🇨🇳 En Chine, l’Iran et l’Arabie saoudite conviennent de reprendre leurs relations

🇨🇳 En Chine, l’Iran et l’Arabie saoudite conviennent de reprendre leurs relations

L’Iran et l’Arabie saoudite ont convenu de rétablir leurs relations diplomatiques, a rapporté vendredi 10 mars un média iranien affilié à l’État. Un communiqué commun a été émis entre les deux poids lourds du Moyen-Orient, dont les relations étaient rompues depuis 2016. L’accord a été trouvé sous l’égide de la Chine, à Pékin.

C’est un rapprochement inattendu, et spectaculaire, entre les deux grandes puissances du Moyen-Orient. L’Arabie saoudite et l’Iran ont annoncé ce vendredi 10 mars la reprise de leurs relations diplomatiques, après sept ans de brouille.

« À la suite de pourparlers, la République islamique d’Iran et le Royaume d’Arabie saoudite ont convenu de reprendre leurs relations diplomatiques et de rouvrir les ambassades et représentations (diplomatiques) dans un délai maximum de deux mois », a indiqué l’agence Irna, citant le communiqué, également reproduit par l’agence de presse officielle saoudienne SPA.

Les deux pays ont également convenu de respecter mutuellement leur souveraineté. Le texte prévoit le retour d’ambassadeurs dans les deux pays, et une prochaine rencontre au niveau des ministres des Affaires étrangères.

La Chine, au milieu de la mêlée

L’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite avaient rompu leurs liens en 2016, après l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants dans la République islamique, à la suite de l’exécution par décapitation d’un célèbre religieux chiite saoudien, Nimr al-Nimr, par Riyad. La colère s’était propagée jusqu’en Iran, à majorité chiite, où des foules en colère avaient attaqué les représentations diplomatiques saoudiennes.

C’est finalement la Chine qui a réussi une médiation. Selon Irna, Ali Shamkhani, le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, se trouvait depuis lundi à Pékin « pour des négociations intensives avec son homologue saoudien en Chine visant à résoudre enfin les différends entre Téhéran et Riyad ».

Depuis avril 2021, l’Irak avait accueilli une série de réunions entre responsables de la sécurité des deux puissances rivales pour rapprocher les deux pays. Mais ces derniers temps, elles ne semblaient guère avancer.

Cette annonce surprise venue de Chine, accord négocié en secret, signe donc un coup d’éclat diplomatique au Moyen-Orient. Il démontre le rôle croissant de la Chine dans la région, au grand dam des États-Unis et d’Israël qui ont tout fait pour affaiblir ce pays.

Dans leur communiqué commun, l’Iran et l’Arabie saoudite tiennent à citer tout le monde, remerciant « la République d’Irak et le Sultanat d’Oman d’avoir accueilli des pourparlers entre les deux parties en 2021 et 2022, ainsi que les dirigeants et le gouvernement de la République populaire de Chine pour avoir accueilli et soutenu les pourparlers menés dans ce pays ».

Des rivaux historiques au Moyen-Orient

Officiellement, les relations avaient été rompues après l’attaque de représentations diplomatiques saoudiennes en Iran à la suite de l’exécution d’un chef religieux chiite saoudien en Arabie saoudite. La colère s’était propagée jusqu’en Iran, à majorité chiite, où des foules en colère avaient attaqué les représentations diplomatiques saoudiennes.

Mais les sujets de discorde entre Téhéran et Riyad sont nombreux. Pour l’Arabie saoudite, la principale source d’inquiétude est le programme nucléaire et balistique de Téhéran. Riyad ne veut pas d’un Iran possédant la bombe atomique et mène bataille pour une position plus ferme de la communauté internationale à l’égard de la République islamique.

Le Royaume faisait partie, avec Israël, des principaux opposants à l’accord de Vienne sur le nucléaire de la République islamique, et s’était félicité de la décision de l’administration Trump de sortir de cet accord.

Téhéran et Riyad soutiennent des parties rivales dans plusieurs conflits dans la région, notamment au Yémen. L’Iran est engagé dans la guerre qui ravage le pays aux côtés du gouvernement yéménite. Le pays est accusé de livrer des armes aux rebelles chiites. Des accusations qu’il rejette, même si des cargaisons d’armes en provenance d’Iran sont régulièrement saisies sur une route maritime vers le Yémen.

L’Arabie saoudite a repris le dialogue avec Bagdad, et s’avère tentée par un rapprochement avec Damas, qui sont donc deux proches alliés de Téhéran. Et les responsables iraniens estiment que cet accord va permettre de renforcer leur position en Syrie et au Yémen.

Il existe d’autres rivalités moins frontales, mais tout de même très fortes : au cours des dernières décennies, l’Iran a renforcé son influence au Moyen-Orient. Téhéran a une influence prépondérante en Irak et au Liban et soutient militairement et politiquement le régime en Syrie.

Les deux puissances régionales soutiennent des acteurs locaux différents au Liban, pays qui se trouve dans une impasse institutionnelle, sans président ni gouvernement de plein exercice.

Une bonne nouvelle pour l’Iran ?

L’Iran est secoué depuis septembre dernier par un mouvement de contestation. Téhéran reprochait notamment à Riyad d’alimenter la contestation à travers une chaîne de télévision en persan basée à Londres, qui est financée selon Téhéran par les Saoudiens.

En tout cas, la normalisation des relations diplomatiques avec l’Arabie saoudite va également permettre à l’Iran de faire baisser les pressions économiques sur le pays. Et ce d’autant plus que Téhéran et Pékin ont signé un accord de coopération stratégique pour une période de 25 ans.

RFI