🇫🇷 Ce médecin propose une opération unique en France pour arrêter de rougir ou de suer excessivement
Au Centre hospitalier universitaire de Rennes (Ille-et-Vilaine), le professeur Bertrand Richard de Latour, est le seul chirurgien en France, à pratiquer une reconstruction du nerf sympathique. Un espoir pour les patients dont le nerf, sectionné, engendre de très nombreux problèmes dont une sudation excessive.
« Je reçois des demandes de toute la France mais aussi de pays européens » assure le Dr Bertrand Richard de Latour, chirurgien cardio thoracique exerçant au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Rennes (Ille-et-Vilaine). Et pour cause, il est le seul, en France, à pratiquer la reconstruction du nerf sympathique. Un nerf qui est responsable du contrôle d’un grand nombre d’activités automatiques de l’organisme et déclenche différents processus de défense quand le corps est soumis, par exemple à une situation. Par exemple l’augmentation de fréquence cardiaque et artérielle, de la sudation…
Pourquoi on peut être amené à sectionner le nerf sympathique ?
Mais pourquoi des chirurgiens peuvent être amenés à sectionner ce nerf sympathique ? « Par exemple pour des patients qui souffrent d’éreutophobie » explique le professeur Bertrand Richard de la Tour. « C’est-à-dire qui ont une crainte obsédante de rougir en public. C’est un véritable handicap qui peut être source d’isolement social et de mal-être. » Des personnes qui peuvent rougir entre vingt et trente fois par jour ! La section du nerf sympathique pouvant être envisagée lorsque tous les autres traitements ont échoué.
Autre raison et non moins embarrassante : « Une sudation excessive dont des mains et des pieds. » Une pathologie difficilement supportable personnellement et surtout socialement. D’autant que les patients sont assez jeunes avec une moyenne d’âge de 28 ans.
« Selon les données de santé, environ 140 sympathectomies sont pratiquées en France chaque année. Mais dans 20 % des cas, le résultat est pire que la cause initiale. Les patients regrettent leur opération » précise le praticien hospitalier. « Et quand ils en parlent à leur médecin, on leur répond que c’est une opération irréversible et qu’il faut assumer. » Dur d’autant que la section du nerf sympathique peut aussi être source d’autres désagréments.
Une opération délicate
« En fait, la reconstruction des nerfs existe depuis 10 à 15 ans » rappelle le professeur Richard de la Tour. « J’ai moi-même commencé à en pratiquer en 2013. Et j’ai été formé à la reconstruction du nerf sympathique par le Dr Jean Valla chirurgien thoracique et cardio thoracique qui a été le premier à en pratiquer en France. » Une technique très particulière dont le professeur rennais est le seul héritier actuellement.
« Ce n’est pas une greffe mais une reconstruction. Le problème étant que le nerf sympathique est profond dans l’organisme et se trouve près de la colonne vertébrale. » Une opération de très haute technicité qu’il effectue, au CHU de Rennes, à l’aide d’un robot de dernière génération. La tête rivée dans une console affichant une vue 3D en très haute résolution de l’intérieur du patient, il reconstruit le nerf à l’aide d’outils télécommandés par de mini-joysticks.
« Mais je ne me précipite pas pour effectuer cette opération » tient à dire le chirurgien qui en a déjà pratiqué dix-huit. « Pour l’instant, nous avons 50 % de réussite et les résultats ne sont visibles que plusieurs mois après l’opération. Il faut attendre que le nerf, reconstruit, retrouve l’intégralité de sa fonction. » Une opération de la dernière chance. Ses travaux vont faire l’objet d’une communication, le 7 octobre 2022, lors d’une grande conférence médicale à Milan.
Ouest-France