🇧🇷 Brésil: après l’assaut sur Brasilia, les dégâts mettent le pays en état de choc

🇧🇷 Brésil: après l’assaut sur Brasilia, les dégâts mettent le pays en état de choc

La police brésilienne a libéré mardi 10 janvier « pour des raisons humanitaires » un demi-millier de personnes interpellées après l’assaut de bâtiments officiels à Brasilia dimanche 8 janvier et 527 suspects ont été transférés vers une prison locale. Pendant ce temps, le nettoyage et la remise en état des trois joyaux de l’architecture moderne – le siège du Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême, signés Oscar Niemeyer – se poursuivent. 

« C’est un moment triste dans l’histoire de mon pays », explique en français Newton Tavares, fonctionnaire à la Chambre des députés depuis 28 ans. « Ils ont tout cassé, ils sont entrés par la rampe qui est là », dit-il en guidant dans le dédale de couloirs et de souterrains.

Lui-même a du mal à se repérer car depuis dimanche, des barrières et de nouveaux sens de circulation ont fleuri un peu partout. « Tout est interdit, tout est fermé, en général ce n’est pas comme ça, et il n’y a pas autant de contrôles. »

Rien qu’au Congrès, les dégâts ont été évalués à plus de 800 000 euros. Ici, le bureau du président du Sénat, le 9 janvier 2023 à Brasilia. © Eraldo Peres / AP

Newton Tavares marque un temps d’arrêt devant le salon d’honneur. Des vitres brisées, des fauteuils éventrés… Les destructions touchent un patrimoine d’une valeur inestimable, explique-t-il : « Ça nous a fait de la peine. Il y a des œuvres d’art piétinées, des toiles coupées, tout a été saccagé. Ça nous a beaucoup choqué. »

Avant la nuit, des ouvriers posent des panneaux de bois pour remplacer les vitres. Ailleurs, on balaye les morceaux de verre, on tente d’ôter des graffitis, mais le Sénat est ouvert et au travail, insiste Jean Paul Prates, sénateur du Parti des Travailleurs, le parti présidentiel : « Ces événements sont lamentables, mais il faudra survivre à ça, alors on a fait une session délibérative normale, ça a passé le message fort que les sénateurs sont au travail et que l’institution est forte. »

Rien que dans les deux chambres du Congrès, les dégâts sont évalués à près de 800 000 euros.

Jair Bolsonaro pourrait revenir au Brésil pour des raisons médicales, des élus américains demandent son expulsion de Floride

Jair Bolsonaro envisage de rentrer plus tôt que prévu au Brésil, pour consulter ses médecins. L’ex-président brésilien a été hospitalisé en Floride pour des problèmes intestinaux, conséquence de son agression au couteau lors de la campagne électorale de 2018. Le politicien d’extrême droite avait quitté son pays pour les États-Unis quelques jours avant la prise de fonctions officielle de son successeur Lula, le 1er janvier. Mais sa présence en Floride est mal vue par les démocrates américains, surtout depuis les émeutes survenues dimanche à Brasilia contre le palais présidentiel, la Cour suprême et le Congrès. Certains élus demandent à ce qu’il quitte le pays au plus vite.

La députée de l’aile gauche du parti démocrate américain Alexandria Ocasio-Cortez a été l’une des premières à réagir : « Les États-Unis doivent cesser de donner refuge à Bolsonaro », a t elle écrit sur les réseaux sociaux dès dimanche soir. « Bolsonaro doit être renvoyé au Brésil, car il a inspiré du terrorisme » dans son propre pays, a critiqué, pour sa part, un député démocrate du Texas, Joaquin Castro.

Il est vrai que la Floride, aujourd’hui gouvernée par un républicain conservateur Ron DeSantis, accueille depuis des décennies des opposants au régime cubain ou encore vénézuélien. Mais la présence de Jair Bolsonaro, vaincu lors d’une élection démocratique, met mal à l’aise l’administration démocrate de Joe Biden.

D’autant plus que juridiquement, les autorités américaines n’ont pas de raisons de l’expulser pour l’instant : Jair Bolsonaro est visiblement entré en toute légalité en Floride, et à ce jour aucun mandat d’arrêt ne pèse contre lui. Enfin, si le Brésil demandait l’extradition de l’ex-président, en raison de ses possibles liens avec les émeutes de dimanche, la procédure pourrait prendre des années avant d’aboutir.

D’abord dépassées par les émeutiers, les forces de l’ordre ont fini par reprendre le contrôle des lieux de pouvoir dans la soirée de ce dimanche 8 janvier. AP – Eraldo Peres

RFI