🇮🇱 Guerre Israël-Hamas: confusion autour d’une éventuelle trêve humanitaire à Gaza
Alors qu’une intervention terrestre israélienne semble imminente, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas ont indiqué lundi qu’il n’y avait pas de cessez-le-feu à ce stade, après des informations faisant état d’une trêve ou de l’ouverture du point de passage de Rafah, à la frontière avec l’Egypte.
La situation était confuse autour de Gaza ce lundi 16 octobre. L’enjeu : l’éventuelle réouverture du passage de Rafah, entre la frontière égyptienne et Gaza, qui faisait l’objet d’intenses tractations depuis mardi dernier, jour où l’Égypte a fermé le point de passage, bombardé par Israël. Car avec Rafah fermé, le « siège » mis en place par Israël après les attaques du Hamas le 7 octobre dernier est devenu total, rappelle notre correspondant à Jérusalem, Guilhem Delteil. Et la situation humanitaire des plus de deux millions d’habitants de ce territoire est devenue insupportable.
Mais alors que des médias annonçait ce matin que ce point de passage pourrait rouvrir ce 16 octobre pour quelques heures, permettant l’acheminement d’aide humanitaire dans la bande de Gaza, l’information a été progressivement démentie. « Les points de passage sont fermés et il n’y a pas eu de décision » concernant le passage d’aide humanitaire, a affirmé lundi Daniel Hagari, un porte-parole de l’armée israélienne, lors d’un point presse. Izzat al-Rishq, chef du bureau médias du Hamas, a également déclaré qu’il n’y avait « aucune vérité » dans ces informations circulant dans certains médias.
Au poste-frontière, l’aide humanitaire afflue de plusieurs capitales, mais ne passait donc toujours pas à la mi-journée lundi. Coté égyptien, il n’y a eu aucune annonce officielle de l’ouverture du point de passage de Rafah. Pourtant, on a eu l’impression à Al-Arich, à une cinquantaine de kilomètres de Gaza, que les choses allaient bouger, raconte Alexandre Buccianti. Les camions chargés d’aide refaisaient tourner leurs moteurs et des ambulances arrivaient à la frontière.
Enjeu de cette réouverture aussi : un projet américain élaboré par l’équipe du secrétaire d’État Anthony Blinken et visant à évacuer quelques centaines d’américano-palestiniens de Gaza. L’Égypte avait exigé, en contrepartie de la sortie des Américains l’entrée à Gaza d’un convoi d’aide humanitaire.
« Pas de cessez-le-feu »
Lundi matin, un porte-parole de l’armée, Avichay Adraee, avait indiqué sur X (ex-Twitter) que les forces israéliennes « s’abstiendr[aient] de cibler des axes délimités de 8h (5h TU) à 12h (9h TU) », ajoutant : « Pour votre sécurité, profitez de ce court moment pour vous déplacer du nord et de la ville de Gaza vers le sud ». Depuis plusieurs jours, Israël a exhorté les habitants du nord de l’enclave palestinienne à fuir vers le sud, affirmant frapper la ville de Gaza pour y détruire le centre des opérations du mouvement islamiste Hamas.
Mais peu de temps après, le cabinet du Premier ministre israélien a démenti cette information. « Il n’y a pas de cessez-le-feu et d’entrée d’aide humanitaire dans Gaza en échange de la sortie d’étrangers », a indiqué dans un court communiqué le bureau de Benyamin Netanyahu.
Les bombardements de l’aviation sur Gaza se poursuivent. Et les tirs de roquettes sur Israël également. À la mi-journée ce 16 octobre, une salve très nourrie a visé le centre du pays. Environ 2 750 personnes sont mortes dans la bande de Gaza dans des frappes israéliennes, selon les autorités locales. Plus de 1 400 personnes ont été tuées en Israël lors de l’attaque des commandos du Hamas, d’après des responsables israéliens. Le nombre d’otages israéliens a été revu à la hausse : ils seraient 199 selon un décompte mis à jour par le porte-parole de l’armée.
L’ancien chef du Mossad, Yossi Cohen, affirme que des tractations sont en cours pour permettre leur libération. Plusieurs commentateurs estiment qu’il pourrait s’agir d’une trêve humanitaire en échange du retour des Israéliens détenus à Gaza, ou du moins une partie d’entre eux, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Le secrétaire d’État américain Anthony Blinken est de retour en Israël après son séjour en Égypte pour traiter de ces deux sujets : la trêve humanitaire et la libération des otages. Et on parle aussi d’une visite du président américain Biden.
Le chef de la Ligue arabe a « exigé » ce lundi « l’arrêt immédiat des opérations militaires » dans la bande de Gaza et la mise en place de « corridors » humanitaires pour aider la population.
Martin Griffiths, chargé des situations humanitaires d’urgence à l’ONU, a annoncé lundi dans un message vidéo qu’il se rendrait mardi au Proche-Orient pour « aider aux négociations » sur l’acheminement de l’aide à Gaza.
Alors que l’intervention terrestre d’Israël contre le Hamas est imminente, les médias israéliens ont publié un document en quatre points du cabinet de guerre israélien dans lequel sont définis les objectifs de cette offensive : avant tout, la suppression des capacités militaires et la souveraineté du Hamas sur l’enclave palestinienne. Les Israéliens veulent une frontière empêchant toute possibilité d’attaques en provenance de la bande de Gaza pour assurer la sécurité de sa propre population. Et surtout le retour de tous les otages capturés pendant l’assaut du 7 octobre dernier.
Israël évacue les villages de sa frontière nord avec le Liban
En Israël, on s’inquiète également de la tension à la frontière nord après l’escalade notée dimanche 15 octobre. L’armée israélienne évacue depuis lundi les civils de 28 localités situées le long de la frontière avec le Liban. Cela après les incidents répétés dimanche et revendiqués par le Hezbollah. Des roquettes antichars ont été tirées à six reprises faisant deux morts côté israélien : un militaire et un civil. La réponse israélienne n’a pas tardé, sous forme de bombardements sur des positions au sud-Liban. L’armée affirme vouloir avoir les mains libres. Selon Israël, le Hezbollah tente de provoquer une réaction en force d’Israël.
Un navire évacuant des ressortissants américains a quitté lundi Israël pour Chypre, a constaté une équipe de l’AFP dans le port de Haïfa.
Lundi matin, un des éditorialistes les plus connus en Israël, Nahum Barnéa affirme dans le quotidien Yediot Aharonot, que le soutien américain donné à Israël sous forme de deux porte-avions les plus grands au monde a un prix : Israël se serait engagé à ne pas ouvrir le premier une offensive contre le Hezbollah au Liban.
(RFI avec AFP)