🇧🇷 Brésil : les villes envahies par les scorpions, les piqûres explosent de 250 %

Au Brésil, la prolifération massive de scorpions dans les zones urbaines inquiète les autorités sanitaires. Plus de 1,1 million de piqûres ont été recensées en moins de dix ans, un phénomène aggravé par la destruction des écosystèmes naturels et l’adaptation étonnante de ces arthropodes aux environnements urbains.
Des villes devenues des refuges idéaux pour les scorpions
“Les villes offrent involontairement tout ce dont les scorpions ont besoin”, explique Manuela Berto Pucca, professeure adjointe à l’université d’État de São Paulo. Abris en abondance dans les murs, égouts, décombres ou chantiers, chaleur constante, et nourriture facile (cafards, insectes urbains) : le milieu urbain constitue un terrain de prolifération idéal.
Les quartiers les plus touchés sont les favelas, souvent construites sans encadrement urbanistique, où chaleur, humidité et déchets favorisent l’installation de ces invertébrés venimeux. Entre 2014 et 2023, plus de 1,1 million de piqûres ont été signalées au Brésil, selon les données analysées par Manuela Berto Pucca dans Frontiers in Public Health. Cela représente une hausse de 250 % en moins d’une décennie. En 2024, 200 000 cas ont déjà été recensés, dont 133 décès.
Des arthropodes quasi impossibles à éradiquer
Le fléau est difficile à combattre : certaines espèces de scorpions peuvent survivre plus d’un an sans se nourrir et se reproduire par parthénogenèse, c’est-à-dire sans accouplement. Ils s’adaptent aussi bien aux égouts urbains qu’aux zones dépourvues d’infrastructures sanitaires, rendant leur éradication particulièrement complexe.
“J’ai travaillé dans des endroits où les piqûres de scorpions sont une crainte quotidienne”, confie la chercheuse. Le phénomène s’étend bien au-delà du Brésil : le Paraguay, la Bolivie, le Mexique, la Guyane et le Venezuela signalent eux aussi une forte progression du nombre de piqûres.
Un risque mortel pour les plus vulnérables
Les symptômes du scorpionisme incluent douleurs, sensation de brûlure, fièvre ou nausées, et disparaissent généralement en quelques jours. Toutefois, dans environ 0,1 % des cas, la piqûre peut être mortelle, notamment pour les enfants ou les personnes immunodéprimées.
Les autorités sanitaires misent désormais sur la prévention et la sensibilisation pour limiter les risques dans les zones les plus exposées.
L’Europe est-elle à l’abri ?
Le danger pourrait-il atteindre l’Europe ? Si 35 espèces indigènes de scorpions sont recensées sur le continent (dont six en France), les piqûres y restent extrêmement rares. Toutefois, avec le réchauffement climatique, certaines régions du sud pourraient devenir plus favorables à leur prolifération. En Belgique, même s’ils ne sont pas présents naturellement, des spécimens sont parfois retrouvés dans les valises de voyageurs.