🇮🇱 Le témoignage d’un ex-soldat israélien à Gaza: “L’une des choses les plus effrayantes que j’aie vécues”

🇮🇱 Le témoignage d’un ex-soldat israélien à Gaza: “L’une des choses les plus effrayantes que j’aie vécues”

Le témoignage, recueilli par le quotidien français Libération, de l’ex-soldat israélien Ariel Bernstein, envoyé avec son unité dans la bande de Gaza en 2014. Une expérience terrifiante, confie-t-il.

En Israël, État sous menace constante, le service militaire demeure obligatoire pour tout le monde, hommes et femmes, à l’exception des Arabes israéliens et des juifs ultra-orthodoxes. Il dure 24 mois pour les femmes et 32 mois pour les hommes. Les citoyens conservent d’ailleurs le statut de réserviste au moins jusqu’à 40 ans. L’armée israélienne, qui compte 170.000 hommes et femmes dans ses rangs réguliers, peut solliciter un renfort maximal de 465.000 réservistes, rappellent Les Échos.

“Un environne­ment urbain très dense, où l’avantage d’une grande armée, puissante, devient nul”Ariel Bernstein, Ex-soldat israélien

En 2014, alors qu’il accomplissait son service militaire dans une unité d’élite de reconnaissance de la brigade Nahal, Ariel Bernstein a eu pour mission d’entrer dans le nord-est de la bande de Gaza, à Beit Hanoun. Lui et ses compagnons devaient “sécuriser un quartier” pendant que d’autres “s’occupaient de détruire des tunnels du Hamas”: “Il n’y avait pas d’autre choix que d’y aller à pied”, confie-t-il à Libération. “Rentrer dans la bande de Gaza est une des choses les plus stressantes, les plus effrayantes que j’aie vécues. Tout ce qu’on sait de l’autre côté, c’est ce qu’on a vu à la télé. Tu sens qu’on veut t’attirer dans un piège, un environnement urbain très dense, où l’avantage d’une grande armée, puissante, devient nul”, témoigne-t-il.

“Un environne­ment complexe, dans lequel tu sens que le Hamas est partout, tout le temps. Tu ne les vois jamais – jusqu’à ce qu’ils te tombent dessus dans une embuscade”

L’ex-soldat raconte être resté “deux semaines à Beit Hanoun”. Lui et son unité dormaient “dans un appartement différent tous les soirs”: “Un environnement complexe, dans lequel tu sens que le Hamas est partout, tout le temps. Tu ne les vois jamais – jusqu’à ce qu’ils te tombent dessus dans une embuscade”, commente-t-il. Les résidents gazaouis de la zone concernée avaient été prévenus par l’armée et la ville était donc censée être “vide”. Toute personne visible était donc considérée comme un “membre du Hamas”. Mais sur le terrain, “ce n’est pas si simple”, admet-il, reconnaissant des victimes collatérales et des civils toujours présents.

“J’espère qu’il ne va pas y avoir d’offensive terrestre”

“Il y a des choses dont on ne peut pas revenir. Mourir. Prendre une vie.” Aujourd’hui exempté de son devoir militaire en raison d’un stress post-traumatique, il redoute le sort de ses anciens amis de caserne. “J’espère qu’il ne va pas y avoir d’offensive terrestre (…) Nous n’étions qu’à un kilomètre à l’intérieur de Gaza. Si l’objectif est d’éradiquer le Hamas, il faudra aller beaucoup plus loin”. “Plus que jamais, il faut que ce conflit soit résolu par le dialogue, entre nous, et avec les Palestiniens”, conclut-il.

Premières incursions au sol à Gaza

L’armée israélienne a mené des “opérations ciblées” avec des tanks dans le nord de la bande de Gaza, dans la nuit de mercredi à jeudi: “Durant la nuit, l’armée a mené un raid ciblé avec des tanks dans le nord de la bande de Gaza, dans le cadre de ses préparatifs pour les prochaines étapes du combat”, selon un communiqué. Les soldats “ont quitté la zone” à la fin de l’opération. Annoncée avec détermination deux jours après l’offensive sans précédent du Hamas en territoire israélien, la vaste opération terrestre promise par Benjamin Netanyahu est-elle remise en question? Si 360.000 réservistes sont toujours massés aux frontières de l’enclave palestinienne, la pression de la communauté internationale s’intensifie, notamment de la part de la France, des États-Unis, sur le respect des droits de la guerre et la protection des civils, mais aussi de l’Iran qui laisse planer un risque d’embrasement régional. Israël maintient officiellement l’objectif, sans fixer de date, mais le sort des otages, 200 environs, complique également le scénario, commente France 24. La chaîne d’information française évoque en outre des dissensions potentielles entre le gouvernement et l’état-major militaire, les craintes d’un enlisement du conflit et une difficulté “cruciale”: la “bataille de l’opinion”. La guerre pourrait en effet nuire durablement à l’image d’Israël et mettre un terme à son rapprochement initié avec les pays arabes.

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