🇫🇷 « La liberté dans le hijab » : le Conseil de l’Europe annule sa campagne polémique
Face au tollé suscité depuis quelques jours par sa campagne sur la diversité, l’institution a décidé mardi de la retirer.
oilà comment une campagne de communication peut vite déraper et aller à l’encontre de l’objectif visé. Peut-on promouvoir la liberté en faisant la promotion du port du voile ? Pour les communicants européens, la réponse est affirmative. Mais en pleine campagne présidentielle française, des candidats, déclarés ou non, se sont emparés de l’affaire et ont crié leur colère.
Le Conseil de l’Europe, qui veille au respect des droits de l’homme sur le continent, avait lancé jeudi 28 octobre une campagne de promotion de la diversité via son Programme pour l’inclusion et la lutte contre les discriminations, campagne cofinancée par l’Union européenne. On pouvait voir des portraits de plusieurs jeunes femmes, voilées sur une seule moitié de l’image. Un message en anglais indiquait notamment : « Beauty is in diversity as freedom is in hijab » (« La beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le voile »).
L'islam est l'ennemi de la liberté. Cette campagne est l'ennemie de la vérité. Elle promeut le voilement des européennes. C'est du djihad publicitaire financé par vos impôts. https://t.co/s2aMGK6uga
— Eric Zemmour (@ZemmourEric) November 2, 2021
Éric Zemmour et Marine Le Pen en colère
Passée dans un premier temps relativement inaperçue, elle a fini par déclencher une vive polémique, de l’extrême droite au gouvernement. « L’islam est l’ennemi de la liberté. Cette campagne est l’ennemie de la vérité », a tweeté le polémiste Éric Zemmour, probable candidat à la présidentielle, dénonçant un « djihad publicitaire ». « Cette communication européenne en faveur du voile islamiste est scandaleuse et indécente alors que des millions de femmes se battent avec courage contre cet asservissement », a lancé de son côté Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national.
À droite, la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse a elle aussi fait part de sa « stupeur », estimant que le voile n’était « pas un symbole de liberté, mais de soumission ». Au sein du gouvernement, la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse Sarah El Haïry a indiqué sur LCI que la France avait « fait part de sa désapprobation extrêmement vive », d’où le retrait de cette campagne dès mardi.
Choc & stupeur devant cette campagne du Conseil de l’Europe: non le voile n’est pas un vêtement comme un autre, il n’est pas symbole de liberté mais de soumission. Et le rôle de l’Europe c’est de soutenir les femmes qui se battent dans le monde pour le droit de le retirer! https://t.co/s8ne1lIdH7
— Valérie Pécresse (@vpecresse) November 2, 2021
Le Conseil de l’Europe se justifie
« Ces tweets ont été retirés et nous allons réfléchir à une meilleure présentation de ce projet », a confirmé dans un communiqué transmis à l’AFP le Conseil de l’Europe, l’organisation paneuropéenne basée à Strasbourg. Ils « faisaient partie d’un projet conjoint » du Conseil et de l’Union européenne « contre la discrimination, dont l’objectif était de sensibiliser à la nécessité de respecter la diversité et l’inclusion et de combattre tout type de discours de haine », a encore justifié le Conseil.
Les tweets « reflétaient les déclarations faites de manière individuelle par des participants dans l’un des ateliers du projet et ne représentent pas la position du Conseil de l’Europe ou de sa secrétaire générale » Marija Pejcinovic Buric, a encore assuré l’organisation paneuropéenne.
Le Point