🇱🇧 Liban: «blackout» total après l’arrêt de deux centrales électriques faute de carburant
Le Liban a été totalement privé d’électricité à partir de la mi-journée ce samedi 9 octobre après l’arrêt de deux centrales. Le ministre de l’Énergie Walid Fayad relativise la panne générale, promettant quatre heures de courant électrique à partir de lundi.
Le Liban vu du ciel n’était plus qu’un immense trou noir samedi soir, rapporte notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh. Les deux dernières centrales qui fonctionnaient encore ont cessé de produire du courant, plongeant des millions d’habitants de ce pays dans l’obscurité, ou presque.
C’est la compagnie nationale Électrictié du Liban qui, par communiqué, a annoncé la nouvelle : « Après que la centrale de Deir Ammar a été contrainte d’arrêter sa production d’électricité hier matin en raison de l’épuisement de ses réserves de gazole, la centrale de Zahrani s’est également arrêtée cet après-midi pour la même raison. »
Les deux centrales se sont donc arrêtées après l’épuisement de leurs dernières réserves de fuel. Faute de liquidités, l’État n’importe plus de carburant qu’au compte-gouttes, en quantités insuffisantes pour la production d’au moins 500 mégawatts et le maintien opérationnel du réseau électrique. La production est tombée à 270 mégawatts samedi, entraînant l’arrêt total de l’alimentation en électricité.
L’armée libanaise a prélevé en urgence 6 000 tonnes de fuel sur ses stocks stratégiques pour les mettre à la disposition des centrales. Mais le redémarrage du réseau pourrait nécessiter plusieurs jours d’efforts. Si la manœuvre réussit, cette quantité de fuel permettrait de fournir quatre heures de courant pendant trois jours…
Le « blackout » total a provoqué la colère de la population qui s’est exprimée sur les réseaux sociaux et par des coupures de routes, surtout dans le nord du pays.
La crise libanaise est décrite par la Banque mondiale comme l’une des pires dans l’histoire du monde depuis 1850. Le pays connaît depuis des mois des rationnements draconiens de courant. Il s’agit de la deuxième panne totale en un mois. Les coupures paralysent la vie de la population et plusieurs secteurs vitaux. Comme les commerces, les hôpitaux pâtissent des rationnements.
Les générateurs privés qui prennent en effet le relai de l’État ont durci le rationnement en raison de la pénurie de mazout, dont le prix est devenu inabordable pour une grande partie des abonnés.
Doté d’un gouvernement depuis septembre seulement, le Liban tente d’engager des réformes dans le secteur de l’électricité et à rétablir progressivement le courant public, un an après la terrible explosion de Beyrouth.
Le pays négocie aussi avec l’Égypte et la Jordanie, pour l’acheminement de gaz et d’électricité via la Syrie, tandis que le mouvement chiite Hezbollah a annoncé ces dernières semaines plusieurs livraisons de fuel iranien. Un accord a également été conclu entre les autorités et l’Irak pour la distribution de pétrole irakien au Liban en contrepartie de services médicaux, rappelle l’Agence France-Presse.
RFI