🇦🇫 Misère afghane: ils sédatent leurs enfants, vendent leurs filles et leurs organes pour survivre
L’Afghanistan traverse une grave crise économique. De nombreux parents n’ont plus les moyens de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants. Le taux de malnutrition a d’ailleurs explosé dans le pays. Certaines familles n’ont d’autre choix que de recourir à des solutions radicales pour survivre.
Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), en Afghanistan, le nombre d’admissions dans des hôpitaux pour cause de malnutrition infantile a bondi de 90% par rapport à 2021. “Le taux de pauvreté a augmenté, comparé à il y a quelques années”, explique le docteur Abdul Qayum Azeemi, chargé de coordonner le programme mené par le CICR à l’hôpital Indira Ghandi, à Kaboul. “La plupart des gens n’ont pas les moyens d’acheter de quoi chauffer leurs maisons, protéger leurs enfants du froid et les nourrir correctement.”
Sédater pour survivre
Aujourd’hui, les familles afghanes sont confrontées à un dilemme: se nourrir ou se chauffer. Certains parents désemparés n’ont trouvé d’autres solutions que de sédater leur progéniture. “Nos enfants ne cessent de pleurer, et ils n’arrivent pas à dormir. Nous n’avons pas de nourriture”, a confié un habitant d’un village proche de la ville de Herat, la troisième ville la plus importante d’Afghanistan, à la BBC. “Du coup, on va à la pharmacie, on achète des médicaments, et on les donne à nos enfants afin qu’ils soient calmes.”
Ces médicaments, vendus littéralement une bouchée de pain, sont de l’alprazolam, un anxiolytique d’action rapide, de l’escitalopram et de la sert.raline, deux antidépresseurs. Dans la pharmacie du village, cinq tablettes sont vendues dix afghanis, soit onze centimes d’euros, l’équivalent d’un morceau de pain. En vente libre au sein de la petite communauté, ces pilules sont toutefois dangereuses. Selon les spécialistes de la santé, donnés à des enfants en bas âge malnutris, elles peuvent causer des dommages au foie et provoquer une fatigue chronique ou encore des troubles du sommeil et du comportement.
Ils vendent leurs reins
Certains Afghans prennent des décisions plus radicales encore, à l’instar d’Ammar (nom d’emprunt). Le jeune homme d’une vingtaine d’années a vendu l’un de ses reins il y a trois mois pour survivre. “J’avais entendu que dans un hôpital de la région, il était possible de vendre son rein. J’y suis allé, leur ai dit ce que je voulais faire, et quelques semaines plus tard, j’ai reçu un coup de fil pour me faire opérer”, a-t-il expliqué au média britannique. “Ils ont fait des tests, puis m’ont sédaté. J’avais peur, mais je n’avais pas d’autres choix.” Pour son rein, Ammar a perçu 270.000 afghanis (2.900 euros). Une somme qui a majoritairement servi à rembourser ce qu’il avait dû emprunter pour nourrir sa famille.
Leurs filles mises à prix
Parfois, la vente d’organes ne suffit pas à couvrir les frais des Afghans, qui doivent trouver d’autres solutions. Une mère a expliqué à la BBC que le rein qu’elle avait vendu pour rembourser l’achat d’un troupeau de moutons n’a pas suffi. À présent, ses créanciers la somment de leur donneur sa fille de deux ans. “Je me sens honteuse. Parfois, j’ai le sentiment qu’il serait préférable de mourir plutôt que de vivre de la sorte”, lance son mari.
S’ils n’ont pas sauté le pas, d’autres parents l’ont fait. Un père de famille explique avoir vendu sa fille de cinq ans pour 100.000 afghanis (1.080 euros), soit moins de la moitié du prix d’un rein. Un autre a vendu sa fille de quatre ans à une famille du sud de la province de Kandahar pour qu’elle épouse son fils. Lorsqu’elle aura quatorze ans, elle quittera son village pour rejoindre son époux.
“L’ampleur des besoins des familles afghanes est telle que les organisations humanitaires ne peuvent y répondre à elles seules”, indique Martin Schüepp, directeur des opérations du Comité international de la Croix-Rouge. “C’est pourquoi nous demandons instamment aux États et aux organismes de développement de revenir en Afghanistan pour porter secours aux millions d’Afghans en situation de grande détresse.”
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