🇨🇵 Réforme des retraites en France: le week-end du doute pour la majorité
Avant l’épreuve des motions de censure lundi 20 mars, le gouvernement doit faire face à la protestation contre l’usage du 49.3 qui se poursuit dans la rue ce week-end. Dans la majorité, c’est l’heure de l’inquiétude et du doute sur la capacité de l’exécutif à reprendre la main.
C’est exactement ce que craignait un député Renaissance qui est en train de se produire : que l’usage du 49.3 pour faire passer la réforme des retraites « allume la colère sur la brutalité de l’exercice du pouvoir ».
Comme d’autres dans la majorité, il constatait qu’en circonscription « l’idée du 49.3 ne passait pas du tout ».
Et depuis jeudi soir 16 mars, en effet, les rassemblements se multiplient dans toute la France. Les manifestations sur la place de Concorde à Paris, qui était en train de devenir un point de ralliement symbolique des protestataires, ont été interdites, signe de l’inquiétude du gouvernement face à de possibles dérapages.
Le spectre des « gilets jaunes » est toujours là… Une source syndicale explique d’ailleurs que commencent à émerger « des rassemblements spontanés de gilets jaunes fachos » et qu’on peut « partir pour six mois de samedis bordélisés ».
Des incidents contre des permanences d’élus
la plupart des rassemblements se sont tenus dans le calme, mais il y a eu quelques dérapages. La permanence parlementaire d’Eric Ciotti, à Nice, a été caillassée. Plusieurs élus disent craindre pour leur sécurité comme la députée macroniste et ancienne ministre Brigitte Klinkert. « Vous votez contre nous, on s’en souviendra ! », ont tagué des manifestants sur sa permanence du Haut-Rhin. Une enquête pour « intimidation envers un élu » a été ouverte par le parquet de Colmar. Des tags, des stickers, des poubelles renversées sur les locaux de plusieurs parlementaires hier, tous des membres de la majorité.
Ce dimanche matin, les réactions pleuvent, à gauche comme à droite. « Aucune violence ne doit être tolérée », lance Bruno le Maire, le ministre de l’Economie. Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise, dénonce une « tartuferie » : « Si vous ne voulez pas la violence, acceptez la démocratie ».
Une phrase, évidemment destinée au gouvernement et sa majorité, qui craint de plus en plus les violences. Dès jeudi, Aurore Bergé, la patronne des députés macronistes demandait une « protection pour les élus ». Un appel visiblement entendu par le ministère de l’intérieur… Puisque ce matin, le député Karl Olive s’est rendu dans les médias… sous escorte policière.
Le moment est critique et la majorité est déboussolée, comme suspendue dans l’attente d’une réaction de l’exécutif pour sortir de ce qui est devenu une crise politique…
Un ministre décrit même « une majorité traumatisée par l’ambiance du débat sur les retraites ». Les députés s’interrogent sur la capacité d’Emmanuel Macron à reprendre l’initiative politique et l’un d’entre eux estime que le président « ne doit pas procrastiner… il faut qu’il parle vite ».
RFI