🇲🇽 Mexique: l’ex-procureur général arrêté, 64 policiers et militaires recherchés pour la disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa
Après un rapport d’une commission officielle qualifiant l’affaire de « crime d’État », la justice mexicaine a arrêté vendredi 19 août l’ancien procureur général du pays et ordonné l’arrestation de 64 policiers et militaires pour la disparition en 2014 de 43 étudiants de l’école normale d’Ayotzinapa (sud). Il s’agit de la plus importante personnalité arrêtée dans l’affaire, qui a redémarré de zéro après l’arrivée à la présidence de Andrés Manuel Lopez Obrador.
Dans la soirée de vendredi, l’ex-procureur général Jesus Murillo Karam a été appréhendé à son domicile de Mexico pour « disparition forcée, torture et délits contre l’administration de la justice », et n’a pas opposé de résistance, a indiqué le parquet dans un communiqué.
Ce dernier a par la suite annoncé que des mandats d’arrêt avaient été lancés contre 20 responsables de l’armée, 44 policiers et cinq fonctionnaires pour leur implication présumée dans cette affaire, qui avait profondément choqué au Mexique et à l’étranger.
Ces 64 policiers et militaires sont recherchés pour « crime organisé, disparition forcée, tortures, homicide et délits contre l’administration de la justice », a précisé le parquet. Les identités et le rang des personnes recherchées n’ont pas été précisés.
L’ex procureur général Jesus Murillo Karam avait exercé ses fonctions sous le président Enrique Peña Nieto (2012-2018) et avait dirigé une première enquête controversée sur ces disparitions. Il est un ancien poids lourd du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) qui a gouverné le Mexique pendant 71 ans sans interruption jusqu’en 2000.
Enquête redémarrée de zéro sous la présidence d’Andrés Manuel Lopez Obrador
Il s’agit de la plus importante personnalité arrêtée jusqu’à présent dans le cadre de ces investigations, qui avaient redémarré de zéro après l’arrivée au pouvoir en 2019 du président de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador.
Le parquet a également lancé des mandats d’arrêt contre 14 membres du cartel de narcotrafiquants « Guerreros Unidos », ayant également participé au massacre, selon le rapport dévoilé jeudi 18 août.
Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014, un groupe d’étudiants de l’école de formation des maîtres d’Ayotzinapa, dans l’État méridional de Guerrero, s’était rendu jusqu’à la ville proche d’Iguala pour « réquisitionner » des autobus afin d’aller à Mexico pour une manifestation. Selon l’enquête, 43 jeunes ont été arrêtés par la police locale en collusion avec « Guerreros Unidos », puis tués par balles et brûlés dans une décharge pour des raisons qui restent obscures. Seuls les restes de trois d’entre eux ont pu être identifiés.
Falsification de preuves par les militaires
Selon la commission, des militaires mexicains ont une part de responsabilité : « Leurs actions, omissions ou participation ont permis la disparition et l’exécution des étudiants, ainsi que le meurtre de six autres personnes », avait déclaré le sous-secrétaire à l’Intérieur Alejandro Encinas, lors de la présentation publique du rapport.
Une autre commission, le Groupe interdisciplinaire d’experts indépendants (GIEI), qui avait été créé en vertu d’un accord entre le gouvernement Peña Nieto et la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), soutient pour sa part que des militaires ont falsifié des preuves retrouvées dans la décharge où ont été brûlés les corps.
« Rendre publique cette situation atroce et inhumaine, et en même temps punir les responsables, permet d’éviter que ces événements déplorables ne se reproduisent » et « renforce les institutions », a affirmé Andrés Lopez Obrador vendredi. Il a affirmé qu’il insisterait pour obtenir l’extradition de l’ancien chef de l’agence d’investigations criminelles du bureau du procureur général, Tomas Zeron, qui a fui en Israël.
RFI (avec AFP)