🇫🇷 « Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder », les propos d’Emmanuel Macron détonnent dans l’opposition
Lors d’un échange avec des lecteurs du journal « Le Parisien-Aujourd’hui en France », le chef de l’Etat s’est exprimé sans filtre à propos des non-vaccinés contre le Covid-19. Sa déclaration a enclenché une vague de réactions et interrompu les débats sur le pass vaccinal à l’Assemblée nationale.
Le ton est cru mais les propos sont clairs, sans détours. Lors d’un échange avec des lecteurs du Parisien-Aujourd’hui en France, publié mardi soir, le chef de l’Etat Emmanuel Macron se dit prêt à « emmerder » les français non-vaccinés.
Lors d’une question concernant l’application du futur pass vaccinal, Emmanuel Macron répond : « En démocratie, le pire ennemi, c’est le mensonge et la bêtise. Nous mettons une pression sur les non-vaccinés en limitant pour eux, autant que possible, l’accès aux activités de la vie sociale. D’ailleurs, la quasi-totalité des gens, plus de 90 %, y ont adhéré. C’est une toute petite minorité qui est réfractaire. » A partir du 15 janvier, si la loi est votée, tout ceux qui ne sont pas vaccinés ne pourront plus accéder aux bars, aux restaurants ou encore aux cinémas, avec l’instauration du pass vaccinal.
Opposé à l’obligation vaccinale et aux choix des patients en réanimation
Devant les lecteurs du journal, Emmanuel Macron poursuit : « Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien, là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu’au bout. C’est ça, la stratégie. Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force. »
Mais le Président reste opposé à la vaccination obligatoire : « Faisons l’hypothèse : si demain je dis : « Pour tous les adultes, il faut être vacciné ». Comment on le contrôle et quelle est la sanction ? C’est ça, le vrai sujet. Je vais forcer des gens à aller se faire vacciner ? Les emprisonner et puis les vacciner ? » Emmanuel Macron exclut aussi la possibilité de trier les patients en fonction de leur statut vaccinal : « Parce qu’un soignant, il regarde quelqu’un qui est malade et il ne regarde pas d’où il vient, ce qu’il est ».
La petite phrase provoque un tollé à gauche
Cette parole franche du Président a en quelques minutes déclenché un tollé, entre soutiens et indignations. Des réactions venant de tout le spectre politique. A commencer par Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la France insoumise à l’élection présidentielle parle d’une « punition collective contre la liberté individuelle ». Dans un précédent tweet, il écrit : « Le Président maîtrise-t-il ce qu’il dit ? L’OMS dit « convaincre plutôt que contraindre ». Et lui ? « Emmerder davantage ». Consternant ».
Aveu sidérant de #Macron. C’est clair le #PassVaccinal est une punition collective contre la liberté individuelle. pic.twitter.com/7R0OnbFiDw
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) January 4, 2022
Interrogé sur Franceinfo, Éric Coquerel, député LFI de la 1re circonscription de Seine-Saint-Denis ajoute « On retrouve un candidat en voie de radicalisation. Le problème, c’est qu’on a encore plusieurs mois sous sa présidence et il est très inquiétant dans sa gestion de la crise épidémique ».
De nombreux candidats à l’élection présidentielle ont réagi aux propos d’Emmanuel Macron, comme Fabien Roussel, le député et candidat du Parti Communiste. Il pointe « des propos indignes et irresponsables du Président de la République« . « Quand on doit convaincre, rassembler, on n’insulte pas ! 7 millions de français vivent dans des déserts médicaux et sont éloignés des soins, comme du vaccin. Il les « emmerde » aussi ? » A gauche, Anne Hidalgo a simplement écrit « Réunir la France accompagné du drapeau Bleu blanc rouge, pour dire à sa manière que les propos du Président divisaient. « C’est une faute politique » enchaîne le candidat EELV Yannick Jadot.
Des suspensions de séances à l’Assemblée nationale
La candidate des Républicains Valérie Pécresse n’a pas réagit mais l’un des proches s’est exprimé. Le sénateur Bruno Retailleau estime qu’aucune « urgence sanitaire ne justifie de tels mots. Emmanuel Macron dit avoir appris à aimer les Français, il aime surtout les mépriser. On peut encourager à la vaccination sans insulter personne ni pousser à la radicalisation. »
Devant l’Assemblée nationale, dans la nuit, vers une heure du matin, le patron des Républicains Damien Abad clame : « Nous demandons la présence du Premier ministre, parce que les propos du Président de la République sont des propos indignes, irresponsables, méprisants, et surtout des propos très prémédités ». Les débats concernant le pass vaccinal ont été interrompus dans la nuit.
"On ne peut pas continuer dans cette situation", considère @damienabad. "Nous demandons la présence du Premier ministre, parce que les propos du Président de la République sont des propos indignes, irresponsables, méprisants, et surtout des propos très prémédités". #DirectAN pic.twitter.com/jj5oOfsOBm
— LCP (@LCP) January 5, 2022
Le Premier Ministre a refusé de se présenter à l'Assemblée nationale pour s’expliquer des propos du Chef de l’État.
— Mathilde Panot (@MathildePanot) January 5, 2022
Donc pas de débat.
Nous ne discuterons pas d’un texte pour « emmerder » les français.
La Macronie crée elle-même le chaos ! #AssembléeNationale #PasseVaccinal pic.twitter.com/vjrlOIVXT3
Tout à droite du spectre politique, « un Président ne devrait pas dire ça » écrit la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen. « Le garant de l’unité de la nation s’obstine à la diviser et assume vouloir faire des non-vaccinés des citoyens de seconde zone. Emmanuel Macron est indigne de sa fonction ». Eric Zemmour évoque « la déclaration cynique d’un politicien qui veut exister dans la campagne présidentielle ». D’après le candidat nationaliste : « C’est la cruauté avouée, assumée, qui parade devant des Français méprisés. »
Emmanuel Macron dit bel et bien : "J'ai envie d'emmerder". Ce n'est pas seulement la déclaration cynique d'un politicien qui veut exister dans la campagne présidentielle. C'est la cruauté avouée, assumée, qui parade devant des Français méprisés.
— Eric Zemmour (@ZemmourEric) January 4, 2022
Ce mardi soir, rares sont les soutiens d’Emmanuel Macron. Le président du groupe « La République en Marche » à l’Assemblée nationale Christophe Castaner constate qu’il « porte une parole que beaucoup de Français partagent« . Interrogé sur Franceinfo, l’ancien ministre défend Emmanuel Macron : « Le président de la République parle franchement, tant mieux. On a besoin de cette franchise et je pense que si vous interrogiez des personnels soignants qui sont dans des hôpitaux, des services d’urgences ou de réanimation, ils seraient les premiers à vous confirmer que le président de la République a raison. »
Midi Libre