🇪🇸 Espagne : Pour prévenir les incendies, la ville de Barcelone fait appel à 290 chèvres…
Une expérimentation menée dans le parc naturel de Collserola entend mettre à profit le régime alimentaire des animaux pour débroussailler la forêt.
À Barcelone, entre avril et juillet dernier, 290 moutons et chèvres employés par la commune avaient une mission: empêcher les incendies en mangeant autant de végétation que possible. La mairie de la cité catalane a mené sur plusieurs mois une expérimentation, reposant sur l’éco-pâturage.
Cette technique entend déployer sur certains territoires à risques des herbivores. En se nourrissant, les animaux vont naturellement débroussailler le terrain, éliminant herbes sèches, branchages ou buissons qui pourraient servir de combustible si un feu se déclarait.
Un parc grand de 8000 hectares
« Nous n’inventons rien ici. Nous remettons au goût du jour une pratique qui existait auparavant et qui a disparue », a expliqué au Guardian Guillem Canaleta, membre de la fondation Pau Costa. Cette dernière avait déjà envoyé en 2016 dans la province de Gérone plusieurs animaux avec une mission similaire.
La mairie de Barcelone a décidé de déployer les animaux à quatre pattes dans le parc naturel de Collserola, qui surplombe la ville avec ses 8000 hectares de verdures. Et qui est particulièrement sensible aux feux. En moyenne, 50 incendies s’y déclenchent chaque année, rendant le rôle des chèvres et moutons qui ont travaillé d’arrache-pied cet été encore plus indispensable.
« Ce n’est pas une solution miracle. Mais ça fait partie d’un plan plus global pour rendre les terrains plus résistant aux feux » a expliqué au Guardian Julia Rouet-Leduc, chercheuse à l’université de Leipzig, en Allemagne.
Avoir recours à ces animaux peut également présenter des avantages financiers pour les villes. En Andalousie, dans le sud de l’Espagne, la technique de l’éco-pâturage est employée depuis deux décennies. Désormais, 100.000 animaux sont employés par la région, permettant d’économiser 75% de ce que coûterait le débroussaillage mécanique des terres.
Les adeptes de cette pratique avancent également que les animaux participent à la repollinisation des terres, en transportant avec eux des graines. Au final, les chèvres et moutons catalans ont nettoyé 72 hectares du parc où ils ont été envoyés.
Une technique qui se développe en France
Ailleurs dans le monde, cette technique a déjà été adoptée. En Californie notamment, au Portugal, mais également en France, de manière plus modeste.
En 2020, le ministère de l’Agriculture avait fait l’éloge d’un élevage de chèvres du Rove dans les Bouches-du-Rhône, qui « participent à la prévention contre les incendies en débroussaillant la garrigue ».
« Une chèvre, c’est la meilleure débroussailleuse écologique. Surtout la chèvre du Rove qui n’est pas difficile en matière d’alimentation. (…) Les chèvres peuvent manger tout ce qui se situe à leur hauteur, lorsqu’elles se mettent sur leurs deux pattes arrière », avait déclaré à l’époque Éric Prioré, éleveur.
Cet été, à Hyères (Var), l’association « Bêle colline » a proposé ses services à des propriétaires terriens. Équipée d’une armada de chèvres, l’association s’est déplacée de propriété en propriété pour les débroussailler naturellement. En France, les propriétaires vivant à moins de 200 mètres d’un bois ou d’une forêt ont l’obligation légale de nettoyer leur propriété.
Jules Fresard