🇫🇷 “La façon dont Macron a léché les bottes de Trump était gênante à certains moments”

🇫🇷 “La façon dont Macron a léché les bottes de Trump était gênante à certains moments”

“Emmanuel Macron, celui qui “chuchotait à l’oreille de Trump’, a étalé tous ses talents de flatterie lundi dernier pour ramener Trump vers l’Occident”, analyse Romina Van Camp, correspondante de Het Laatste Nieuws à Washington. “Aujourd’hui, le Premier ministre britannique Starmer, en route pour la Maison Blanche, doit parachever le travail.” L’Europe panique alors que Donald Trump semble se ranger du côté de Poutine. La tactique est simple: une offensive de charme “parfois à la limite de l’embarrassant”.

Rares sont ceux qui osent interrompre, contredire et corriger Donald Trump devant la presse et le monde entier. Encore moins au sein même du bureau ovale. Emmanuel Macron l’a fait. Lorsque le président américain a déclaré que l’argent européen destiné à l’Ukraine n’était qu’un prêt et que l’UE finirait par le récupérer, Macron a immédiatement posé la main sur le bras de son homologue, un geste de contradiction appuyé par la parole. “Non, en fait, pour être franc, nous avons payé. Nous avons payé 60% de l’effort total.”

Ils se connaissent depuis longtemps. Ce n’est pas pour rien que le président américain a immédiatement libéré un créneau dans son agenda lorsque Macron a souhaité lui parler en personne “dès que possible”.

Le président français, contrairement à d’autres dirigeants européens, a développé une “relation unique” avec Trump. Ils sont tous les deux arrivés au pouvoir pour la première fois en 2017. Donald Trump et Melania sont invités dans la foulée à célébrer le 14 juillet. Peu de temps après, Donald Trump a rendu la pareille en désignant Macron comme invité d’honneur de son tout premier banquet d’État.

Déjà à l’époque, cela a valu à Macron le surnom de “Trump whisperer”, car il possédait un certain pouvoir de persuasion sur lui. Mais même une bonne relation a des hauts et des bas: le lien s’est quelque peu détérioré lorsque Trump a annulé l’accord de Paris sur le climat et celui sur le nucléaire iranien.

La magie de Macron opère-t-elle encore ou son influence s’est-elle estompée? Dans une récente interview accordée à Fox News, Donald Trump a déclaré qu’il considérait Emmanuel Macron comme un ami. Par ailleurs, lors d’une séance de questions-réponses sur les médias sociaux, le président français a assuré qu’il respectait Trump et qu’il était convaincu que c’était réciproque.

Macron sait faire en sorte que Trump se sente “spécial”. En l’invitant à la réouverture de Notre-Dame immédiatement après sa victoire électorale, par exemple. Il a profité de l’occasion pour également convier Zelensky et les trois chefs d’État se sont entretenus séparément. Depuis lors, Macron a repris contact avec Trump. Ils se téléphoneraient régulièrement.

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© Getty Images

Lundi dernier, le président français a fait ressortir le charmeur qui sommeille en lui. Les flatteries n’en finissaient pas. La façon dont Macron léchait les bottes de Trump était parfois gênante. Cela ne semblait pas déplaire à l’ancien magnat de l’immobilier, mais il n’est pas dupe. Il a reproché à l’Europe de n’avoir rien fait pendant toutes ces années pour arrêter la guerre en Ukraine et Macron est rentré à Paris les mains vides. Aucune promesse concernant les garanties de sécurité américaines, aucun virage dans l’attitude de Trump à l’égard de Poutine.

Le paysage politique européen a changé

La scène politique européenne semble complètement différente de celle de 2017, lorsque Trump a pris le pouvoir pour la première fois. Prenons l’exemple de “Mutti” Angela Merkel: après 16 ans, elle quitte son poste de chancelière allemande à la fin de l’année 2021. Deux mois après son départ, la Russie envahit l’Ukraine.

Son successeur Olaf Scholz n’a jamais vraiment tenu ses promesses et a été sanctionné lors des élections anticipées de la semaine dernière. Mark Rutte a troqué ses 14 années en tant que premier ministre des Pays-Bas contre le poste de secrétaire général de l’OTAN. Et au Royaume-Uni, tout le monde a depuis longtemps perdu le compte du nombre de fois où le 10 Downing Street a changé d’occupants entre-temps. Un véritable gâchis.

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© ANP / EPA

Mission compliquée pour le Premier britannique

Or, c’est justement au Premier ministre britannique Keir Starmer qu’il revient de terminer le travail entamé par Macron. Il se rend ce jeudi à la Maison-Blanche. Le hic? Starmer est un novice sur la scène politique mondiale. De plus, il est l’antithèse de Trump dans presque tous les domaines. C’est un ancien avocat spécialisé dans les droits de l’homme qui a mis fin à 14 ans de règne de la droite conservatrice au Royaume-Uni avec son parti travailliste de gauche. Et puis il y a le caractère national: les Britanniques ne sont pas les Français. Starmer ne s’agenouille que devant le roi Charles, pas devant Trump.

Donald Trump s’est montré plutôt clément envers lui, interrogé par la BBC: “C’est un libéral, ce qui est un peu différent de moi, mais je pense que c’est quelqu’un de très bien et je pense qu’il s’est très bien débrouillé jusqu’à présent.”

Sa mission s’annonce tout de même délicate. Le Premier ministre britannique doit insister auprès de Donald Trump sur le fait qu’une force européenne de maintien de la paix en Ukraine n’est possible qu’avec un “backstop” américain sous la forme d’une couverture aérienne. Il doit également convaincre Trump qu’un accord de paix négocié à la hâte et éminemment mauvais aura des répercussions négatives pour lui. Pas évident quand on sait que Trump lui-même a déclaré, mercredi, lors d’une réunion sur le nucléaire: “Je ne donnerai pas de garanties de sécurité.”

“En outre, Donald Trump a déjà conclu un accord économique qui rapportera “une grande richesse” aux États-Unis avec Zelensky. Le président ukrainien se rendra vendredi à Washington, M. Trump espère que l’accord sur les ressources sera signé à ce moment-là. Il estime que si les Américains extraient des minerais sur le sol ukrainien, cela constitue automatiquement une garantie. Starmer sait ce qui l’attend.

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