🇱🇧 La capitale du Liban, Beyrouth, parmi les pires villes en termes de qualité de vie

🇱🇧 La capitale du Liban, Beyrouth, parmi les pires villes en termes de qualité de vie

Plus de trois ans après le début de la crise économique, en octobre 2019, le Liban ne voit toujours pas le bout du tunnel et la vie quotidienne des Libanais continue de se dégrader. Les prix explosent, l’inflation est galopante, la chute de la livre libanaise vertigineuse. Selon la Banque mondiale, plus de 80% de la population vit dans la pauvreté.

Un classement international publié récemment indique que la capitale libanaise offre une des pires qualités de vie au monde. Le dernier classement établi par Numbeo place Beyrouth à la 240ᵉ place sur les 242 villes recensées cette année par cette banque de données. Les chiffres fournis par cette étude montrent que le déclin dramatique et brutal du Liban a eu un impact considérable sur la qualité de vie à Beyrouth autrefois renommé pour le niveau des services offerts.

Beyrouth n’est plus cette ville où il faisait bon vivre. Tous les prix ont augmenté : 170% pour l’alimentation, 180% pour les transports. Le coût du logement, qui comprend les prix de l’eau, du gaz et de l’électricité, a fait un bond de 235%. L’éducation a grimpé de 190% et les télécommunications de 226%.

Cette augmentation des coûts de la vie s’accompagne d’un effondrement dramatique du pouvoir d’achat en raison de la dépréciation de la livre libanaise qui a perdu 95% de sa valeur face au dollar. Le salaire minimum, qui était l’équivalent de 450 dollars, avant la crise vaut aujourd’hui 20 dollars.

Partir

Face à la gravité de la crise et à l’absence de perspectives d’avenir, beaucoup de Libanais sombrent dans le désespoir et ne rêvent que d’une chose : quitter le pays. Une étude menée il y a quelques mois montre qu’un million de jeunes Libanais, soit un 1/5ᵉ de la population, tentent de quitter le pays.

Une source parlementaire a confié à RFI que, depuis mai dernier, 240 000 personnes sont parties. Leila Dagher, professeur d’économie à l’université américaine de Beyrouth indique dans un rapport sur l’impact de la crise que 78% du personnel de santé souhaitent quitter définitivement le Liban.

Cette hémorragie touche de nombreux secteurs, y compris les forces armées. Des officiers qui suivaient des stages de formation en France, aux États-Unis et dans d’autres pays ont présenté leur démission ou tout simplement ont déserté pour rester sur place.

Mais aujourd’hui, même ceux qui souhaitent partir ont du mal à le faire. Il faut attendre plus d’un an pour obtenir un rendez-vous à la Sûreté générale pour renouveler ou faire un passeport.

Absence de réformes

En attendant, rien ne semble fait, ou si peu, pour atténuer l’impact de la crise sur la population. Aucune réforme d’envergure n’a été menée malgré les appels et les pressions qui viennent de toutes parts. Les autorités ne font rien ou plutôt laissent faire la crise. La dépréciation de la livre sert quelque part l’État qui a vu sa dette en livres libanaises tomber de l’équivalent de 55 milliards de dollars à deux milliards en valeur réelle.

Aujourd’hui, la majeure partie des Libanais survit grâce aux aides. La semaine dernière, l’Union européenne a encore débloqué 25 millions de dollars pour subvenir aux besoins alimentaires et autres de 7 200 familles. L’argent envoyé par la diaspora permet aussi à des dizaines de milliers de familles de boucler leur fin du mois.

RFI