🇬🇧 Face au scandale du «Partygate», Boris Johnson refuse la démission

🇬🇧 Face au scandale du «Partygate», Boris Johnson refuse la démission

Pris dans la tourmente du « Partygate » et de ces fêtes privées organisées à Downing Street alors que le pays était plein confinement, le Premier ministre britannique Boris Johnson a répondu avec beaucoup de combativité aux attaques de l’opposition ce mercredi au Parlement. 

Sur la défensive ces dernières semaines, Boris Johnson a visiblement choisi de passer à la contre-attaque. Face au tir de barrage de l’opposition, le Premier ministre britannique s’est montré intraitable ce mercredi lors de la traditionnelle et très éprouvante séance de questions au Parlement.

Son adversaire, le leader du parti travailliste Keir Starmer, n’a cessé de lui reposer la même question : « Allez-vous démissionner ? », Boris Johnson n’a cessé de répondre par la négative. « Nous aimons ce pays et nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir afin de l’aider. Nous avons tenu promesse sur le Brexit, sur la vaccination, sur la criminalité, et sur l’économie ! Je veux simplement en arriver à ceci : nous avons pris des décisions difficiles, nous avons fait les bons choix aux bons moments… et nous avons bien l’intention de continuer ce travail, moi en particulier ! » 

Cette fois, ni excuses ni actes de contrition ; Boris Johnson répond qu’une enquête est en cours et qu’il n’a pas à la commenter ; et il évacue le sujet en parlant du Covid, de l’économie ou même du risque de guerre en Ukraine. La stratégie est donc clairement de passer à autre chose en attendant le résultat de deux enquêtes, celle de la police et celle organisée en interne au sein du cabinet du Premier ministre, sur les fêtes privées organisées à Downing Street pendant le confinement.

Enquêtes décisives 

Les résultats de ces enquêtes seront sans doute décisifs pour l’avenir du Premier ministre. L’enquête ouverte par la police peut déboucher sur des amendes qui seraient infligées pour non-respect des règles de confinement – l’effet politique serait évidemment dévastateur. L’enquête interne sera aussi déterminante. Elle est menée par Sue Gray, une haute fonctionnaire redoutable et redoutée, qui a passé les dernières semaines à éplucher les mails, les textos échangés au 10 Downing Street, à regarder les vidéos de surveillance, à interroger les policiers chargés de la sécurité…  

Ce rapport sera strictement factuel, mais il aura lui aussi une importance cruciale avec un élément qui peut faire tout basculer : Boris Johnson a-t-il menti au Parlement britannique en affirmant qu’il n’était pas au courant du caractère festif de ces rassemblements ? Si l’enquête montre qu’il a menti, il est peu probable qu’il puisse rester à son poste… 

Fronde interne

Il lui sera d’autant plus difficile de se maintenir au pouvoir que la contestation n’est pas du seul fait de l’opposition : au sein même de son parti, Boris Johnson est aujourd’hui très critiqué. Les Britanniques sont sincèrement choqués de voir que leur dirigeant n’a pas observé les règles très dures qui leur étaient imposées durant les périodes de confinement. Sa cote de popularité s’effondre et les députés de son parti s’inquiètent pour leur propre réélection.

Se dessine alors le scénario d’un vote de défiance au sein même du parti Tory. Il faudrait pour cela que 54 députés conservateurs en fassent la demande. Ce ne serait pas une première pour le parti conservateur : en 1990 Margaret Thatcher a été obligée de démissionner à la suite d’une fronde interne, laissant alors la place à John Major.  

Malgré tout, Boris Johnson conserve, pour l’instant, des soutiens au sein de son propre parti. À tel point que la défection spectaculaire d’un député conservateur, le 19 janvier, en pleine session parlementaire, a eu l’effet inverse de celui escompté en douchant quelque peu les ardeurs contestataires et en permettant au dirigeant conservateur de raviver la flamme de l’unité au sein de son propre parti.

Boris Johnson est d’ailleurs connu pour sa capacité à se sortir de situations a priori inextricables. Toute sa carrière est émaillée de provocations et de scandales – y compris lorsqu’il était journaliste, avant de se lancer en politique. « BoJo » a une capacité assez stupéfiante de se sortir des mauvais pas et il l’a prouvé à plusieurs reprises, y compris depuis qu’il est Premier ministre. 

RFI