🇮🇹 Des membres du groupe mafieux le plus puissant d’Italie condamnés à des dizaines d’années de prison

🇮🇹 Des membres du groupe mafieux le plus puissant d’Italie condamnés à des dizaines d’années de prison

La justice italienne a, au total, condamné samedi 6 novembre 70 membres de la ‘Ndrangheta, le groupe mafieux le plus puissant d’Italie, ainsi que d’autres personnes, infligeant des peines de prison de dix ans ou plus à une trentaine d’entre eux, dans le cadre du plus grand procès de la mafia depuis la fin des années 1980.

C’est un nouvel épisode dans un feuilleton qui va durer deux ans ou plus et un coup dur porté à cette organisation criminelle. Les audiences, qui se tiennent dans la ville de Lamezia Terme en Calabre, ont ouvert en début d’année et les premières condamnations sont donc tombées hier, lorsque le juge Claudio Paris a lu les verdicts rendus à l’encontre de 91 des accusés. Ces premiers condamnés avaient opté pour un procès rapide, à huis clos, qui leur permettait, en cas de condamnation, de voir leur peine amputée d’un tiers.

Mais au total, ce sont des centaines de membres présumés du syndicat du crime organisé ‘Ndrangheta et leurs collaborateurs qui comparaissent dans ce « maxi-procès ». Plus de 350 accusés doivent encore y être jugés, dont le chef de clan, Luigi Mancuso, lui-même.

Les personnes acquittées, des acteurs mineurs

Considéré comme l’héritier des juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, assassinés par Cosa Nostra en 1992, le célèbre procureur antimafia de Catanzaro, Nicola Gratteri – que ses efforts pour vaincre la ‘Ndrangheta ont contraint à vivre sous protection policière pendant plus de trente ans – a déclaré que tout s’était « très bien » passé samedi. 

« Sur 91 accusés, 70 innocents présumés ont été condamnés », a-t-il déclaré à l’agence de presse italienne AdnKronos, ajoutant que les personnes acquittées étaient des acteurs mineurs. Environ un tiers de ce groupe a été condamné à des peines de dix ans ou plus et 21 personnes ont été acquittées, a dit M. Gratteri.

Les condamnations sont tombées pour association mafieuse, tentative de meurtre, blanchiment d’argent, trafic de drogue, extorsion et possession illégale d’armes, précise notre correspondante à Rome, Anne Tréca. Certains des plus dangereux d’entre eux se sont vu infliger la peine maximale de vingt ans requise par les procureurs. Il s’agit notamment de Domenico Macri, de la branche militaire du groupe, de Pasquale Gallone, le bras droit de Luigi Mancuso dont il avait organisé la cavale, et de Gregorio Niglia, qui avait en particulier pour rôle de se procurer des armes et de se livrer à des extorsions.

La ‘Ndrangheta, originaire de la région la plus pauvre d’Italie, la Calabre, contrôle la majeure partie du flux de cocaïne qui entre en Europe. « Forte » de quelque 20 000 affiliés, elle a un mode de fonctionnement différent de la mafia traditionnelle dans la mesure où, si ses racines sont en Calabre, elle est implantée sur tous les continents. La presse parle encore d’un maxi-procès comme celui qui avait permis de démanteler une bonne partie de la Cosa Nostra, il y a 35 ans en Sicile. Le procès de Lamezia Terme ne viendra pas à bout de la ‘Ndrangheta mais il marque le retour de l’Etat de droit à la source de l’organisation, sur ses terres de Calabre.

RFI