🇪🇺 L’Union européenne inflige des centaines de millions d’euros d’amendes à Apple et Meta, au risque de tendre ses relations avec Trump

🇪🇺 L’Union européenne inflige des centaines de millions d’euros d’amendes à Apple et Meta, au risque de tendre ses relations avec Trump

Bruxelles passe à l’offensive contre les géants américains du numérique, au nom de la concurrence et de la protection des données, tandis que Washington observe avec nervosité.

C’est un signal fort envoyé depuis Bruxelles : l’Union européenne a annoncé mercredi des sanctions financières majeures à l’encontre de Meta et Apple, dans le cadre du règlement sur les marchés numériques (DMA), entré en vigueur en 2024 pour lutter contre les abus des plateformes dominantes. Cette première application concrète du DMA intervient dans un contexte diplomatique tendu, alors que le président américain Donald Trump menace toujours l’UE de représailles douanières.

Apple et Meta dans le viseur de la Commission

La Commission européenne a infligé à Apple une amende de 500 millions d’euros pour des clauses abusives imposées via l’App Store, accusée d’entraver la liberté des développeurs d’informer les utilisateurs sur des offres concurrentes.

Meta, de son côté, devra verser 200 millions d’euros pour avoir combiné les données personnelles de ses utilisateurs (notamment entre Facebook et Instagram) sans consentement explicite, une pratique jugée contraire aux exigences du DMA.

Ces amendes, bien que significatives, restent modérées au regard des profits colossaux des deux entreprises, qui ont généré respectivement 93,7 milliards de dollars (Apple) et 62,4 milliards (Meta) de bénéfices nets en 2024. La Commission se défend toutefois de toute approche punitive excessive : “Ces montants sont proportionnés à la gravité et à la durée des infractions”, a déclaré un porte-parole.

Une offensive réglementaire à haut risque diplomatique

Si ces sanctions étaient attendues, leur timing est délicat : elles interviennent alors que Bruxelles négocie avec l’administration Trump pour obtenir la levée des droits de douane réinstaurés sur plusieurs produits européens. Donald Trump, régulièrement critique des régulations européennes envers les entreprises américaines, pourrait y voir un affront commercial.

Apple a annoncé faire appel, dénonçant une décision “injustifiée”. Meta a réagi de manière plus virulente, accusant Bruxelles de favoritisme envers les entreprises européennes et chinoises. “La Commission européenne met des bâtons dans les roues d’entreprises américaines prospères”, a fustigé Joel Kaplan, responsable des affaires publiques du groupe et ancien proche de Trump.

Des ajustements encore possibles

La Commission a toutefois laissé la porte ouverte à un dialogue, rappelant que les entreprises ont 60 jours pour se conformer à ses exigences, sous peine de sanctions journalières. Meta aurait déjà proposé une modification de son système de consentement, actuellement à l’étude par les régulateurs, ce qui pourrait aboutir à un arrangement à l’amiable.

En parallèle, une nouvelle procédure pourrait bientôt être ouverte contre Apple, soupçonné de ne pas offrir d’alternatives suffisantes à l’App Store sur iPhone, en violation des nouvelles obligations de portabilité imposées par le DMA.

Une pression croissante sur la « Big Tech »

Ces sanctions s’ajoutent à un climat judiciaire globalement défavorable aux géants du numérique. Meta est déjà attaqué par plus de 200 médias français pour des pratiques jugées déloyales dans la publicité en ligne, un dossier distinct mais révélateur de la défiance croissante envers le modèle économique des plateformes.

La DMA, tout comme son pendant sur les services numériques (DSA), vise à redonner du pouvoir aux consommateurs et aux concurrents face à des géants numériques devenus incontournables. Le bras de fer ne fait que commencer, et les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’avenir des relations entre Bruxelles, la Silicon Valley… et la Maison Blanche.