🇮🇷 Iran: le réformateur Massoud Pezeshkian vainqueur de l’élection présidentielle
Le candidat réformateur Massoud Pezeshkian a gagné le deuxième tour de la présidentielle en Iran, devant l’ultraconservateur Saïd Jalili, selon les médias d’État ce samedi 6 juillet 2024. Dans sa première prise de parole, il assure vouloir tendre « la main de l’amitié à tout le monde ».
Quelque 60 millions d’Iraniens étaient appelés aux urnes pour le second tour de l’élection présidentielle vendredi 5 juillet, un mois et demi après la mort de l’ancien président à Ebrahim Raïssi. Selon les chiffres officiels, la participation s’est établie à 49,8% soit 30,5 millions de votants, légèrement supérieure à celle du premier tour, signale notre correspondant Siavosh Ghazi. Massoud Pezeshkian a remporté 16,38 millions (53,7%) des suffrages et Saïd Jalili 13,53 millions (44,3%).
C’est donc une victoire confortable pour les réformateurs qui avaient appelé les abstentionnistes du premier tour à se mobiliser pour barrer la route à l’ultra-conservateur Saïd Jalili. Ils ont réussi à mobiliser une partie de leurs électeurs traditionnels qui avaient boycotté les urnes ces dernières années, signale notre correspondant. La participation au second tour a été en légère hausse pour atteindre les 50 %. Et c’est une « surprise », selon Kian Habibian de l’association d’étudiants iraniens à l’étranger We are iranian students. La participation est au « cœur du débat pour le régime et le guide suprême parce qu’il disait que le moindre vote – peu importe le candidat- était un un vote d’approbation du système en place. On sait que le régime a à plusieurs reprises essayé de de trafiquer les chiffres… »
« Nous tendrons la main de l’amitié à tout le monde, nous sommes tous des habitants de ce pays, nous devrions utiliser tout le monde pour le progrès du pays », a déclaré M. Pezeshkian, lors de sa première prise de parole depuis sa victoire sur l’ultraconservateur Saïd Jalili, en remerciant ses sympathisants.
L’espoir d’une vie moins dure
Massoud Pezeshkian semblait peu présidentiable, et c’est peut-être d’ailleurs pour ça que parmi les différentes candidatures réformatrices, c’est la seule à avoir été autorisée. Durant sa campagne, il n’a pas tenté de se transformer. Il a continué de parler calmement, avec des mots simples et a su faire naître chez certains Iraniens l’espoir d’une vie moins dure.
Ce chirurgien cardiaque, âgé de 69 ans, s’est fait connaître des Iraniens en tant que ministre de la Santé sous le deuxième mandat du président réformateur Mohammad Khatami de 2001 à 2005.
L’actuel député de Tabriz est né à Mahabad d’une mère kurde et d’un père azéri. Il parle les langues de ces deux communautés. Durant sa campagne, il a d’ailleurs critiqué à plusieurs reprises les discriminations dont sont victimes les minorités en Iran. Il a également critiqué la violence de la répression du mouvement Femme Vie Liberté, parti du Kurdistan iranien, province d’origine de la jeune Mahsa Amini.
Massoud Pezeshkian a promis un relâchement des règles sur le port du voile, la fin de la police des mœurs, un dialogue ouvert avec l’Occident pour tenter de mettre fin aux sanctions américaines et européennes qui frappent durement l’économie du pays.
Des forces contraires
Sa tâche parait toutefois difficile. Sur le plan intérieur, il doit compter avec les autres organes du pouvoir, notamment le Parlement, qui sont contrôlés par les conservateurs. Le président en Iran a des pouvoirs restreints: il est chargé d’appliquer, à la tête du gouvernement, les grandes lignes politiques fixées par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, qui est le chef de l’Etat et l’ultime décideur sur les dossiers stratégiques. Dans un message de félicitations, celui-ci a recommandé au président élu « d’utiliser les nombreuses capacités du pays, en particulier des jeunes révolutionnaires », pour faire progresser le pays, rapporte l’AFP.
Sur le plan extérieur, la perspective de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis laisse peu de chance à une relance à un accord pour faire revivre l’accord nucléaire de 2015, alors que l’Iran poursuit son programme nucléaire à grande vitesse.