l’électricité pourrait être coupée dans les 48 heures, faute de carburant. « On m’a enseigné les concepts de malnutrition en théorie. Maintenant, je les vois tous les jours dans la vraie vie, sous mes yeux. »

Un drame humanitaire dénoncé

Le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, accuse Israël de créer « délibérément » cette famine, parlant de « pure cruauté ». Depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque du Hamas en octobre 2023 ayant fait environ 1.200 morts côté israélien, plus de 52.000 Palestiniens ont été tués, selon les autorités locales.

image 114
Des Palestiniens dans les décombres de la mosquée Al-Hasanat, détruite lors d’une frappe aérienne israélienne sur al-Nuseirat le 12 mai 2025. © AFP
image 115
Des enfants palestiniens font la queue pour avoir de la nourriture. © AFP
image 116
Osama Al-Reqep, un garçon palestinien de cinq ans, est allongé sur un lit à l’hôpital Nasser, où il est soigné, à Khan Younis. © REUTERS
image 117
Des enfants palestiniens font la queue pour de la nourriture © AFP