🇩🇿 Au moins 34 morts dont 10 militaires dans de violents incendies en Algérie

🇩🇿 Au moins 34 morts dont 10 militaires dans de violents incendies en Algérie

Au moins 34 personnes, dont dix militaires, ont péri dans de violents incendies survenus dans le nord-est de l’Algérie dans la nuit de dimanche à lundi et toujours en cours, selon un nouveau bilan publié par le ministère de l’Intérieur lundi soir.

Un précédent bilan faisait état de 15 morts et 26 blessés suite aux incendies qui ont touché une quinzaine de wilayas (préfectures) du nord-est du pays.

Des soldats se sont retrouvés encerclés par les flammes alors qu’ils étaient évacués de Beni Ksila, dans la préfecture de Béjaïa (est), accompagnés d’habitants de hameaux limitrophes, a indiqué pour sa part le ministère de la Défense.

En Tunisie, dans une zone frontalière de l’Algérie, près de Tabarka, au nord-ouest, des incendies ont redémarré, attisés par de fortes rafales et les températures caniculaires (photo). © AFP

En Tunisie voisine, dans la zone frontalière de Tabarka, dans le nord-ouest, de graves incendies ont repris lundi près d’une région déjà ravagée par les flammes la semaine précédente.

Une équipe de l’AFP a pu constater d’importants dégâts à la hauteur de Nefza, à 150 km à l’ouest de Tunis, où des hélicoptères et des bombardiers d’eau Canadair sont intervenus.

“Environ 300 habitants du village de Melloula ont été évacués par voie maritime” par mesure de précaution face aux fortes rafales de vent attisant les incendies, selon Houcem Eddine Jebabli, porte-parole de la garde nationale tunisienne, qui a également évoqué de nombreux départs par voie terrestre.

“Ils ont été transférés dans des centres d’accueil à Tabarka ou hébergés chez des proches”, a précisé à l’AFP Moez Triaa, porte-parole de la Protection civile.

Entre dimanche et lundi, l’Algérie a enregistré 97 départs de feux dans 16 préfectures mais les incendies les plus violents ont touché Béjaïa, Bouira et Jijel, avait indiqué le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.

Poussés par des vents très forts, ils ont atteint des zones d’habitations dans ces trois préfectures où 1.500 personnes menacées par les flammes ont été évacuées, selon le ministère.

“Numéros verts”

Des images de médias locaux montrent des champs et des zones boisées en feu, des voitures calcinées et des devantures de magasins réduites en cendre dans des villages entièrement détruits par les flammes.

L’Algérie fait face à une canicule intense dans certaines régions touchées, avec des pics de températures à 48 degrés lundi, qui contribuent à assécher la végétation, la rendant plus vulnérable aux départs de feux. En Tunisie, les températures ont atteint 49 degrés.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a adressé ses condoléances aux familles en évoquant des “victimes civiles” mais aussi “militaires”.

Quelque 8.000 agents de la protection civile et 525 camions étaient toujours à pied d’oeuvre lundi soir dans 11 wilayas, où des incendies qui ont ravagé des forêts, des maquis et des champs étaient encore en cours selon les autorités.

Des avions et hélicoptères anti-incendie affrétés récemment ainsi qu’un bombardier à grande capacité de type B.E 200 sont intervenus pour larguer de l’eau sur les feux.

Le ministère de l’Intérieur a appelé les citoyens à “éviter les zones touchées et à utiliser les numéros verts mis à disposition pour effectuer tout signalement” d’incendie.

Le procureur général de de Bejaïa a ordonné, selon un communiqué, l’ouverture d’enquêtes préliminaires pour déterminer les causes des incendies et identifier d’éventuels auteurs.

Été meurtrier

Chaque été, le nord et l’est de l’Algérie sont frappés par des feux de forêt, de maquis et de récoltes, un phénomène qui s’accentue d’année en année sous l’effet du changement climatique, entraînant sécheresses et canicules.

En août 2022, de gigantesques incendies avaient fait 37 morts dans la région d’El Tarf, dans le nord-est.

L’été 2021 avait été le plus meurtrier depuis des décennies: plus de 90 personnes avaient péri dans des feux ayant dévasté le nord, en particulier la Kabylie.

Les autorités avaient sonné la mobilisation à l’approche de l’été.

Fin avril, le président Tebboune a ordonné l’acquisition de six avions bombardiers d’eau de taille moyenne. En attendant leur arrivée, le ministère de l’Intérieur a annoncé en mai l’achat imminent d’un bombardier d’eau et la location de six autres en Amérique du sud.

Les autorités ont également procédé à l’aménagement d’aires d’atterrissage d’hélicoptères dans 10 wilayas (préfectures) et mobilisé des drones de fabrication locale pour la surveillance et la prévention des incendies.

L’Algérie avait passé commande à la Russie de quatre bombardiers d’eau, mais leur livraison a été retardée par les “répercussions de la crise en Ukraine”, après l’invasion de ce pays par la Russie.

Près de 50 degrés

Le mercure a frôlé les 50 degrés lundi en Tunisie, soit 6 à 10 degrés de plus que les normales de saison, ce qui a provoqué des coupures de courant et obligé de nombreux habitants à chercher refuge sur le littoral ou les plages, même la nuit.

En Algérie voisine, les autorités étaient aussi en alerte, avec des pics pouvant atteindre 48 degrés localement dans cinq préfectures de l’est: Jijel, Skikda, Annaba, El Tarf et Guelma, placées en “vigilance orange”.

Lundi, dans le centre-ville de Tunis, la température a grimpé jusqu’à un pic de 49 degrés à l’ombre.

Un écran de l’avenue Bourguiba, axe central de la capitale, affichait même 56 degrés au soleil à mi-journée. Rares étaient les passants rencontrés par l’AFP.

Aida Cherif, 56 ans, n’avait pas le choix: “j’ai un rendez-vous chez le médecin donc j’ai du sortir mais avec ma bouteille d’eau”, dit cette Tunisoise.

“D’habitude je fais mes courses tôt le matin (…) Ensuite, je m’enferme chez moi”, a-t-elle ajouté.

D’autres prennent la situation avec plus de flegme. Elyes Nafti, 18 ans, va aller à la plage. “On va se mettre sous un parasol et on rentrera en fin d’après-midi quand les températures baisseront. Il fait chaud dans la Médina (le centre-ville historique). Nous allons nous rafraîchir un peu, nous poser, et passer un bon moment”.

Coupures de courant

Ces températures anormalement élevées pour un mois de juillet ont provoqué des coupures de courant électrique ces derniers jours. La compagnie publique Steg a expliqué les avoir décidées pour préserver la performance du réseau. Ces délestages ont lieu pendant une demi-heure à une heure, en particulier aux heures de forte consommation.

Le 10 juillet, un record de consommation d’électricité avait été atteint à 4.692 mégawatts, à cause d’une utilisation intensive de la climatisation.

Des Tunisiens des quartiers populaires, souvent dépourvus d’air conditionné, viennent le soir dormir sous des tentes sur les plages de Carthage ou La Marsa, au nord de Tunis.

“Kanoun”

Sur les réseaux sociaux, beaucoup de Tunisiens ironisent sur le pic de chaleur attendu ce lundi, comparant la Tunisie à un “kanoun”, brasero traditionnel.

D’autres ont publié des prières pour que la vague de chaleur qui dure depuis plus de deux semaines prenne fin.

En Algérie, plongée dans une “vague de chaleur sans précédent”, le groupe énergétique public Sonelgaz a dit avoir enregistré dimanche un pic de consommation de 18.697 mégawatts. Les climatiseurs sont devenus hors de prix (plus de 500 euros contre 300 auparavant) ou introuvables.

Ailleurs au Maghreb, au Maroc et en Libye, les températures étaient plutôt conformes aux normales saisonnières.

La plage de La Marsa, dans la banlieue de Tunis, ce lundi. © AFP

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