🇪🇸 Comment les inondations en Espagne ont-elles pu causer autant de morts?
Plus de 200 morts. Malgré des conditions météorologiques extrêmes, bon nombre d’Espagnols se demandent comment les inondations qui ont frappé le sud du pays mardi dernier ont pu faire autant de victimes. Les habitants et les experts pointent trois causes principales, et en partie évitables.
C’est un fait: la région de Valence a connu des conditions météorologiques extrêmes la semaine dernière. Ainsi, en 24 heures, il est tombé 440 litres de précipitations par mètre carré. À titre de comparaison, 270 litres d’eau étaient tombés en 48 heures à certains endroits lors des inondations en Wallonie il y a trois ans. Ce n’est toutefois pas un record pour l’Espagne, qui avait vu 800 litres d’eau tomber du ciel en 24 heures en 1987.
Goutte froide
Les intempéries de la semaine dernière résultent d’un phénomène météorologique assez commun dans cette période de l’année mais qui a atteint mardi une intensité rare: la goutte froide. Il se produit lorsqu’une poche d’air très froid en provenance du pôle Nord à plus de 5.000 mètres d’altitude se détache du courant-jet polaire et rencontre de l’air chaud venant de la Méditerranée. En 1957, 80 personnes avaient perdu la vie en Espagne dans les mêmes conditions.
En d’autres termes, ce n’est ni la première fois, ni la plus extrême. Alors comment ces intempéries ont-elles pu causer autant de morts? De nombreux Espagnols pointent du doigt les autorités régionales et l’agence météorologiques AEMET. Selon eux, l’alerte aurait été donnée trop tard. Sur les réseaux sociaux, des habitants de la région touchée affirment avoir seulement reçu un message alors qu’ils étaient déjà envahis par les eaux. “Pourquoi n’ont-ils pas fermé les écoles alors qu’ils savaient que c’était dangereux. C’est un scandale”, s’insurge un sinistré.
Alertes
Mais d’autres Espagnols disent avoir été prévenus la veille. “J’habite à Barcelone et j’ai reçu lundi un avertissement indiquant que des intempéries étaient prévues dans la région de Valence”, affirme un internaute. “Les modèles informatiques prévoyaient initialement 200 à 300 millimètres et cela a été progressivement ajusté à 300 à 400 millimètres. Cela peut toujours être plus local, ce qui s’est avéré être le cas. Les alertes météorologiques étaient correctes. Dès lors, dénombrer autant de mort est inacceptable », dénonce-t-il.
L’enquête devra désormais montrer si les avertissements étaient opportuns et suffisamment clairs. Car annoncer un code jaune, orange ou rouge est une chose. Expliquer clairement ce qu’il convient de faire et quels sont les dangers en est une autre. Au moins une soixantaine de victimes sont décédées dans leur voiture, surprises par des coulées d’eau dévastatrices.
Manque d’assistance et infrastructures
Les Espagnols dénoncent également le manque d’assistance de la part des autorités, lesquelles auraient réagi trop tard et timidement. Ce n’est que lorsque des volontaires se sont rendus à pied dans les zones sinistrées pour prêter main-forte que le gouvernement a semblé se réveiller et que des soldats supplémentaires ont été envoyés sur le terrain. Mais c’était déjà trop tard, estime une bonne partie de la population.
Enfin, selon les experts, les infrastructures ont également joué un rôle prépondérant dans la catastrophe. Un pays comme l’Espagne, qui lutte depuis des années contre une sécheresse extrême, est tout simplement moins bien équipé pour faire face à de fortes pluies. La désertification des terres empêche l’eau de pénétrer dans le sol et celle-ci s’écoule donc rapidement. Les lits de nombreuses rivières sont asséchés depuis des années et sont mal ou pas entretenus. Toutes sortes de choses y poussent, des déchets y sont déversés et ils ont parfois même été en partie réaménagés en routes ou en parkings. Lorsqu’il pleut (fortement), l’eau rencontre tellement d’obstacles que les rivières débordent immédiatement de leur lit. Avec des conséquences potentiellement catastrophiques.
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