🇵🇸 14.000 bébés risquent de mourir de faim à Gaza dans les prochaines 24 heures : “Les gens préféreraient être tués dans une attaque aérienne”

🇵🇸 14.000 bébés risquent de mourir de faim à Gaza dans les prochaines 24 heures : “Les gens préféreraient être tués dans une attaque aérienne”

Alors que la famine atteint un niveau critique dans la bande de Gaza, l’aide humanitaire promise tarde à arriver. Le Programme alimentaire mondial tire la sonnette d’alarme : des milliers d’enfants sont à l’agonie, tandis que le monde assiste à une catastrophe évitable.

Une famine organisée par la guerre

Depuis le début du blocus total de Gaza, l’aide humanitaire est devenue quasi inexistante pour les 2,1 millions d’habitants. Malgré l’annonce lundi par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d’une réouverture partielle de l’entrée de l’aide d’urgence, aucun camion n’avait encore atteint les points de distribution des Nations Unies à l’heure actuelle, selon le porte-parole Stéphane Dujarric.

Alors qu’avant la guerre, 500 camions entraient quotidiennement dans Gaza pour subvenir aux besoins vitaux, seuls quatre à douze camions ont été autorisés à passer ces derniers jours, selon les estimations très divergentes des autorités israéliennes et des ONG présentes sur le terrain. Cette aide, déjà dérisoire, n’a pas encore été distribuée aux populations.

245 calories par jour : le seuil de la survie

Les ONG alertent depuis des mois sur l’utilisation délibérée de la famine comme arme de guerre. Dès décembre 2023, Human Rights Watch accusait Israël de recourir à la privation alimentaire pour faire pression sur la population civile. En avril 2024, Oxfam estimait que les Gazaouis survivaient avec 245 calories par jour, soit moins de 12 % des besoins caloriques quotidiens d’un adulte.

Les ministres israéliens de la Défense, de la Sécurité nationale et de l’Énergie avaient même affirmé publiquement leur intention de couper les civils de tout accès à l’eau, à la nourriture et au carburant.

14.000 nourrissons en danger de mort

La situation est désormais critique. Selon Tom Fletcher, chef des affaires humanitaires de l’ONU, 14.000 bébés pourraient mourir dans les prochaines 48 heures si l’aide ne leur parvient pas. Au total, un demi-million de Gazaouis risquent de souffrir de famine, et plus de 70.000 enfants ainsi que 17.000 femmes enceintes ou allaitantes nécessitent un traitement urgent contre la malnutrition aiguë.

Le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) alerte sur une situation qui pourrait déboucher, à tout moment, sur une déclaration officielle de famine, selon les critères des Nations Unies.

“Une lente condamnation à mort”

Les témoignages de terrain sont glaçants. Faute de farine, certaines mères écrasent des pâtes pour fabriquer un substitut de pain. Un sac de farine coûte aujourd’hui 492 euros, contre 9 euros avant la guerre. Et encore, la farine est souvent pourrie ou impropre à la consommation.

“Les cuisines d’urgence ont chuté de 180 à 61”, explique Antoine Renard du Programme alimentaire mondial (PAM). Elles ne peuvent désormais nourrir qu’un quart des personnes qu’elles atteignaient auparavant.

La directrice exécutive du PAM, Kate Newton, rapporte que des enfants vendent leurs jouets pour acheter un morceau de pain, et que certaines familles n’ont pour tout repas qu’un bol de soupe contenant 16 haricots. Un garçon de six ans a cédé son dernier jouet pour obtenir un simple bout de pain.

Nour Hammad, travailleuse humanitaire, ajoute : “Ce qui nous hante le plus, c’est d’entendre les gens dire qu’ils préféreraient mourir dans une frappe aérienne que de mourir de faim en mentant à leurs enfants sur le prochain repas.”

Un crime de guerre dénoncé

Lors de la conférence “SOS Gaza” organisée à Gand, le philosophe Ludo Abicht a dénoncé l’utilisation de la faim comme arme de guerre, qualifiant cette pratique de “barbare et délibérée”. Selon lui, tout État qui ne s’oppose pas clairement à cette stratégie devient complice d’un crime de guerre.

Abicht critique également l’attitude hypocrite de certains gouvernements, y compris le sien, qui s’indignent contre certains pays mais restent silencieux face à la situation à Gaza. “Si vous prenez des mesures contre un pays pour une raison donnée, vous devez faire la même chose contre un autre pays dans des circonstances similaires”, a-t-il déclaré.

53.000 morts depuis octobre

Depuis le début de la guerre en octobre 2023, 53.000 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, dont 17.000 enfants. Les civils sont les premières victimes de ce conflit, et la famine pourrait désormais s’ajouter à l’horreur des bombardements.